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« Téléphone ? Gainsbourg ? Non, Jordy... »

Alain de Greef, ancien directeur des programmes de Canal +, revient sur le « goût de chiotte » véhiculé par le mythique « Top 50 ».
par Raphaël GARRIGOS et Isabelle ROBERTS
publié le 21 juillet 2009 à 13h52
(mis à jour le 21 juillet 2009 à 13h54)

Alain de Greef, ancien directeur des programmes de Canal +, revient sur le « goût de chiotte » véhiculé par le mythique « Top 50 ».

« Quand nous avons commencé à bosser à Antenne2, avec Pierre Lescure, il nous semblait qu’il y avait le besoin en France d’un classement des ventes de disques comme en Angleterre ou aux Etats-Unis. Pierre Desgraupes, président d’Antenne 2, qui était un prince, refusa le projet : trop commercial pour le service public.

« Deux ans plus tard, partis pour Canal +, nous ressortions le ­projet, élaboré avec Philippe Gildas, alors à Europe 1. Enfin nous allions en finir avec les fausses valeurs. Les vrais chanteurs, les groupes les plus prestigieux allaient enfin avoir, en France, un terrain pour s’exprimer.

« Ne nous restait plus qu'à attendre le 4 novembre 1984 pour connaître le premier numéro 1. Michael Jackson ? Téléphone ? Gainsbarre ? Ce fut Besoin de rien, envie de toi , de Peter et Sloane. Comme un malheur n'arrive jamais seul, cela dura onze semaines. Et le Top 50 fut le seul vrai succès de la première grille de programme de Canal+ en clair, grâce sans doute à l'excellent Marc Toesca qui l'animait, mais aussi beaucoup grâce à ce nanar.

« Pendant les années que cette émission allait durer, le goût de chiotte de nos compatriotes en matière de chanson fut largement mis en valeur, le record de durée étant battu en 1992 par un autre chef-d'œuvre inoubliable Dur, dur, d'être un bébé par l'innocent Jordy, treize semaines numéro 1 !

« Cela me décida à mettre fin à cette émission dont le succès ne s’était jamais infléchi, mais qui donnait, à l’antenne de Canal +, une tonalité que je ne pouvais plus supporter. J’ai tiré de cette aventure qu’il ne fallait jamais prendre de pari sur le goût du plus grand nombre. J’en conclus également que, pour moi, un flop n’a pas le même sens que pour mes confrères de TF1, M6, Direct8, TMC, NRJ12 & co…»

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