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Libération

Transports: Le Navigo s'exporte en USB

par Camille Gévaudan
publié le 5 février 2010 à 18h59

Un an après les avertissements, c'est l'heure du premier bilan pour les passes Navigo dits «découverte». Sur demande de la CNIL, la RATP a lancé ces passes alternatifs il y a deux ans pour permettre aux usagers des transports en commun de voyager anonymement : ils sont composés de deux cartes, l'une en carton avec le nom et la photo de son propriétaire, et l'autre à puce mais sans enregistrement des coordonnées et des déplacements effectués. Si l'initiative a été saluée, la CNIL avait émis plusieurs réserves sur le cadre de sa diffusion en janvier 2009 : le surcoût (5€) du pass Découverte serait dissuasif et les conditions d'information et d'obtention «particulièrement médiocres» .

Dans un nouveau communiqué publié hier, la CNIL constate un certain progrès au niveau de l'information. Les passes Découvertes étant disponibles à la vente «dans l'ensemble des points de vente ou d'information contrôlés» -- soit une trentaine, «les personnels de la RATP sont maintenant en mesure de renseigner les usagers sur les caractéristiques de ce titre de transport» . Mais les caractéristiques en question n'ont aucune chance, selon la CNIL, de convaincre les voyageurs d'adopter la solution anonyme. Contrairement au Navigo classique, «ce passe ne permet pas de bénéficier d'abonnements à tarifs réduits ou sociaux ni d'en obtenir un nouveau gratuitement en cas de vol, perte, ou de destruction de son titre de transport» . La mise en garde est donc réitérée : pour garantir pleinement le droit au respect de la vie privée, le Syndicat des transports publics d'Ile de France (Stif) devra aligner ses conditions de vente sur celles du Navigo nominatif.

Le bilan de la CNIL intervient quelques jours après l'annonce ( PDF ) par le Stif et la SNCF d'un tout nouveau système de billet électronique, actuellement en phase de test dans la région parisienne. 1000 clients du réseau Transilien se sont vu remettre une clé USB pour remplacer leur passe Navigo habituel.

D'une capacité de 1 Go, la clé est «utilisable comme toutes les clés USB pour stocker des informations personnelles» mais contient également une puce capable de communiquer avec les portillons de contrôle, et une photo de son propriétaire au verso. Elle devrait permettre aux utilisateurs de s'abonner ou de se réabonner aux transports en commun par Internet, depuis leur ordinateur personnel, et d'éviter ainsi de faire la queue aux guichets ou aux bornes de rechargement à chaque début de mois ou d'année. Si le dispositif venait à être généralisé au terme des six mois de test, son prix devrait être «inférieur à 10euros» . Il serait alors utilisable dans toutes les gares françaises capables de lire des cartes «sans contact», comme c'est le cas par exemple à Paris et à Lyon. Les autres villes devraient bénéficier selon l'AFP d'une solution alternative, pour «conserver sa carte d'abonnement mais payer directement depuis un ordinateur» .

Aucune précision n'est apportée sur la nature et la quantité des informations personnelles stockées, dans la clé USB ou sur les fichiers clients de la RATP. Philippe Martin, directeur général adjoint à la RATP, promettait l'an dernier qu' «aucun lien n'est établi entre les données personnelles figurant dans le fichier client et les données de transport» du passe Navigo, et que les informations sont irréversiblement «hachées» au bout de 48 heures. La CNIL ne devrait pas manquer d'exiger des conditions identiques pour la clé USB.

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