Hadopi, tous les prix du SOS

par Andréa Fradin
publié le 14 septembre 2010 à 12h43
(mis à jour le 15 octobre 2010 à 17h11)

Les contours de SOS Hadopi se précisent. «Site d'assistance juridique et technique» dont le lancement le 15 septembre prochain avait été annoncé il y a quelques jours , provoquant une réaction vive et immédiate de la Haute autorité visée, SOS Hadopi a été officiellement présenté hier à Paris, devant un parterre de journalistes spécialisés.

Fondé dans un même refus du mécanisme préconisé par la loi Création et Internet, qualifié de «petite machine de guerre» , SOS Hadopi souhaite «assister et aider les gens à faire valoir leurs droits» sans que ceux-ci n'aient à installer un logiciel de sécurisation, indique Renaud Veeckman, l'un des fondateurs du site. Bien qu'aucun moyen de sécuriser sa ligne Internet n'a pour le moment reçu de labellisation officielle, l'installation d'un logiciel scannant et enregistrant l'activité d'un poste semble en effet inévitable pour les cofondateurs de SOS Hadopi.

Comme prévu, ce service se décline en deux offres. La première, gratuite, consiste en une «lettre d'information» comportant des indications d'ordre général sur les mécanismes de la Haute Autorité. Elle pourra par exemple proposer des réponses-types aux mails d'avertissement, ou se référer «aux sites qui font un travail de sensibilisation» en la matière, a déclaré Jérôme Bourreau Guggenheim, également à l'origine de initiative. Le second volet de l'offre, sujet à de nombreuses critiques, est un «abonnement annuel» , dont le montant varie selon le public visé. Pour les particuliers, le forfait est fixé à «18 euros TTC par an» , quand il va de 15 (pour un utilisateur) à 165 euros (pour cinquante bénéficiaires) pour les entreprises de moins de cinquante salariés.

Concrètement, l'offre payante de SOS Hadopi propose à l'internaute lambda «un réseau d'avocats à [son] service dès le premier mail ou avant, et une prise en charge personnelle (selon le type de box utilisée, ses usages ou la conscience d'avoir commis quelque chose d'illégal) qui aide à la préparation d'une réponse» . «Si la procédure va plus loin que le premier mail , poursuit Jérôme Bourreau Guggenheim,

l'internaute se verra soumettre une liste d'avocats capables de défendre ses droits face à la CPD» . C'est en effet devant cette même CPD, ou «Commission de protection des droits», en charge de l'application de la riposte graduée, que l'internaute pourra plaider son innocence, avant d'atterrir devant une juridiction pénale, et sortir alors du cadre de l'assistance proposée par SOS Hadopi.

Du côté des entreprises, une souscription au forfait aide à «la mise en place d'un plan de protection et d'une charte d'utilisation d'Internet» , deux modalités exigées par la loi.

Critiqués pour vouloir fonder un business sur les méandres complexes du mécanisme de la Hadopi, les créateurs de SOS Hadopi répliquent par la voix de Jérôme Bourreau Guggenheim, expliquant que «le service personnalisé aux internautes demandent du temps et au minimum trois à quatre salariés dès le départ» . L'ancien employé de TF1, remercié après avoir critiqué la loi Création et Internet, en profite pour allonger une estocade aux ayants droit, déclarant que le chiffre d'affaire de SOS Hadopi «n'aura rien à voir avec celui des majors» .

L'équipe du site a également profité de l'occasion pour répondre au communiqué incendiaire de la Hadopi, paru deux jours seulement après l'annonce du lancement du site, et qui déclarait qu'il n'y avait « aucune obligation d'installation par les internautes d'un logiciel particulier pour prouver leur innocence » . «Qu'ils aillent chercher Michel Riguidel ndlr: auteur d'un [document spécifiant les moyens de sécurisation qui a fuité cet été ] et qu'ils s'en réfèrent aux pages 8 et 9 qu'il a écrites: l'incitation est tellement forte qu'elle devient une obligation» , argue Valéry Dury, l'un des avocats qui soutient l'initiative.

Le départ des premiers mails, qui se fait toujours attendre, devrait être enclenché dans les derniers jours du mois de septembre. Les représentants de SOS Hadopi se disent «impatients» d'en lire le libellé, pour mieux pouvoir préparer la défense des internautes face à cette loi jugée «inapplicable» et «complètement stupide» .

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