Twitter et Facebook, état des lieux

par Andréa Fradin
publié le 15 mars 2010 à 11h32
(mis à jour le 15 mars 2010 à 11h54)

La géolocalisation est-elle la prochaine étape des réseaux sociaux ? Les gros bonnets du milieu semblent en tout cas être dans les starting-blocks dans la course à cette nouvelle fonctionnalité. S'il y a accès depuis son téléphone, l'utilisateur peut ainsi indiquer sur son profil l'endroit à partir duquel il l'actualise. Et ce directement, comme dans «j'attends @machin @telle-adresse, qu'il se grouille» ou indirectement, en permettant à la plate-forme d'adjoindre à un quelconque statut une indication géographique. On savait déjà qu'une telle application était active sur Google Buzz, en préparation intensive du côté de Twitter mais quid de Facebook ?

Le New York Times a récemment dissipé cette interrogation en annonçant que le site aux 400 millions d'utilisateurs devait «lever le voile sur cette nouvelle fonction basée sur la géolocalisation fin avril, à l'occasion du f8» . Autrement dit, lors de la grand messe des développeurs de Facebook, qui aura lieu les 21 et 22 avril prochains à San Francisco. Dans les cartons depuis un an, «cette nouvelle fonction aura deux aspects, à en croire les gens proches des programmes de Facebook. L'un sera un service directement offert par Facebook qui permettra aux utilisateurs de partager leurs informations géographiques avec leurs amis. L'autre sera une série d'outils, dit API, que les développeurs extérieurs pourront utiliser pour offrir leurs propres services de géolocalisation aux utilisateurs de Facebook» .

Il semblerait par ailleurs que le site, échaudé par les expériences passées, soit extrêmement précautionneux en matière de protection des données privées. Hors de question --a priori-- d'imposer la géolocalisation par défaut: les utilisateurs devront au préalable confirmer l'activation de cette fonctionnalité sur leur profil.

Et en matière de géolocalisation, tous les réseaux sociaux sortent les pincettes. Annoncée en août dernier, la fonction développée par Twitter ne saurait être entourée de plus de précautions. Sur les pages d'aide du site, un paragraphe entier, intitulé «Safe tweeting with your location» (soit «Le tweet géolocalisé sans danger») y est consacré. «C'est déjà une bonne chose d'être prudent sur la somme d'informations que vous partagez en ligne. Pour certaines actualisations, il se peut que vous vouliez indiquer votre localisation («Le défilé démarre» ou «Un camion vient de déverser de délicieux bonbons partout sur la chaussée!»), mais pour d'autres, il se peut que vous vouliez gardez cette information privée. Tout comme vous ne voudriez certainement pas tweeter votre adresse personnelle, soyez prudent dans le partage des coordonnées que vous ne voulez pas partager» . Et de terminer sur cet avertissement solennel: «Rappelez-vous, une fois que vous postez quelque chose en ligne, il y est pour être vu» . Brrr.

On peut dire que Twitter aura fait dans la pédagogie pour ne pas être assimilé à Big Brother: des exemples précis d'utilisation --dont un légèrement douteux, qui invite tout de même à piller la marchandise d'un camion--, de multiples signaux d'alertes... C'est clair comme de l'eau de roche: si l'utilisateur veut indiquer où il se trouve, c'est son problème et non celui du site. De plus, ces avertissements sont en ligne avant même que la fonctionnalité ne soit active sur le site de Twitter. Même si certains pressentent la mise en place imminente de cet outil, la géolocalisation est toujours en phase de test.

Une question se pose alors: pourquoi diable les réseaux sociaux s'agitent en coulisse autour de cet outil de géolocalisation ? Dire à bobonne qu'on est à tel métro et qu'on rentre dans dix minutes ne semble pas une raison suffisante. En réalité, une manne financière se cache derrière l'outil de géolocalisation. Cible visée: les commerces de proximité. Imaginez: les utilisateurs seraient non seulement définis en fonction de leurs goûts décrits sur les profils, mais aussi des endroits qu'ils fréquentent ! Cette segmentation toujours plus précise serait donc un instrument en or pour les commerces. En ne regardant que du côté de Facebook , il y aurait près d'un quart des utilisateurs qui se connecterait chaque mois au site depuis leur portable. Soit 100 millions de personnes.

Cela ne surprendra personne, la géolocalisation fait lever plus d'un sourcil. Les soupçons persistants de flicage des utilisateurs via les réseaux sociaux se font d'autant plus prégnants avec cette possibilité d'indiquer, à tout moment, sa position dans l'espace. Le temps de conservation des données, l'utilisation future de celles-ci, telles sont les questions auxquelles devront répondre les sites. En attendant, certains tentent déjà de mettre en garde contre les risques d'une telle pratique. C'est le cas du site Pleaserobme , qui scrute certains réseaux sociaux dont Twitter, pour pointer les utilisateurs qui indiquent avoir déserté le domicile familial... laissant ainsi libre voie aux voleurs. Pour les créateurs du site, «le danger est de dire publiquement où l'on se trouve. Ce qui revient à indiquer qu'il y a un lieu où on n'est pas... chez soi» .

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