Menu
Libération

Une taxe d'un euro par mois pour la Sacem

par Christophe Alix
publié le 4 décembre 2009 à 12h29

Ce n'est pas une surprise mais elle est maintenant chiffrée. Partisan de

longue date d'une taxation des fournisseurs d'accès pour compenser la

baisse des revenus de la filière musicale, le patron de la Sacem, Bernard

Miyet, estime que cette contribution « modeste » et « quasi-indolore »

dit-il, pourrait coûter au final 1 euro par mois au consommateur. C'est

le sens de la proposition qu'il a défendu conjointement avec l'Adami, la

société de gestion collective des musiciens et artistes-interprètes

auprès de Patrick Zelnik. Le PDG de l'indépendant Naïve a été chargé par

le ministre de la culture Frédéric Mitterrand d'une mission sur les

moyens d'améliorer l'offre légale en ligne et la rémunération des

créateurs et doit rendre son rapport, avec un mois de retard, à la

mi-décembre.

Pour Bernard Miyet, cette contribution est indispensable pour permettre

à l'ensemble de la chaîne musicale (producteurs, auteurs,

artistes-interprètes) de passer le cap d'une transition numérique qui en

termes de production musicale se traduit désormais par une baisse du

nombre de signatures de contrats chaque année. Cette taxe qui

permettrait à la fois de compenser le manque à gagner des ayants droit

et d'alimenter un fonds de soutien à la production - mais aussi à

l'auto-production - rapporterait selon les calculs de la Sacem entre 250

et 500 millions d'euros par an. Une «compensation créative » très

conséquente qui selon Bernard Miyet se justifie pleinement au regard du

« préjudice » subi par la filière: 750 millions d'euros de manque à

gagner de recettes sur ces 7 dernières années et des revenus cumulées de

droit d'auteur qui dans le domaine des « droits de reproduction

mécanique » (ventes de disque) devraient plonger de 200 millions d'euros

annuels en 2003 à 120 millions d'euros en 2012. Grâce à des sources de

revenus diversifiées et en dépit de cette chute des droits liés à la

vente de disques et de DVD (-50 millions d'euros en 2008) non compensée

par les recettes encore très faibles du numérique, la Sacem est

néanmoins parvenue à limiter la casse l'an dernier. Ses perceptions

n'ont subi qu'un léger recul de 0,4%, à 755, 8 millions d'euros. Mais

son modèle est en danger.

Si la Sacem, qui s'y connait en collecte et répartition du produit des

taxes -- elle gère les fonds de la taxe pour copie privée sur laquelle

sont imposées les fournisseurs d'accès commercialisant des box pourvues

de disque dur --, milite depuis longtemps déjà pour cette taxation des

acteurs de l' 'Internet, une partie des producteurs de musique y reste

fermement opposée. A la différence des indépendants regroupés au sein de

l'UPFI, le syndicat national de l'édition phonographique (Snep) auquel

sont affiliés les majors refuse cette solution. « On ne veut pas de

système compensatoire, on est contre une licence globale qui ne dirait

pas son nom » , a déclaré David El Sayegh, estimant que cela reviendrait

à « brouiller » le message de la lutte contre le piratage. Une lutte qui

selon le Snep passe par une application massive de la loi Hadopi dont le

dispositif d'avertissements puis d'envois de lettres recommandées est

prévue pour monter progressivement en charge à partir du premier

trimestre 2010. Le Snep souhaite en revanche l'instauration d'une

incitation fiscale à l'attention des fournisseurs d'accès pour qu'ils

consacrent des fonds à la promotion des offres légales, via par exemple

un fonds de soutien à la production phonographique. Le rapport Zelnik

devra trancher entre ces différentes options. Mais si une taxe sur les

FAI était recommandée et finissait par voir le jour, on voit mal comment

cette mesure pourrait faire l'économie d'un nouveau cadre Hadopi 3 et

donc d'une nouvelle loi.

Lire les réactions à cet article.

Pour aller plus loin :

Dans la même rubrique