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Libération

Téléphonie mobile: Vers un quatrième opérateur très limité

par Sébastien Delahaye
publié le 13 janvier 2009 à 13h00
(mis à jour le 13 janvier 2009 à 15h42)

Après des années de tergiversations, le gouvernement et l'Arcep (le régulateur des télécoms) ont annoncé hier, lors de la présentation du plan numérique, l'attribution prochaines de trois nouveaux lots de fréquences pour la téléphonie mobile 3G. Ces trois lots de fréquence à 5MHz seront attribués suivant des modalités différentes: deux de ces trois lots seront à partager entre les trois opérateurs actuels (Orange, Bouygues et SFR), tandis que le dernier sera attribué à un nouvel entrant sur le marché de la téléphonie mobile.

Une nouvelle attendue depuis un bail, notamment par Iliad, qui possède le fournisseur d'accès Free et avait déjà déposé, alors sans succès, un dossier de candidature lors du précédent appel à candidatures pour une quatrième licence 3G, en 2007. Iliad fait campagne depuis des années pour arriver sur le marché de la téléphonie, affirmant pouvoir proposer des tarifs moins élevés que les opérateurs actuels. Plus récemment, le fournisseur d'accès Numéricâble s'est également déclaré candidat potentiel à une nouvelle licence 3G. Satisfait de l'annonce du gouvernement, Maxime Lombardini, directeur général d'Iliad, a estimé que sa société était «très légitime» pour obtenir ce lot de fréquences.

L'UFC-Que Choisir est un peu moins optimiste: «Nous l'allons pas crier victoire, nous attendons de voir l'ensemble des conditions de ces enchères» , indique Edouard Barreiro, spécialiste des nouvelles technologies à l'association de consommateurs, qui rappelle également les limitations de l'offre: «Nous aurions préféré que ce soit un lot de 10MHz.» Un lot de fréquences de 5MHz permet de couvrir l'ensemble du territoire français, mais limite le nombre de clients potentiels ainsi que certains usages, comme la télévision sur mobile ou l'accès au net. Ce qui limite donc également la concurrence que ce nouvel opérateur mobile apportera.

En août dernier, Maxime Lombardini, pour défendre le dossier de Free, avait parlé d'une économie annuelle de 1000 euros par an pour un foyer moyen comprenant trois forfaits téléphoniques. Mais à l'époque, le fournisseur d'accès tablait sur l'obtention d'une fréquence à 10 ou 15MHz. Une situation bien différente de celle proposée aujourd'hui. Pas sûr que la promesse soit encore valide. Le mystère reste donc entier sur les bénéfices que pourront en retirer les usagers.

L'appel à candidatures pour les nouveaux lots à 5MHz aura lieu fin février, pour une attribution des fréquences si possible avant l'été. L'arrivée d'un nouvel opérateur ne se fera cependant pas dès l'attribution des fréquences: une période de mise en place du réseau et des installations sera nécessaire avant l'arrivée d'un concurrent pour le trio actuel.

Par ailleurs, le gouvernement et l'Arcep pensent déjà à l'après 3G: une consultation publique doit être organisée, également avant fin février, sur les conditions d'attribution des futures licences 4G, à très haut débit. Le gouvernement souhaite visiblement avancer rapidement dans cette direction, avec une attribution des licences 4G dès cette année, et une mise en œuvre avant 2012. Soit plus ou moins en même temps que l'arrivée d'un quatrième opérateur sur des fréquences 3G limitées...

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