Critique

«The Mentalist», tête chercheuse

Télé. Un nouveau héros de série doué de pouvoirs psy arrive sur TPS Star.
par Bruno Icher
publié le 20 avril 2009 à 6h52

L'instant est solennel : il y a de la passation de pouvoir dans l'air. TF1, qui a mis depuis des années son destin médiamétrique entre les mains des Experts, les fameux flics scientifiques de Las Vegas, Manhattan et Miami, s'apprête à tourner la page. L'individu appelé à succéder à cette machine de guerre est un blondinet à la mèche crantée, au physique de capitaine d'une équipe de cricket sur une photo des années 50, un brin d'arrogance en plus. Il s'appelle Patrick Jane, il a les traits du comédien anglais Simon Baker et il est The Mentalist, dont TPS Star démarre la diffusion ce soir avant son arrivée sur la Une à l'automne.

Dans une ancienne vie, Patrick Jane était une vedette de télévision. Il avait un show où il prétendait deviner l’avenir et parler aux morts. C’est en faisant le malin à l’antenne qu’il a fini par taper sur les nerfs d’un tueur en série surnommé Red John, qui le punit en assassinant sa femme et son enfant. Les tueurs en série sont impulsifs parfois. Depuis cette fâcheuse mésaventure, Patrick Jane est un homme dévasté mais digne, qui prend des calmants à haute dose pour conserver son flegme, et dont la seule motivation à rester en vie repose sur la capture de Red John.

C’est pour cette raison qu’il a mis au service du California Bureau of Investigation ses aptitudes hors du commun. Son truc à lui, c’est l’analyse du comportement. Il sait avant tout le monde, et sans marge d’erreur, discerner les détails qui font des coupables ou des innocents. En attendant de mettre enfin la main sur Red John, fil rouge de cette première saison, notre nouvel ami exerce sa sagacité sur des affaires criminelles diverses et variées qui ont toutes un sérieux goût de déjà-vu.

Avec ce héros sans flingue, incapable de se bagarrer, mais avec un cerveau en acier trempé, CBS (diffuseur des Experts) verse donc dans les sciences humaines, louchant ouvertement vers les Pavlov, Skinner et autres behavioristes plutôt que chez les tenants exclusifs de l'analyse ADN et du fichier biométrique. Il y a du Columbo dans ce personnage agaçant de facilité et d'intelligence, mais aussi du Dr House pour sa manière d'exprimer sa supériorité intellectuelle sur le reste du monde et notamment les autres membres de l'équipe, un bande de flics un peu bas de plafond.

A la longue, le procédé finit par s'émousser mais la routine créée ici ne lasse pas. En tout cas, pas pour cette première saison, à condition que TF1 la diffuse dans l'ordre. Les scénaristes, au premier rang desquels Bruno Heller, le créateur de la superbe série Rome sur HBO, ont réussi à ressusciter un genre policier ultraclassique avec un héros à l'ancienne, vulnérable et infaillible à la fois.

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