Séisme au Japon : le web réplique

par Camille Gévaudan
publié le 11 mars 2011 à 16h20
(mis à jour le 11 mars 2011 à 16h35)

A 5h46 ce matin -- heure universelle --, la terre a tremblé dans la région de Tōhoku au Japon. Psychologiquement préparés à l'éventualité d'un séisme depuis leur enfance, de nombreux Japonais, loin de paniquer, ont troqué les consignes officielles de se mettre à l'abri sous une table contre le réflexe de sortir leur téléphone mobile de la poche pour filmer les secousses en direct. Presque immédiatement, des centaines de témoignages vidéo ont déferlé sur YouTube.

A l'heure de Twitter et dans ce pays ultra-connecté qu'est le Japon, les informations sur la catastrophe naturelle circulent sur Internet en temps réel depuis ce matin. Le partage des tâches s'est fait naturellement : tandis que les chaînes de télévisions filment le tsunami, vu du ciel, les habitants dégainent leur portable pour donner des nouvelles à leurs proches (via les réseaux sociaux Facebook et Mixi, très populaire au Japon) et partager leur ressenti «de l'intérieur» via messages textuels et vidéos. Les sources amateurs sont repérées, reprises et regroupées par les médias qui leur donnent une grande visibilité. De nombreux sites d'information occidentaux constituent ainsi des «listes» d'utilisateurs anglophones de Twitter dont ils fournissent l'adresse à leurs lecteurs. Voir celles de Global Voices , CBS News , Libération

... Les anglophones ont globalement adopté le mot-clé ( hashtag ) #jpquake pour signer leurs tweets sur la catastrophe.

Comme il l'avait déjà fait l'an dernier lors du séisme à Haïti ou des inondations au Pakistan, Google a très vite lancé une petite application en ligne pour faciliter la mise en relation des personnes dans la région frappée par le séisme. Facilement accessible via un mobile, c'est un petit moteur de recherche épluchant à la demande les noms et prénoms de 4500 personnes déjà enregistrées. Certaines d'entre elles sont recherchées par leur proches, tandis que d'autres créent leur propre fiche pour signaler qu'elles sont saines et sauves, ou blessées, à qui rechercherait leur nom.

De son côté, l'informaticien tokyoïte Shu Sigashi a mis en place une plateforme de crise chargée de géolocaliser sur la carte du Japon toutes les informations pratiques lui arrivant en temps réel : fermeture des lignes de métro, mise en place de centre d'accueil... Shu Sigashi est un membre actif de la communuaté OpenStreetMap , sorte de Wikipédia de la cartographie, et publie donc sa carte de crise sous licence libre, autorisant quiconque à la réutiliser, la modifier et la redistribuer à condition de citer la source.

La communauté des internautes libristes est toujours très prompte à se mobiliser. Sur Wikipédia en japonais, quelques minutes à peine se sont écoulées entre la première secousse et la création de l'article sur l'événement. La page a été traduite dans l'heure par des internautes bénévoles étrangers, et elle est actuellement lisible dans une cinquantaine de langues. Ses versions anglophone et francophone sont déjà très complètes : outre une description minutieuse des événements, sourcée avec de nombreux articles de presse, elle comporte déjà plusieurs cartes et photographies que leurs propriétaires respectifs ont voulu mettre en ligne sous une licence libre, afin d'encourager leur diffusion à large échelle.

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