Si Hadopi n'est pas représenté, Christine Albanel partira

La ministre a déclaré hier qu'elle démissionnera si la loi Création et Internet n'est pas représentée au 28 avril à l'Assemblée nationale.
par Astrid GIRARDEAU
publié le 11 avril 2009 à 9h25
(mis à jour le 11 avril 2009 à 14h51)

«J'y crois. Je représenterai ce texte le 28 avril et si je ne devais pas le faire, évidemment je partirai , a déclaré hier Christine Albanel. C'est depuis le début une affaire personnelle» . La ministre de la Culture était l'invitée hier soir du Talk Orange-Le Figaro , pour réagir au rejet, ce jeudi, de la loi Création et Internet par l'Assemblée nationale .

«On avait fait 99% du trajet, il restait 1%»

_ La ministre de la Culture s'est tout d'abord dit «consternée» par ce qui s'est passé dans l'hémicycle. « C'était au fond la dernière formalité. On avait fait 99% du trajet, il restait 1%» et de déplorer «une manoeuvre de dernière minute» des députés socialistes cachés derrière les rideaux . Elle reconnaît cependant qu'il n'y avait pas assez de députés UMP présents.

«Ca n'est pas un projet de loi qui faisait du 100%»

_ Le journaliste, Guillaume Tabard, lui demande alors si, comme pour les OGM, il ne s'agit pas d'abord d'un problème politique. Et si de nombreux parlementaires de la majorité se sont forcés à venir ou n'ont simplement pas voulu venir voter. «Il y a eu des députés UMP qui étaient en désaccord (...) Ca n'est pas un projet de loi qui faisait du 100%» , reconnaît la ministre. (C'est d'ailleurs la raison pour laquelle, selon le député UMP Lionel Tardy , il n'y a pas eu de vote solennel). «Mais non» il s'agit avant tout, selon la ministre, de circonstances: le sentiment pour les députés «que ça y était, que la loi était déjà votée» , mais «aussi peut-être le jeudi, veille du week-end pascal...»

«La licence globale est tout à fait impossible»

_ Pourquoi pas la licence globale ? «Car le principe a été rejeté depuis le début par tous les acteurs. D'abord, il est injuste parce que tout le monde paye alors qu'on sait qu'il n'y a que 30% de gens qui téléchargent légalement au maximum , a expliqué la ministre. Et deuxièmement, c'est impossible de rémunérer, de repérer tous les ayants-droit et de les rémunérer sur une très très grande échelle. Donc on sait que c'est tout à fait impossible, c'est pour ça qu'elle a été écartée depuis le début et qu'on s'est tourné vers un système pédagogique qu'on espère dissuassif.»

«Le Président de la République tient à cette loi»

_ «Le Président de la République tient à cette loi» a rappelé Christine Albanel, rejetant un possible report du texte à la demande de Nicolas Sarkozy ou du premier ministre. Et à propos du mouvement grandissant contre le texte ? «Il peut y avoir des mobilisations contre, mais il y a aura aussi des mobilisations pour cette loi des artistes et de tout ceux qui sont avec nous» , a soutenu la ministre. On se souvient qu'en réaction à la lettre ouverte publiée mardi dans Libération , elle déclarait le lendemain dans l'hémicyle: «je regrette qu'une poignée d'artistes, que nous aimons, se soient laissés entraîner» .

Des dix minutes du Talk , deux éléments ressortent. D'une part, la sérénité et le sourire affichés par la ministre, malgré l'ambiance qui règne depuis jeudi à l'UMP . De l'autre, l'utilisation à plusieurs reprises de l'imparfait. La ministre se reprenant parfois au dernier moment : «Ce projet c'était vraiment, c'est, l'idée de porter une pédagogie et ce n'était qu'après que...»

Rendez-vous donc au 28 avril.

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