«UltraViolet» verrouille le cinéma

par Andréa Fradin
publié le 22 juillet 2010 à 13h01
(mis à jour le 22 juillet 2010 à 13h45)

Soixante. Quelques soixante géants de l'industrie culturelle et technologique rassemblés en un consortium, le «Digital Entertainment Content Ecosystem» (DECE), ont lancé UltraViolet , nouveau projet qui vient relancer le système décrié et moribond des DRM (Digital Rights Management) comparables à des verrous numériques qui orientent l'utilisation d'une oeuvre. Microsoft et IBM, du côté de la technologie, NBC Universal, Paramount et Warner Bros du côté du cinéma et encore Philips, Sony et Panasonic, qui représentent les constructeurs, ont ainsi répondu à l'appel.

Pour le consortium, «UltraViolet offre au consommateur le choix d'acheter ce qu'il veut, où il veut pour le lire comme il le veut» . En pratique, tout utilisateur qui achètera un film en Blu-Ray, DVD ou en vidéo à la demande pourra l'importer sur un système centralisé afin d'en profiter sur différents supports: télévision, ordinateur, console, mobile, tablette numérique. Il lui suffira de créer un compte gratuit et unique pour en bénéficier. «UltraViolet permettra de regarder des programmes numériques sur de multiples supports, des télévisions connectées à l'internet, des ordinateurs, des consoles de jeux, des téléphones portables et des tablettes informatiques, facilement et en continuité

» , résument les acteurs engagés. Le nouveau système tente ainsi de pallier aux nombreux reproches adressés aux DRM lorsqu'ils étaient notamment employés dans le secteur de la musique dans les années 2000, qui limitaient trop souvent les transferts de morceaux, par exemple d'ordinateur à mobile.

Problème: UltraViolet ne devrait concerner que les contenus et supports de diffusion distribués par les membres du consortium. Une aubaine pour ces sociétés qui, au-delà de la lutte contre le piratage, pourront ainsi avoir la mainmise sur l'ensemble de la chaîne de production des œuvres, mais qui pose aussi la question du sort des achats d'occasion ou des œuvres acquises avant la mise en place de la plateforme: seront-ils inclus dans le projet UltraViolet ? Par ailleurs, divers acteurs de taille n'ont pas pris part à l'initiative: Apple (qui ne souhaite pas que d'autres acteurs fourrent leur nez dans l'iTunes Store), Disney (qui planche sur son propre système de DRM, KeyChest) et Google (dont la plateforme YouTube s'est lancé cette année dans la location de films ...). En leur absence, la perspective d'une plateforme unique est sérieusement ébranlée.

Autre bémol relevé par ZDNet , pour avoir accès à la plateforme UltraViolet, les appareils devront bénéficier d'une connexion à Internet permanente. Pas sûr que les consommateurs soient prêts à opter pour cette solution, sachant par exemple «qu'à peine 65% des Américains ont accès haut-débit à la maison» , souligne le site. Officiellement lancé il y a deux jours, les modalités d'UltraViolet devraient être précisées à la fin de l'année.

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