Critique

Un dieu grec pour l'Olympe de la PS2

par Bruno Icher
publié le 11 mai 2007 à 7h42

Toute console qui s'achemine doucement vers la retraite est source de regrets. La PS2, inexorablement poussée vers le grenier par la PS3 en dépit de quelques retards à l'allumage de celle-ci, ne fait pas exception à la règle. Et rien actuellement ne peut mieux résumer ces regrets que la série God of War. Le premier opus, sauvage épopée mythologique mettant en scène un héros d'une ahurissante brutalité, avait surpris tout le monde par sa virtuosité et par la rigueur narrative qui tenait le joueur en haleine jusqu'au bout.

Titan. Presque deux ans plus tard, autant dire une éternité pour les légions de fanas piaffant d'impatience, voici le retour de Kratos, guerrier sparte chauve et balèse, devenu locataire de l'Olympe après avoir fait son affaire à Arès, le dieu de la guerre. Dès l'entame, Kratos le cruel se dispute avec Athéna, sa bienfaitrice, et claque la porte du domaine des dieux afin de poursuivre son oeuvre de destruction de par le monde. Bref, ça va saigner et pas qu'un peu. Et dès le début, chacun voit que le studio californien de Sony a su tirer le meilleur parti de ce qu'il avait réussi dans le premier volet. Ainsi Kratos doit-il affronter illico rien moins que le Colosse de Rhodes, à qui Athéna, la coquine, a donné la vie. Cette manière éblouissante de jouer avec l'échelle des personnages, le héros occupant tantôt tout l'espace, tantôt étant réduit à l'état d'une insipide petite chose à la merci d'un géant, est l'invention la plus brillante de la série. Plus tard, après avoir fait mordre la poussière à la Merveille du monde, Kratos doit se colleter avec un Titan. Pas une mince affaire non plus.

Stupéfaction. Tout cela rappelle singulièrement un autre monument de la PS2, Shadow of the Colossus, la merveille de Fumito Ueda, qui lui aussi donnait une dimension vertigineuse aux confrontations entre le héros et de gigantesques monstres supposés invulnérables. Si ce God of War II n'atteint pas la poésie du classique japonais, la stupéfaction sans cesse renouvelée qu'il provoque en fait l'un des classiques de la PS2. Peut-être même le dernier.

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