Sega, de mâles en pisse

par Olivier Seguret
publié le 10 janvier 2011 à 0h00
(mis à jour le 11 janvier 2011 à 13h40)

Tandis que nous digérions à la fois les banquets de la Saint-Sylvestre et les chiffres de vente cyclopéens annoncés par Microsoft pour son Kinect (8 millions d’exemplaires écoulés aux Etats-Unis), nous prenions connaissance de cette formidable nouvelle en provenance du Japon : le lancement par Sega d’une gamme de jeux appelés Toylet. Installés à titre expérimental dans les toilettes pour hommes de quatre stations de métro de Tokyo, les jeux Toylet consistent en un petit écran LCD placé au-dessus des urinoirs et qui proposent diverses épreuves jouables… au jet de pisse.

Quatre minijeux sont disponibles, qui utilisent le même capteur de pression placé dans l'urinoir. Il y a Mannekin Piss, qui mesure simplement la force du jet dont le joueur est capable. Il y a Graffiti Eraser, qui propose d'effacer des motifs peints en arrosant l'urinoir dans diverses directions. Il y a encore The Northern Wind, qui transpose le jet en un vent propice à soulever la jupe d'une fille. Et il y a enfin le compétitif Battle ! Milk From Nose, qui compare votre performance à celle du dernier utilisateur à avoir utilisé l'urinoir…

Il faut mettre tout de suite en évidence le défaut majeur de l’improbable trouvaille de Sega : son sexisme, puisque la gamme Toylet s’adresse exclusivement aux joueurs mâles, dont certains, il est vrai, ont pris depuis l’enfance la charmante habitude de petits jeux divers, façon «J’écris ton nom dans la neige ou dans le sable», pratique ancestrale qui semble avoir inspiré les créatifs de la maison Sega. A ce propos, le simple fait d’imaginer les conditions de développement et de testing ayant conduit à l’élaboration de la gamme Toylet laisse rêveur… Comment ne pas s’interroger, par ailleurs, sur l’avantage compétitif dont la nature dote arbitrairement tel ou tel et qui brouille fatalement les statistiques, depuis la longueur de la lance jusqu’au volume de la vessie ? Une fois passés les stades de la stupéfaction et du rire gras, l’avènement des jeux Toylet n’en pose pas moins une foule de questions, dont la moindre n’est pas : après avoir appris, grâce à Kinect, à jouer sans manette, le temps est-il venu d’apprendre à jouer avec la bite ?

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