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Slate : l’Afrique, c’est clic

par Sabine Cessou
publié le 7 mars 2011 à 9h02

Un nouveau site d'information sur Internet entièrement consacré à l'Afrique va être lancé officiellement lundi à Dakar, au Sénégal. Slate Afrique est la nouvelle branche de Slate.fr, le site fondé le 10 février 2009 par l'ex-directeur du Monde , Jean-Marie Colombani, avec d'anciens journalistes du quotidien et Jacques Attali, économiste, écrivain et ancien haut fonctionnaire. Slate.fr, petite sœur française du site américain Slate.com, lancé en 1996 et détenu par le Washington Post , planche aussi sur un projet de site sur l'Europe. Mais c'est Slate Afrique qui a vu le jour en premier, actif depuis la fin janvier et porté par une actualité bouillonnante -- Tunisie, Égypte et Libye.

«L'Afrique est un continent qui bouge plus vite qu'on ne le croit et dont on n'a pas forcément la bonne image» , explique Colombani, qui est né à Dakar et garde un intérêt particulier pour l'Afrique francophone. Le concept de Slate Afrique est le même que celui de ses parents, Slate.com et Slate.fr : être complémentaire aux supports d'information quotidienne, prendre de la distance et répondre à un besoin d'analyse. «Il y aura à la rédaction de Slate Afrique ce mélange de cultures qui nous caractérise, avec des journalistes très expérimentés et des jeunes qui sont depuis toujours dans le bain internet» , affirme Colombani.

La rédaction en chef a été confiée à Pierre Cherruau, responsable ces treize dernières années des pages Afrique de Courrier international . Sa mission : parvenir à 800 000 vues uniques par mois d'ici à la fin de l'année. Rien d'impossible a priori, puisque le site a totalisé 300 000 vues uniques au cours de son premier mois d'existence. «Notre ligne éditoriale , explique Pierre Cherruau, consistera à ne pas en avoir, justement. Nous voulons donner de la place à des gens comme Venance Konan, un journaliste ivoirien qui a des choses à dire.» Pas question de s'enfermer dans des bureaux à Paris ou dans des idéologies, qu'elles relèvent de l'afro-pessimisme ou de la lamentation anti-occidentale, toujours prête à imputer à l'ancien colonisateur la responsabilité de tous les fléaux du continent noir. Slate Afrique, qui projette d'avoir des bureaux à Dakar et à Nairobi, se veut un «média ouvert» , avec 90% d'articles écrits par des Africains. L'auteur congolais Alain Mabanckou, installé aux Etats-Unis, tiendra notamment une chronique.

Un large public est visé : africanistes, amoureux de l'Afrique, mais aussi la diaspora de France, du Canada et des Etats-Unis. Et, surtout, l'immense et nouvelle audience que représentent les Africains francophones, qui passent un temps considérable à se connecter dans les cybercafés d'Abidjan, Lomé, Conakry ou Ouagadougou. L'ambition de Slate Afrique consiste aussi à faire comprendre les sociétés d'Afrique aux Africains eux-mêmes, «un Sénégalais ne sachant pas forcément comment vit un Sud-Africain ou un Kényan» , rappelle Pierre Cherruau.

Paru dans Libération du 4 mars 2011

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