«Star Wars» sabre «World of Warcraft»

par Erwan Cario
publié le 11 janvier 2012 à 14h18
(mis à jour le 11 janvier 2012 à 14h42)

Il faut se décider, choisir son identité. Ce n’est pas un acte anodin, car c’est sous cette forme, cet alter ego, que nous allons débarquer dans un nouveau monde, que nous allons nous présenter aux autres habitants. Heureusement, cet univers ne nous est pas inconnu, et la mythologie locale fait partie depuis quelques décennies de la culture populaire. République ou Empire ? Guerrier sith, chevalier jedi, contrebandier ou chasseur de primes ? Humain, Twi’lek (et leurs deux tentacules au sommet du crâne) ou Zabrak cornu ? Après de longues minutes à naviguer entre les différentes possibilités (bien plus nombreuses que celles citées), choisir entre homme ou femme semble in fine mineur, presque sans importance.

Ça y est, nous sommes prêts à parcourir l'univers de Star Wars : The Old Republic , jeu massivement multijoueur et pharaonique édité par Electronic Arts et développé par le studio mythique BioWare, le premier depuis des lustres à avoir une chance de détrôner WoW , alias World of Warcraft ( lire ci-contre ).

Il y a bien longtemps, dans une galaxie lointaine, très lointaine… Bixel est un Twi’lek grand et massif au teint rouge. Il arrive sur la planète Tython, berceau de la Force et de l’Ordre jedi. Sa tenue, une longue toge, rappelle à juste titre le célèbre Obi-Wan Kenobi. Sa sensibilité à la Force l’a en effet poussé vers la voie de jedi consulaire (pour le joueur, la possibilité de se battre avec un sabre laser à deux lames fut tout aussi déterminante). Bixel est attendu. C’est un jeune padawan (étudiant, dans le lexique local) très prometteur qui pourrait devenir un des plus grands ambassadeurs de la Force de la galaxie. En suivant les instructions de son maître, Yuon, il va parcourir cette région verdoyante, explorer d’anciennes ruines tout en combattant droïdes et créatures sauvages. Mais ce n’est que le début. Après avoir récupéré un des tout premiers sabres laser, son destin va l’amener à visiter d’autres planètes pour participer à la lutte contre l’Empire.

Star Wars : The Old Republic ( Swtor , ou Tor , plus simple à prononcer) est un univers persistant qui abrite des milliers de joueurs simultanément. Lorsque le joueur débarque sur Tython, ou une autre des quatre planètes de départ, d'autres sont là. Ils vivent, parfois en groupe mais le plus souvent seuls, leur propre aventure. C'est un choix fort de BioWare : pour avoir une chance de terrasser le géant World of Warcraft , les développeurs canadiens ont choisi de s'appuyer sur leur savoir-faire le plus reconnu : la narration. Chaque joueur va donc s'embarquer dans une grande épopée, et qu'importe si les personnages qu'il croise vivent exactement la même. Ce sabre laser supposé unique sera donc partagé par tous les jedis consulaires. Mais pas grave, on s'en accommode. Car deux jeux cohabitent dans Swtor : une très longue épopée solitaire (il en existe huit différentes) et un macrocosme multijoueurs.

Les moyens consacrés à la première sont démesurés : doublage (en trois langues, dont le français) de tous les dialogues, mise en scène spécifique de tous les moments clés, missions innombrables et scénaristiquement travaillées, rebondissements et fulgurances mémorables. Et cet environnement couplé au moteur addictif le plus intense du genre, à savoir la montée en puissance progressive grâce aux points d’expérience gagnés lors des combats ou des quêtes, est sans pitié. On s’embarque donc pour des dizaines (des centaines ?) d’heures de jeu qui défilent sans qu’on puisse vraiment les compter.

Pour l'aspect communautaire, le mécanisme proposé par Swtor est huilé et efficace. Et pour cause, il s'agit d'une repompe complète et méticuleuse des principes de World of Warcraft , que ce dernier était déjà allé piocher chez tous ses prédécesseurs ( Ultima Online, Everquest, Dark Age of Camelot , etc.). Bref, rien ne bouge vraiment au pays des MMORPG (massively multiplayer online role playing games, «jeux de rôle massivement multijoueurs»). On va même retrouver l'incontournable stratégie d'attaque en groupe basée sur trois archétypes : tank, soins et dégâts. Le premier doit attirer et retenir l'attention des monstres et prendre tous les coups, tandis que le deuxième s'attache à le maintenir en vie en le soignant, et que le troisième se charge d'affaiblir et d'achever les opposants. Classique, mais diablement efficace.

Mais ce qui séduira sans aucun doute les joueurs reste la transposition brillante de l'univers Star Wars , qui se déroule 3500 ans avant les deux trilogies cinématographiques. Et beaucoup ne rêvent que de répondre à l'appel du sabre laser qu'on dégaine et qui jaillit. Brrzzzzzong.

Paru dans Libération du 10 janvier 2012

Star Wars: The Old Republic

_ Pour PC, Electronic Arts

_ 55 euros (abonnement : 12,99 euros par mois)

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