Téléchargement, copyright, mash-up : un docu remixe tout

par Alexandre Hervaud
publié le 1er avril 2010 à 12h39

Vendredi dernier, la chaîne Planète diffusait Rip ! le manifeste du DJ , alias Rip : A remix manifesto, documentaire canadien de Brett Gaylor. Comme on a mieux à faire que mater Planète un début de week end, on a évidemment raté ce petit bijou de 90 minutes vivement conseillé à tout amateur de mash-up, de propriété intellectuelle et de téléchargement. Grâce au site de l'Office national du film du Canada , on peut désormais revoir le film, importé ci-dessous, et en VOST s'il vous plait.

«Ce film parle d'une guerre. Une guerre d'idées. Le champ de bataille ? Internet» . C'est par ces quelques mots que Brett Gaylor présente son film dès ses premières minutes. Tourné au Canada, aux Etats-Unis, en Chine, au Brésil, RIP est parsemé d'entretiens avec des intervenants de choix comme Cory Doctorow (qui compare efficacement le copyright... et la masturbation !) ou bien encore Lawrence Lessig , à qui l'on doit les licences Creative Commons. Mais son fil rouge, voire même son inspiration inititale, c'est Girl Talk , alias Gregg Gillis, par ailleurs co-producteur du docu. Pour tout amateur de bootleg, mash-up, edit ou autre remix, le nom de Girl Talk est forcément familier. Sorte de 2 Many Dj's à lui seul, Girl Talk symbolise la génération mash-up dont on vous parle régulièrement ici, et qu'on célèbre gaiement chaque semaine dans le podcast.

En montrant le processus créatif inhérent à la fabrication de mash up (car oui, ça ne se fait pas en 2 secondes via un logiciel magique, hein), et les risques judiciaires souvent aberrants encourus par les créateurs, Taylor montre le fossé qui sépare les lois archi-répressives (en particulier aux USA) des utilisateurs. Le documentaire prend ainsi une saveur particulière alors que l'ACTA et ses recommandations anti-contrefaçon n'annoncent rien de bon. Pour la petite histoire, avant de se consacrer pleinement à la musique, Girl Talk travaillait de jour en tant qu'ingénieur dans le biomédical, en contact quasi-quotidien avec les limitations imposées par les brevets omniprésents dans l'industrie pharmaceutique.

En cohérence avec les idées présentées dans son film, Brett Gaylor a lancé la plateforme Open Source Cinema pendant la réalisation de son film, postant ses rushes en ligne, en demandant aux volontaires de remixer à leur sauce le matériel ainsi présenté, pour l'intégrer dans le résultat final. Même s'il n'a rien de final, la règle n°1 du fameux manifeste étant : la culture se construit sur le passé. Quiconque souhaitant apporter sa pierre à l'édifice peut ainsi encore s'amuser avec les vidéos proposées sur la plateforme .

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