Twitter, indicateur de l'humeur outre-Atlantique

par Andréa Fradin
publié le 26 juillet 2010 à 16h37

Décidément, les vicissitudes des réseaux constituent une inspiration permanente pour les cartographes. Une nouvelle représentation vient s'ajouter à la longue liste de celles déjà exposées sur Ecrans ( ici ou ), mais cette nouvelle édition impressionne par son ampleur et son ambition.

Des chercheurs de Harvard et de la Northeastern University de Boston ont en effet passé au crible près de trois années d'activité sur Twitter. L'étude (dont les détails sont disponibles ici ) de ces 300 millions de messages, envoyés entre septembre 2006 et août 2009 et limités au seul territoire des Etats-Unis, cherchait à prendre «le pouls de la nation américaine» , comprenez par là à en saisir l'humeur. Tous les tweets contenant des termes recensés dans le Affective Norms for English Words , un système qui attribue une connotation plus ou moins positive à des mots, ont été analysés. Ce code donne par exemple une note de 8,21 à «happy» («heureux»), contre 1,69 à «death» («mort»). Sur la carte, la variation de bien être se traduit par une coloration qui va du vert (tout va bien, les oiseaux chantent) au rouge (le fond du trou).

L'humeur de la semaine

Résultats: une très belle animation faite d'anamorphoses, qui révèle que les tweets du week-ends sont «plus heureux» que ceux de la semaine et que l'humeur générale chute en milieu de journée et de semaine, autrement dit, pendant les heures de bureau. Rien de très suprenant en somme. Plus étonnant, la côte Ouest serait «significativement plus heureuse» que les rivages de l'Est. En raison de quel facteur ? California gurls ? Décapotables sautillantes Lowrider ? Comic-Con ? Les scientifiques ne se risquent pas à une telle interprétation.

Au-delà d'une synthèse parfaitement esthétique, que penser de la méthode elle-même? Le fait d'étudier les messages délivrés sur un réseau social permet-il d'obtenir le «pouls» d'un pays ? Bien entendu, les critiques sont nombreuses, la première d'entre elles pointant du doigt que tous les américains ne sont pas de fervents twittos. Mais les chercheurs à l'origine du projet eux-mêmes ne manquent pas de relever certains biais à leur étude. Ainsi, le chef du projet Alan Mislov concède que le traitement automatique des tweets mène à certaines erreurs, comme l'oubli de la négation: ainsi le message « je ne suis pas heureux » sera interprété positivement en raison de la présence du mot «heureux», rapporte Clubic . En attendant, la masse d'information produite sur les réseaux sociaux n'a de cesse d'inspirer les chercheurs: pour certains , elle pourrait même permettre de «prédire le futur» .

Lire les réactions à cet article.

Pour aller plus loin :

Dans la même rubrique

Les plus lus