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Libération

Soupe à la grimace pour l’UMP

Télé sans pub. Les sénateurs de la majorité grondent à leur tour.
par Raphaël GARRIGOS et Isabelle ROBERTS
publié le 9 janvier 2009 à 6h52
(mis à jour le 9 janvier 2009 à 6h52)

On s'énerve, à l'UMP. On s'agace d'entendre pis que pendre sur la loi audiovisuelle et, surtout, on s'inquiète. Et si, à force d'alliés politiques tels que les centristes passant, sinon l'arme à gauche, du moins rejoignant les vues de l'opposition, la loi finissait en eau de boudin ? Bonjour la déconfiture : Nicolas Sarkozy mangeant le chapeau de sa «révolution», France Télévisions rétablissant la pub deux semaines après l'avoir supprimée…

Car, hier encore, ça a maugréé sévère au Sénat, où s'examine la loi. C'est la mise en place à la hussarde de la suppression de la pub avant même qu'elle soit examinée par les sénateurs qui fâche. «Inconvenant», pour le radical Jean-Pierre Plancade. Mais «l'humiliation» a gagné tous les rangs. Ceux du centre, où Catherine Morin-Dessailly parle de son «immense frustration», et même ceux de l'UMP. Ainsi, l'ancien Premier ministre, Jean-Pierre Raffarin : «Ce qui est assez désagréable, c'est que c'est ou le vote, ou la crise, puisque la décision est prise.» Mieux encore, le sénateur UMP de l'Eure Ladislas de Poniatowski : «J'ai le sentiment d'être pris pour un zozo ou pour le dindon de la farce !»

Du coup, les sièges - qui ont pourtant l’air bien confortables - de l’UMP au Sénat restent vides. Ce qui, selon le règlement du palais du Luxembourg, oblige les rares représentants du parti sarkozyste à réclamer, à chaque motion de gauche pour mettre un terme à la loi, un scrutin public, une procédure qui lui assure quasiment mécaniquement une majorité : le président de groupe détient, en effet, l’ensemble des voix des absents et vote pour eux à moins d’une consigne expresse contraire.

Malaise chez les sénateurs UMP, donc, que François Fillon tente de remotiver lors des questions au gouvernement : «Personne ne pensera un instant que les libertés publiques sont menacées, lance le Premier ministre. Je suis prêt à prendre les paris, personne ne remettra jamais en cause la suppression de la publicité à France Télévisions.» Et le porte-parole de l'UMP, Frédéric Lefebvre, de s'essayer au service après-vente de la loi pas encore votée : «Les faits le démontrent, le nombre de spots diffusés par TF1ces deux premiers jours sans pub a baissé de 19 %» par rapport à l'année dernière. En clair, la suppression de la réclame ne favorise pas TF1, juge-t-il hâtivement, oubliant la récession publicitaire passée par là depuis.

A gauche, le sénateur socialiste Jean-Pierre Bel espère profiter du trouble à droite et au centre pour «faire bouger les lignes». Le mouvement est pour l'instant à peine perceptible. Ainsi, au sujet de la nomination du PDG de France Télévisions par le Président de la République, un amendement cache-sexe a été adopté : les commissions du Parlement, qui doivent donner un avis sur cette nomination, pourront auditionner publiquement le candidat choisi par l'Elysée. Et donc évaluer si le bonhomme est un vrai professionnel de la télévision ou un simple pantin de Nicolas Sarkozy.

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