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Libération

Thaïlande : 5000 pages bloquées pour lèse-majesté

publié le 14 mars 2012 à 15h31

Les autorités thaïlandaises ont bloqué plus de 5000 pages Internet depuis trois mois car elles contenaient des éléments jugés insultants envers la monarchie, a annoncé un responsable de la police.

Le débat autour de la loi de lèse-majesté s'est intensifié ces derniers mois. Depuis le 7 décembre, la justice a ordonné le blocage de 5064 adresses URL contenant des «informations inappropriées» , selon le porte-parole de la police nationale Piya Utayo. «Entre décembre et mars, nous avons remarqué que les posts inappropriés ou insultants envers la monarchie sont de moins en moins nombreux.»

Le roi Bhumibol, hospitalisé depuis septembre 2009 et âgé de 84 ans, jouit auprès de certains de ses sujets d'un statut de demi-dieu. Et si la famille royale n'a aucun rôle politique officiel, elle est protégée par une des lois les plus sévères du monde.

Les poursuites et condamnations pour lèse-majesté se sont multipliées depuis le coup d'Etat militaire de 2006 contre Thaksin Shinawatra, considéré par les élites de Bangkok comme un danger pour la monarchie. Mais les observateurs relèvent que sa soeur Yingluck, qui a remporté les élections de juillet dernier, n'a rien fait pour améliorer la situation.

Dans son rapport annuel sur la liberté sur Internet publié lundi, Reporters Sans Frontières estime même que depuis son arrivée au pouvoir, le gouvernement de Yingluck «se montre pire que son prédécesseur en termes de filtrage du web. [...] Le ministre de l'Information et de la Communication, Anudith Nakornthap, a revendiqué à partir de sa prise de fonction le blocage de plus de 60000 pages web en seulement un mois, contre 70000 les trois années précédentes.»

«Le nouveau gouvernement thaïlandais est lancé, au nom du lèse-majesté, dans une spirale de blocages de sites et de contenus dangereuse pour la liberté d'expression.» Reporters sans frontières souligne que le pays «sous surveillance» pourrait «rejoindre le clan des pays les plus liberticides envers le Web» , les «ennemis d'Internet» selon sa classification.

(AFP)

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