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Libération

Sur les traces, il n'est pas nickel, Chrome

par Virginie Malbos
publié le 21 avril 2011 à 10h24

Avec Chrome, Google a pris le parti de se démarquer. Sur la rapidité du navigateur, d'abord, mais désormais aussi sur la conservation des données stockées au fur et à mesure des sites visités. Car selon le Wall Street Journal , l'entreprise n'envisage pas d'intégrer le système correspondant au «Do not track» dans son navigateur, et ceux qui suivront. Or la fonctionnalité envoyant aux sites web une demande de non pistage des données personnelles a été instaurée par Firefox, et figure déjà dans le nouvel Internet Explorer. C'est d'ailleurs une déclaration d'Apple qui a poussé Google à réagir, car la prochaine version de Safari inclura elle aussi cette option.

Pour l'internaute, la manœuvre est simple, à condition de la connaître. Sur Firefox par exemple, il faut cocher dans les options avancées la case: «indiquer aux sites web de ne pas me pister». Un code (entête HTTP) sera alors envoyée aux sites Web pour signaler que l’utilisateur ne souhaite pas que son activité en ligne soit tracée. La requête s'applique également aux publicitaires et à leurs affichages personnalisés.

Mais l'opération peut tout aussi bien rester vaine. Car aujourd'hui, ce «tracking» n'a pas encore été clairement défini, les sites ont donc toute latitude pour ne pas en tenir compte. Pour l'instant, seuls deux publicitaires ont décidé de s'y soumettre: Blue Kai et Chitika. Un argument derrière lequel se réfugie Google pour justifier son choix. Ainsi, un porte-parole de la firme explique à The Wired.com : «L'idée du « Do Not Track » est intéressante, mais il ne semble pas exister un grand consensus sur ce que ce « tracking » signifie vraiment, ni même sur la façon dont les nouvelles propositions pourraient être mises en œuvre.» Tout en se disant, bien sûr, «étroitement impliqués» dans la gestion de ces questions. Mais les doutes sont compréhensibles, et partagés par Apple, qui les détaille dans un pdf . Ce qui ne leur a pourtant pas empêché de franchir le cap, probablement faute de mieux.

Google avance alors un second argument: le plug-in «Keep My Opt-Outs», extension qui implémente le mécanisme « Do Not Track », et donc disponible sur Chrome. Une application qui permet aux internautes de décider s'ils veulent autoriser ou non la collecte des données les concernant. Mais qui sert aussi à mieux les centraliser, si jamais l'accord de partage est fourni. Ce refus d'intégrer le «Do not track» peut donc aussi être perçu comme une volonté de défendre sa propre application. D'autant que pour une entreprise comme Google, également active dans le domaine publicitaire, fixer les règles de ce genre de partages peut s'avérer primordial. Mais la direction prise par Mozilla, Apple et Microsoft pourrait faire pencher la balance. Surtout si la Commission fédérale du commerce américaine s'en mêle. C'est elle qui avait recommandé la mise en place d'un système comme le «Do not track».

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