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Si vous n'acceptez pas l'utilisation de vos données personnelles à des fins publicitaires, cliquez ici

par Astrid GIRARDEAU
publié le 20 mars 2008 à 16h09
(mis à jour le 20 mars 2008 à 16h10)

Alors que la semaine dernière une étude rapportait qu'à eux seuls Yahoo, Google, Microsoft, AOL et MySpace ont enregistré au moins 336 milliards de transmissions de données rien qu'au mois de décembre 2007, un parlementaire de l'Etat de New York, le démocrate Richard L. Brodsky, souhaite faire voter une loi pour limiter l'utilisation de ces données.

«Est-ce que ces sociétés devraient pouvoir vendre ou utiliser des données privées sans autorisation? La réponse est : absolument pas» , explique le parlementaire d'Albany au New York Times . Il raconte aussi avoir pris conscience de la situation auprès d'activistes lors de l'annonce du rachat de DoubleClick par Google en avril dernier. Il a donc rédigé un projet de loi qui ferait d'un délit -- passible d'une amende à déterminer -- l'utilisation par certaines sociétés des renseignements personnels à des fins publicitaires sans le consentement des consommateurs. L'objectif est d'obliger ces sites (Yahoo, Google, Microsoft, etc.) à permettre au consommateur de refuser la publicité basée sur son historique de navigation. Le consommateur devra donner son autorisation explicite pour que les sociétés puissent lier son historique de navigation à ses données personnelles.

L'idée est de faire prendre à cette loi locale une envergure nationale, voire internationale. En effet, par le simple fait d'avoir à se conformer à des règles pour les habitants de l'Etat de New York, ces sociétés seraient obligées de les adapter de manière globale. Un projet de loi similaire est également en cours dans l'état du Connecticut.

Microsoft se dit favorable à des législations sur la vie privée en ligne et sur les pratiques publicitaires. Brodsky rapporte que la société de Redmond lui a assuré qu'elle appuierait

une telle loi. Par contre, elle a demandé d'élargir le projet de loi pour y inclure toutes les sociétés qui diffusent des publicités sur Internet, et pas seulement celles qui utilisent les données de navigation des internautes. Une façon de s'assurer que la loi concerne Google, selon le New York Times .

De son côté, Yahoo semble s'opposer à toute sorte de régulation. «Le ciblage publicitaire comportemental n'a montré aucun danger, cette précipitation à règlementer Internet est donc vraiment inutile» , a indiqué Mike Zaneis, vice président des questions de vie privé à Interactive Advertising Bureau, qui représente notamment Google et Yahoo. Selon lui, ce projet de loi risque au contraire de porter atteinte au modèle économique du web. D'autres dirigeants d'entreprise estiment qu'Internet évolue trop vite pour être légiféré. «Si vous prenez une photo de ce que devrait être la norme aujourd'hui, ça ne sera sans doute pas une solution viable et durable» , a ainsi déclaré Trevor J. Hughes, directeur général de la Network Advertising Initiative, un groupe de réseaux de publicité en ligne.

«En fin de compte, je n'ai pas d'objection philosophique à ce ciblage, si c'est fait avec une permission, conclue de son côté Brodsky, qui espère faire passer la loi au printemps. Mais il est clair que pour le moment les gens ne comprennent pas ce qu'ils donnent.»

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