Téléchargement direct: Hotfile se réfugie derrière les usages légaux

par Sophian Fanen
publié le 13 avril 2012 à 18h56

Comme MegaUpload et d'autres services de téléchargement direct, Hotfile est dans le viseur des lobbys de l'industrie des loisirs aux Etats-Unis. Alors il se défend.

L'année dernière, la MPAA (Motion Pictures Association of America) attaquait Hotfile en justice devant un tribunal de Floride, estimant que l'entreprise a les mêmes pratiques que feu-MegaUpload et participe à la «diffusion massive d'œuvres protégées par le droit d'auteur» .

« Plus de 90% des fichiers téléchargés à partir de Hotfile sont protégés par le droit d'auteur, affirme le dossier déposé par la MPAA, et presque tous les utilisateurs de Hotfile sont impliqués dans la violation du droit d'auteur.» Un chiffre basé sur une étude réalisée pour la MPAA par un professeur de l'université de Pennsylvanie, Richard Waterman.

Cette semaine, le site américain Torrentfreak.com révélait la contre-attaque préparée depuis des mois par Hotfile: un autre rapport, réalisé quant à lui par James Boyle, professeur à l'université Duke, en Caroline-du-Nord, -- et membre fondateur de Creative Commons.

Dans son étude, Boyle ne remet pas directement en question le chiffre de 90% avancé par l'étude commandée par la MPAA. Mais il soulève plusieurs points qui le relativisent. Il commence notamment par expliquer que «les deux fichiers les plus téléchargés sur Hotfile sont des programmes open source» : iREB et Sn0wbreeze, des programmes de jailbreaking pour iPhone. «J'ai déterminé que beaucoup d'utilisateurs se servent d'Hotfile pour distribuer des logiciels libres. Mon étude non exhaustive a trouvé plus de 1,7 million de téléchargements de six programmes open source examinés» : les deux précités, JDownloader (logiciel de gestion de Direct Download), OpenOffice, Firefox et Ubuntu.

James Boyle revient plus loin sur l'un des piliers des actions de la MPAA en justice, contre MegaUpload comme contre Hotfile: le fait que ces sites rémunèrent les gros uploaders. «Au moins deux des développeurs de programmes open source présentés dans cette étude étaient des participants actifs au système d'affiliation de Hotfile, et donc rémunérés pour les programmes qu'ils ont librement fourni au public. Ceci suggère que cette affiliation est capable de [générer des revenus] pour les auteurs et distributeurs» , en plus de faciliter la diffusion rapide des programmes. Hotfile avait néanmoins revu à son tour son programme d'affiliation après la fermeture de MegaUpload, montrant au passage sa fébrilité dans le domaine. Désormais, les abonnés ne sont plus rémunérés en fonction du nombre de téléchargements de leurs fichiers ou des liens extérieurs pointant vers ceux-ci, mais touchent une partie des abonnements premium souscris par des internautes qui ont téléchargé ces fichiers...

L'étude de James Boyle regrette enfin que le dossier constitué par la MPAA ne s'intéresse qu'aux fichiers téléchargés depuis Hotfile. En effet, selon James Boyle, «54% des fichiers présents sur les serveurs de Hotfile ont été uploadés mais jamais téléchargés» . «L'accent mis [par l'étude de la MPAA] sur ​​les seuls téléchargements exclut de fait une majorité des fichiers de l'examen [...], continue Boyle, et ne tient pas compte d'un type d'usage [l'utilisation de Hotfile comme d'un simple service de stockage, ndlr] qui serait dès lors interprétable comme un réel courant non- illicite.»

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