Télé Toulouse, la vie en rosse

Télé locale. Les actionnaires veulent liquider la société et la mairie n’entend pas rester seule aux manettes.
par Gilbert Laval
publié le 18 novembre 2008 à 6h51

C’est ce qui s’appelle marcher à l’économie : du moment qu’il n’y a plus de salaires ni de charges à payer, et à condition que trois sous de publicité veuillent bien encore rentrer, ses actionnaires ont accordé hier matin trois semaines de répit à Télé Toulouse…

Boîte. Le paysage audiovisuel local se glace sur les bords de la Garonne : le Six Minutes toulousain de M6 est dans les choux, France 3 a renoncé à son décrochage métropolitain. C'est le Fonds de garantie des salaires (FGS) et le gel de la dette par le tribunal de commerce qui permet aujourd'hui à la chaîne locale de fonctionner jusqu'au 8 décembre prochain. Ce jour-là, un nouveau conseil d'administration dira si les antennes doivent définitivement être repliées ou si ses membres accordent une rallonge. Ces derniers, qui ont fait fonctionner «Télé-Baudis» à fonds perdus pour 20 millions d'euros pendant quinze ans, la Dépêche du Midi, les groupes Fabre et Lagardère et la Caisse d'épargne Midi-Pyrénées, ne sont plus disposés à remettre au pot.

Il y a la crise, certes. Il y a peut-être aussi que, depuis, la mairie a changé de bord. Passée à gauche en mars, la mairie de Toulouse était encore la seule, ces derniers jours, à souhaiter publiquement que «Télé Toulouse continue à vivre». Mais sans plus. Elle ne tient pas à rester l'actionnaire unique de cette boîte à images. Après «Télé-Baudis», le Capitole ne veut pas d'une «Télé- Pierre-Cohen». Les quatre autres actionnaires ont, dès lors, pu paraître pressés de liquider l'entreprise.

Très pressés, même. Moins de 1,3 million d'euros en 2007, moins de 1,5 million d'euros prévus en 2008 : face à des pertes qui se creusent, et comme s'il y allait de la survie de ses actionnaires, le conseil d'administration de la chaîne nommait le 16 octobre un nouveau président et un nouveau directeur général (DG). A charge pour ce dernier de présenter un plan de restructuration. Le même conseil retoquait ce plan le 31 du même mois, par quatre voix contre cinq. Alors que la ville de Toulouse l'estimait «lourd» pour les salariés, les quatre actionnaires déjà cités le jugeaient «insuffisant». Et optaient, vite fait bien fait, pour le dépôt de bilan dès le mercredi suivant, le 5 novembre. Quoique lourdes pour un chiffre d'affaires annuel de 3,4 millions d'euros, ces pertes ne sont toutefois pas extraordinaires. Ni même surprenantes : aucune chaîne de télévision locale en France n'a encore rapporté le moindre fifrelin à ses propriétaires bailleurs de fonds.

Hache. D'autre part, le plan de restructuration présenté le 31 octobre prévoyait de réduire ces pertes en taillant à la hache dans l'effectif de la chaîne, de 56 à 32 salariés et intermittents à Télé Toulouse. Comme si quatre actionnaires sur cinq préféraient couper la tête du malade plutôt que de soigner son mal de dents.

En attendant, le tribunal de commerce dira, cet après-midi, si l'entreprise est bonne pour le redressement ou pour la liquidation pure et simple. Ayant demandé à son directeur général de nouveaux plans de restructuration et comptable avec «équilibre des comptes», au moins le conseil d'administration se présentera-t-il à l'audience avec un petit bout de quelque chose qui ressemble à un projet. La menace de voir disparaître Télé Toulouse de leur écran ne paraît pas avoir encore beaucoup ému les téléspectateurs.

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