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Libération

Tablettes : Microsoft remonte à la Surface

par Camille Gévaudan
publié le 19 juin 2012 à 17h41
(mis à jour le 19 juin 2012 à 17h55)

Cette fois, c'est la bonne. Promis ! Après d'innombrables tentatives avortées, Microsoft vient enfin de faire une entrée sérieuse et crédible sur le marché des tablettes tactiles en présentant, hier soir à Los Angeles, un appareil baptisé «Surface» et de fabrication 100% maison -- aussi bien pour l'aspect logiciel que l'assemblage matériel.

Microsoft s'est approprié depuis belle lurette le nom de «Surface», l'attribuant jusqu'ici à sa gamme de tables tactiles -- de vraies tables, bien campées sur leurs quatre pieds. Destinées au départ à un public professionnel (hôtels, casinos, bars, boîtes de nuit...), les tables ont essayé de conquérir le grand public avec une version 2.0 hors de prix (plus de 100000 euros) et le succès qu'on connaît... puisque personne n'en a entendu parler depuis 2008.

Dans le domaine des appareils mobiles, c'est en 2001 que Microsoft est passé à l'offensive tactile. Le Tablet PC , fabriqué par Hewlett Packard, promettait d'accéder à toute la puissance d'un PC de bureau via une version un poil allégée de Windows XP, manipulable au stylet. Mais si Microsoft a fait l'effort d'optimiser quelques uns de ses logiciels pour l'usage d'un stylet (avec des zones pour rentrer du texte manuscrit, notamment), l'interface de la tablette n'a pas suffisamment été pensée pour un petit écran, et encore moins pour les gros doigts de ses clients. Le Tablet PC a vite sombré dans l'oubli.

Après le lancement en grande pompe de l'iPad d'Apple, deux nouvelles tentatives de revenir sur le marché des tablettes sont restées à l'état de projet . La HP Slate, d'un côté, devait tourner sous Windows Seven mais ne se montrait pas assez réactive. Courier , de l'autre côté, s'ouvrait comme un livre avec ses deux écrans articulés et se voulait utilisable comme un grand bloc-notes interactif.

La nouvelle tablette Surface veut repartir de zéro. Pour la première fois, il s'agit d'une machine entièrement made in Microsoft, ne faisant appel à aucun constructeur informatique comme Dell ou HP pour assembler le produit final. Elle fonctionne avec la toute dernière mouture de Windows -- la numéro 8 -- et son interface «Metro» composée de gros rectangles aux couleurs vives, spécialement conçue pour l'usage tactile et équipant déjà les smartphones Windows les plus récents (comme la série Lumia chez Nokia). Surface devrait d'ailleurs attendre la sortie officielle de Windows 8 pour envahir les boutiques informatiques, probablement au mois d'octobre.

Ce choix du système d'exploitation maison peut devenir une clé du succès pour Surface, car il lui ouvre la porte à un marché d'applications pléthorique. Inutile pour les développeurs qui souhaitent investir Surface de décliner leurs logiciels dans un énième format -- d'abord pour les iPad, ensuite pour Android, et enfin pour les tablettes Microsoft. Tous les logiciels classiques pour PC, s'ils sont compatibles avec Windows 8, le seront également avec Surface... du moins dans sa version «pro».

Car ce n'est pas une seule tablette que sort Microsoft, mais deux. La tablette pour professionnels utilise Windows 8, dispose d'un processeur Intel, d'un écran haute définition (1080p) et d'un stylet pour faciliter le prise de notes, et peut monter jusqu'à 128 gigaoctets de mémoire. La version light est plus fine et plus légère (des mensurations comparables à l'iPad), se vendra avec 32 ou 64 Go de mémoire, s'utilise au doigt et tourne avec une puce ARM sous Windows RT, qui l'oblige à n'accepter que des applications développées pour l'interface Metro. Les deux versions partageront en revanche la webcam, le microphone et la connexion Wi-Fi. Pas de 3G, en revanche.

On aura compris que Microsoft est très, très, très, très fier de sa coque en magnésium.

Plus original, Microsoft a choisi de vendre sa tablette avec un accessoire fourni d'office : une couverture colorée répondant au doux nom de «Touch Cover» et incorporant un clavier ultra-fin. Les touches ne sont pas mécaniques, c'est-à-dire qu'elles ne s'enfoncent pas physiquement sous les doigts, mais captent leur pression. Touch Cover devrait garantir un meilleur confort d'utilisation que les claviers tactiles directement affichés sur la dalle de la tablette, ne serait-ce qu'en libérant de la place sur l'écran. Un clavier à touches classiques (mais toujours très fin) sera disponible en option.

Et combien coûte cette petite merveille ? Aucune idée. Microsoft garde ses prix sous le coude pour le moment, mais promet qu'ils resteront «compétitifs» face à la concurrence. On s'attend donc à une fourchette de 500 à 900 dollars, comme chez Apple.

On attend désormais des nouvelles de Google, qui pourrait nous réserver une surprise tactile pour sa grande conférence annuelle de développeurs, « I/O », organisée du 27 au 29 juin à San Francisco.

A lire également :

- Microsoft débarrasse la tablette (30 avril 2010)

- Microsoft table sur une Surface grand public (6 février 2008)

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