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Libération

Trois jours de rédactions tout en émulsion

Reportage au News World Summit, qui réunit à partir d’aujourd’hui à Paris les médias du monde entier, et exhorte les médias français à s’emparer plus encore du Web.
par Isabelle Hanne
publié le 30 mai 2012 à 17h25
(mis à jour le 31 mai 2012 à 16h18)

Après Hong Kong en 2011, le Global Editors Network (GEN), réseau mondial des rédacteurs en chef, organise son NEWS ! (News World Summit) à l'Hôtel de Ville de Paris, aujourd'hui et jusqu'à vendredi. Le GEN compte 600 membres : la moitié issue de la presse écrite, surtout des quotidiens, un quart de la radio et de la télé, et le quart restant de nouveaux acteurs (agrégateurs d'info, pure players…). Pour faire face à la crise de la presse, les pistes explorées aujourd'hui s'appellent crowdsourcing , data journalisme, fact-checking ...

Pour ce premier après-midi de conférence, le sommet donne la parole à plusieurs rédactions innovantes. Le fact-checking à Owni.fr ( Le véritomètre ), la stratégie quatre écrans de la BBC pour sa couverture des JO de Londres cet été, l'intérêt des réseaux sociaux pour les médias... Pour ce dernier point, c'est un Français, Benoît Raphaël (Le Post, Le Plus , Le Lab ...) qui s'y colle. Son conseil aux rédactions: «N'essayez pas d'être un Facebook ou un Twitter. Soyez un média, et utilisez les réseaux sociaux pour améliorer l'expérience média.» Il affirme que 15% du trafic du Lab d'Europe 1 est généré par Twitter.

Particulièrement intéressante, la présentation de Chiqui Esteban, responsable des «nouveaux récits» pour le pure player espagnol Lainformacion . En introduction, le jeune homme remonte 200 ans en arrière, avec le premier exemple, selon lui, de visualisation de données: une cartographie d'une ville faite par un médecin, pour prouver la corrélation entre une fontaine contaminée et des malades du choléra.

La célèbre carte du médecin John Snow sur l'épidémie de choléra à Londres en 1854

Deuxième visuel de sa présentation: un graphique réalisé par le Washington Post en 2010, pour traduire en image l'activité des gangs en Virginie.

«C'est ça le journalisme visuel: essayer de démontrer des choses, de présenter des données de manière graphique , définit Chiqui Esteban. « L'intérêt, c'est que ça permet d'expliquer simplement, de montrer des modèles, des tendances. Et ce langage visuel permet de traiter l'information différemment des autres médias.»

Comment l'Espagne a-t-elle gagné la coupe du monde de football ? - Une analyse de toutes les passes de l'équipe. Photo Isabelle Hanne, CC BY SA

De son côté, le site lainformacion a mis en ligne un graphique interactif qui explique comment l'équipe de foot espagnole a gagné la coupe du monde (en retraçant toutes les passes entre joueurs, entre autres). Un autre graphique permet de comprendre la crise européenne, une appli iPad, de comparer plusieurs modèles de F1... Et ça marche: «Six ou sept des articles les plus lus du site contiennent des graphiques.»

Et il insiste: il faudrait un programmeur pour cinq journalistes. Et des développeurs intégrés dans toutes les rédactions. «Le journalisme visuel ne doit pas chercher à être drôle ou joli, mais à transmettre une information. La vraie question, ce n'est pas "à quoi ça ressemble?" mais "à quoi ça sert"?»

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