Les machines ne pensent pas, mais presque...

par Sébastien Delahaye
publié le 14 octobre 2008 à 11h32

Dimanche, le test de Turing a failli être passé. Ce test, imaginé par le mathématicien britannique Alan Turing en 1950, vise à deviner si l'on discute avec un être humain ou avec une machine. Si la machine réussit à berner 30% de ses interlocuteurs, alors, selon Turing, elle «pense» . A ce jour, aucun ordinateur n'a encore réussi à atteindre ce seuil, mais, on n'est pas passé loin.

Comme chaque année se tenait dimanche le Prix Loebner, qui vise à récompenser (avec tout de même 3000 dollars, soit 2210 euros) l'intelligence artificielle la plus performante au test de Turing. Une récompense de 100000 dollars attend toujours, depuis 1990, la première machine qui réussirait le test de Turing. L'édition 2008 se déroulait à l'Université de Reading, en Grande-Bretagne. Cinq intelligences artificielles étaient confrontées à douze juges humains. Le principe: des tchats de cinq minutes chrono avec deux interlocuteurs, où aucun des deux ne sait si l'autre est robot ou humain. A charge pour les humains de deviner qui est quoi. Le prix est revenu à Elbot , développé par Fred Roberts, et qui a réussi à tromper trois des douze juges... soit une réussite de 25%, pas si loin du seuil du test de Turing. Et en tout cas mieux que les quatre autres finalistes, dont trois anciens vainqueurs du prix Loebner. Tous ont cependant trompé au moins un juge.

L'expérience a d'ailleurs été vexante pour certains: «J'étais l'un des juges, j'ai été berné , raconte Will Pavia, journaliste au Times . J'ai cru qu'Eugene [l'une des IA, ndlr] était un être humain. En fait, et c'est là que ça empire, il était si convaincant que j'en ai déduit que l'être humain avec qui je tchattais en même temps était une machine.» Pour d'autres, comme Kevin Warwick, le professeur de cybernétique de l'Université de Reading, qui supervisait dimanche le prix Loebner, c'est simplement un petit pas de plus vers une inéluctable fin: «On s'approche vraiment de plus en plus , a déclaré au Guardian celui qui craint que l'humanité ne soit dépassée et asservie par les ordinateurs. Il nous reste peut-être 40 ans. Ca sera peut-être un peu plus lent, mais voilà.»

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