Streaming: Boinc fait boum

par Sophian Fanen
publié le 3 janvier 2012 à 11h12
(mis à jour le 3 janvier 2012 à 11h14)

Premier mort numérique de 2012, Boinc , le service de streaming musical sur lequel News Corporation a misé 9,2 millions de dollars (7,1 millions d'euros), n'aura même pas eu le temps d'exister. C'est moche, et c'est surtout le second échec consécutif de la firme de Rupert Murdoch dans le monde de la musique en ligne après le crash de MySpace, acheté en 2005 pour 580 millions de dollars (448,5 millions d'euros) et bazardé pendant l'été 2010 pour 35 millions (27,1 millions d'euros).

Beyond Oblivion, l'entreprise qui avait lancé le projet en 2010, a annoncé le 30 décembre abandonner le développement de Boinc en mettant en avant des «difficultés à coordonner la diversité de l'écosystème de l'industrie musicale» . En gros, Beyond a échoué à rassembler derrière lui les grands acteurs du secteurs, notamment les majors du disque et les éditeurs, avec qui les négociations n'ont jamais dépassé le stade du «très avancé», annoncé en mars 2011 .

Boinc aura tout de même levé 87 millions de dollars ces deux dernières années à partir d'un concept jusqu'ici écarté par ses concurrents dans le streaming musical, notamment Deezer et Spotify. «Boinc offrira à ses utilisateurs un accès à toute la musique sans abonnement, publicité ou paiement au téléchargement. Ceci en nous assurant que les artistes soient correctement payés», promettait ainsi Adam Kidron, le fondateur de Boinc. Le service prévoyait aussi de clearer votre propre librairie comme iTunes Match , mettant ainsi disposition en permanence tout titre qui trouve sa correspondance dans sa base musicale, peu importe la légalité du fichier à l'origine.

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Et tout ça avec quel argent? L'astuce du business model de Boinc consistait à tirer des revenus de partenariats signés avec des constructeurs de matériel (PC, tablettes, téléphones...) embarquant le logiciel. Boinc aurait également été disponible en application téléchargeable, mais là aussi définitivement liée à une unique machine. Pas idéal légalement, car cela aurait amené les acheteurs à repayer pour Boinc à chaque nouvelle machine, même sans avoir l'usage du logiciel.

L'entreprise promettait malgré tout que «70% de ses revenus» seraient reversés aux ayants droit, mais n'a jamais annoncé avoir scellé de partenariat solide avec de grands noms du matériel informatique ou des téléphones. Prévu en 2011 puis repoussé à plusieurs reprises, le lancement de Boinc n'aura donc jamais lieu, et le modèle qu'il proposait confirme sa fragilité, après l'échec de Nokia Comes with Music , qui n'a pas trouvé beaucoup de relais chez les opérateurs.

Le paysage de la musique en ligne reste donc figé en ce début d'année, avec d'un côté des géants du streaming (Spotify, Deezer, Pandora, Rdio, MOG et le pirate Grooveshark) et de l'autre les variations sorties du cloud (Google Music, iTunes Match, Amazon Cloud drive). Seul nouveau venu ces derniers temps, Rara , basé à Londres, ne semble pas avoir les reins assez solides pour survivre à ce combat de monstres.

Pas beau, pas pratique, jamais impressionnant dans ses propositions, Rara annonce tout de même 10 millions de titres accessibles dans sa discothèque (contre 13 millions pour Deezer et 15 pour Spotify). Le service est accessible aux Etats-Unis, au Canada, au Mexique, en Allemagne, en Grande-Bretagne et en France, sur abonnement seulement (99 centimes pendant trois mois, puis 4,99 euros, ou 9,99 avec accès depuis un mobile -- qui devra être un Androïd). Des tarifs alignés sur ceux des concurrents payants, pour un service pas ergonomique pour deux sous. Au suivant?

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