« Paul n'avait pas peur de suivre des directions allant à l'encontre de ce que tout le monde considérait comme la bonne chose, ou la seule chose à faire ». Dans un article du New York Times , Vinton Cerf, vice-président de Google, rend hommage à son ami et collègue de longue date: Paul Baran. Mort samedi à l'âge de 84 ans, l'ingénieur américain était un des pionniers d'internet, et de son prédécesseur: l'Arpanet.
Une innovation qui s'est faite sans l'aide des leaders du marché, qui ne croyaient pas en son projet. Vinton Cerf résume dans le New York Times : « L'AT & T - le plus grand fournisseur de services téléphoniques aux États Unis - a déclaré à plusieurs reprises que son idée ne fonctionnerait pas, et qu'ils ne participeraient pas au projet Arpanet ».
Mais l'Arpanet verra bel et bien le jour. Mis en place en 1969 par le ministère américain de la Défense, il posera les bases d'internet . Une innovation qui prendra notamment sa source dans une série de documents techniques publiés quelques années plus tôt par Paul Baran. Il y suggérait de bâtir un réseau de communications qui serait moins vulnérable à des attaques ou à des perturbations que les réseaux conventionnels. Le tout en regroupant les données dans des paquets distincts, envoyés sur des chemins différents et rassemblés à leur réception. Les chemins devant être redondants, de sorte qu'en cas d'échec de l'un, les messages puissent être livrés par un autre.
Pour autant, Paul Baran n'est pas le seul à avoir œuvré à la naissance d'internet, et le reconnaissait dans une interview donnée en 2001 : « Internet est vraiment le travail d'un millier de personnes ». Comme le précise le New York Times , il expliquait d'ailleurs une dizaine d'années plus tôt : « C'est comme construire une cathédrale. Pendant plusieurs centaines d'années, de nouvelles personnes posent un bloc sur d'anciennes fondations, chacune en disant: j'ai construit une cathédrale. Mais le mois d'après, un autre bloc est placé au sommet du précédent. Puis vient l'historien qui demande qui a construit la cathédrale. Peter a ajouté quelques pierres ici, et Paul a ajouté un peu plus... Si vous n'êtes pas prudent, vous pouvez lui faire croire que vous avez fait la partie la plus importante. Mais la réalité est que tout est lié. »