Téléphonie : un coût pour rien (ou presque)

par Camille Gévaudan
publié le 9 mai 2011 à 17h43
(mis à jour le 9 mai 2011 à 17h43)

Depuis 2002, l'Autorité de régulation des télécoms (Arcep) encadre une baisse progressive des prix de gros dans la téléphonie mobile. Le prix d'une minute de communication est ainsi passé de 20 à 3 centimes d'euros en huit ans, permettant aux différents opérateurs de répercuter progressivement cette évolution sur le montant des abonnements payés par leurs clients. Ce week-end, l'Arcep a validé la dernière tranche du calendrier : au 1e janvier 2013, qui marquera point final de la dégringolade, la minute ne vaudra plus que 0,8 centimes d'euro.

Pour comprendre à quoi correspondent exactement ces prix de gros, également appelés «terminaisons d'appel vocal» dans le jargon des télécommunications, il faut visualiser le «trajet» d'un appel entre deux abonnés et diviser celui-ci en trois étapes. D'abord, l'opérateur de l'appelant prend en charge son appel et identifie le destinataire. Il transmet ensuite la communication au réseau opérateur de l'appelé. Enfin, cet opérateur amène l'appel jusqu'au téléphone portable du destinataire : on dit qu'il «termine» l'appel. Pour effectuer cette tâche de terminaison, l'opérateur B est payé par l'opérateur A -- quelques centimes d'euro par minute de communication, donc.

Aux premières heures du marché de la téléphonie mobile, les «niveaux élevés de prix de gros permettaient, par le biais des appels fixes vers mobiles, de contribuer au financement du déploiement de ces réseaux, conduisant ainsi à développer et pérenniser les services mobiles» , explique l'Arcep pour introduire sa dernière décision sur le sujet ( PDF ). Mais plus le marché s'est développé et plus les coûts supportés par les différents opérateurs, logiquement, se sont amenuisés. Les terminaisons d'appel ont suivi le mouvement. Lorsqu'elle atteindront le palier final, début 2013, elles devraient être équivalentes aux coûts réels.

Historiquement, Bouygues a toujours bénéficié d' un tarif légèrement supérieur à celui de SFR et Orange car ses abonnés étaient beaucoup moins nombreux. Aujourd'hui, l'opérateur reçoit 3,4 centimes par minute pour terminer un appel venant d'un réseau extérieur, là où ses deux concurrents ne perçoivent que 3 centimes pour le même effort. Mais cette «asymétrie tarifaire n'avait pas vocation à perdurer» , rappelle l'Arcep. Elle a d'ailleurs «été progressivement réduite au fil du temps dans l'optique d'être in fine supprimée.» Ce qui arrivera le 1e juillet 2011.

Pour les trois opérateurs, la transition tarifaire aura lieu en trois phases :

- une première baisse à 2 c€/minute, le 1er juillet 2011 ;

- une deuxième baisse à 1,5 c€/minute, le 1er janvier 2012 ;

- une troisième baisse à 1 c€/minute, le 1er juillet 2012. Six mois plus tard, l'objectif de 0,8 centimes par minute devra avoir été atteint.

L'Arcep rappelle dans sa décision «que, partant d'un niveau plus bas que ses homologues européens, il est tout à fait logique que les niveaux intermédiaires proposés pour la France puissent être quelque peu inférieurs à ceux qui ont d'ores et déjà été annoncés dans les autres pays européens.»

Les futurs prix de gros devraient encourager, espère l'Arcep, le développement des offres illimitées en appels (qui tournent actuellement autour d'une centaine d'euros par mois). Le terrain est également favorable à l'arrivée sur le marché de Free Mobile, en 2012, qui promet de casser le montant des abonnements illimités.

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