Spotify passe au mobile, mais il faut passer à la caisse

Depuis ce matin, l'application mobile pour iPhone et Android du service Spotify est disponible.
par Alexandre Hervaud
publié le 7 septembre 2009 à 15h29
(mis à jour le 7 septembre 2009 à 15h40)

«Big day today !» . En trois mots postés sur Twitter , l'équipe de Spotify a résumé ce matin l'excitation -- plus ou moins compréhensible, comme on va le voir-- déclenchée par la mise en ligne aujourd'hui sur l'AppStore de son application mobile pour iPhone (également disponible pour Androïd). Depuis la mise en ligne de vidéos démo il y a plusieurs mois , l'arrivée sur mobile de ce logiciel gratuit d'écoute de musique était attendue avec impatience par ses utilisateurs «premium». L'application est en effet pour l'instant réservée aux membres déboursant 9,99€ par mois pour profiter du logiciel avec une qualité de son accrue et zéro pub.

Officiellement confiné au marché européen (six pays uniquement dont la France, pour un total de plus de 5 millions d'utilisateurs) malgré son arrivée prochaine sur le territoire américain, Spotify a vu son application validée fin août par Apple, une quasi-surprise tant les premières rumeurs faisaient état d'un véritable «iTunes-killer» , comme annoncé ici-même , bien que la qualification soit clairement à relativiser. Pourtant, après un rapide test de l'application, les principales qualités du service (temps de chargement très bref en 3G, possibilité d'accéder à ses playlists en mode offline, sous réserve de les avoir préalablement téléchargées via WiFi) arriveraient presque à faire oublier ses défauts.

Le principal d'entre eux, suprême tue-l'amour, est l'impossibilité de pouvoir faire tourner l'application en tâche de fond. Imaginons que vous écoutez par exemple cette délicieuse chanson du regretté Sim avec l'application mobile Spotify. Si l'envie vous prend de consulter vos mails ou de regarder un plan via Google Maps sur l'iPhone, vous serez obligés de quitter l'application et la musique se coupera automatiquement (même si, en la relançant plus tard, le morceau reprendra exactement au moment de son arrêt). Rien que pour ça, difficile de parler pour l'instant d'un «iTunes-killer».

Captures de Spotify sur iPhone. A gauche, une playlist. A droite, en mode écoute. - DR

Reste la question du coût. Les utilisateurs, fortement majoritaires, de la version gratuite du service seront-ils prêts à débourser 9,99€ par mois (soit moins cher qu'un album neuf non soldé) pour avoir accès à une discographie certes bien fournie, mais non exhaustive ? Daniel Ek, fondateur et PDG de Spotify, semble être confiant , et voit même dans son service une possible planche de salut pour l'industrie musicale moribonde : «je vois ça comme une solution gagnant-gagnant puisqu'on parle ici de musique pré-payée, ce qui ne peut être qu'une bonne chose» .

Un optimisme a priori partagé par l'industrie musicale, puisque fin août dernier, The Telegraph rapportait la déclaration suivante d'une figure de l'industrie : «si le nombre d'utilisateurs de Spotify et leurs rentrées publicitaires continuent d'augmenter à leur rythme actuel, l'industrie musicale peut s'attendre à de très significatives rentrées d'argent d'ici environ 6 mois» . Une prédiction d'autant plus crédible que les principales majors du disque ont des parts dans la société Spotify (qui, comment et combien, l'information est tenue secrète). En plus de l'argent versé aux labels pour chaque piste écoutée, les maisons de disques sont également soupçonnés de recevoir un certain pourcentage des 9,99€ versés à Spotify pour passer en premium, toujours d'après The Telegraph .

En attendant, si iTunes reste pour l'instant la principale source de revenus numériques outre-Manche pour l'industrie musicale, Spotify a d'ores et déjà dépassé le logiciel d'Apple dans sa Suède natale. Plutôt pas mal pour un service qui fêtera son premier anniversaire en octobre prochain.

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