Un bon coup de «Crayon»

par Erwan Cario et Sébastien Delahaye
publié le 12 janvier 2009 à 11h29

Sur l’écran, un gribouillis de crayons digne d’un gamin de 4 ans. Selon les niveaux, on peut y trouver un dinosaure, un château fort, un géant, une catapulte, des poulies, et tout ce qu’il faut de petits nuages et de soleils. On y trouve aussi une petite balle et une ou plusieurs étoiles. Pas de score, pas de chronomètre, encore moins de nombre de vies qui délimitent d’habitude les actions du joueur. Ici, il faut amener la balle vers les étoiles. Comment? En dessinant. Des carrés, des ronds, des cordes, et, si le talent ne suit pas, beaucoup de trucs informes, mais qui possèdent tous des propriétés physiques. Ils roulent, tombent, tournent et s’accrochent. Tout ça pour aider la petite balle à atteindre son but.

Au départ, Crayon Physics n'était qu'un prototype développé en cinq jours. Son créateur, Petri Purho, un étudiant finlandais de 25 ans, est séduit par le projet Experimental Gameplay lancé en 2005, qui se veut un réservoir de nouvelles mécaniques de jeu. Il est basé sur trois règles: chaque nouveau concept doit avoir son thème, être réalisé en moins de sept jours et par une seule personne. Petri Purho décide donc de concevoir un jeu par mois selon ces principes. C'est en juin 2007 que la première version voit le jour. On y retrouve déjà l'aspect crayonné, la mécanique physique et le concept général. Mais très peu de niveaux et surtout beaucoup moins de liberté pour le joueur.

L'accueil est si favorable que l'auteur décide, en octobre, de se mettre au développement d'une version Deluxe. Une démo arrive en décembre 2007. Il aura fallu plus d'un an à Petri Purho pour peaufiner son jeu. Le résultat valait l'attente: sorti mercredi sur PC , Crayon Physics Deluxe est devenu un jeu complet, très soigné, avec des niveaux nombreux et bien construits, et pas mal de casse-tête. Les deux premiers tiers du jeu sont cependant à considérer plus comme une grosse introduction qu'autre chose. On y apprend à faire des crobards, on découvre les catapultes, on trace des ponts, on imagine des poulies et des leviers... mais dans ces premiers niveaux, la solution est évidente, et il n'y a guère besoin de se creuser la tête pour ramasser les nécessaires petites étoiles. La fin du jeu, en revanche, est nettement plus ardue, et demandera de mettre en pratique tous les enseignements passés.

Bonne nouvelle, le jeu contient aussi un excellent outil de création, très facile d'accès, qui permet d'imaginer les niveaux de son choix et de les proposer en téléchargement aux autres participants. Sur le forum , certains joueurs motivés publient des images et des vidéos de leurs solutions les plus créatives pour passer les différents niveaux.

Après une année 2008 riche en jeux indépendants, la sortie de Crayon Physics est un joli point de départ pour 2009. L'Independent Games Festival , qui récompense chaque année les jeux les plus prometteurs ( Crayon Physics l'an dernier), vient de sortir sa sélection pour 2009. On y notera Blueberry Garden , développé par le Suédois Erik Svedang; FEIST , jeu de plate-forme créé pour un projet étudiant, ou encore Dyson , jeu de stratégie à base d'arbres et de conquête spatiale. Il faudra attendre encore quelques mois avant de pouvoir mettre la main sur la plupart de ces titres.

Paru dans Libération du 12 janvier 2009

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