Universal se lance dans l'illimité légal (pas vraiment) gratuit

par Astrid GIRARDEAU
publié le 16 octobre 2007 à 12h10

Après avoir remis en cause son contrat avec Itunes en juillet dernier, Doug Morris, le PDG d'Universal Music, part à l'attaque de la plate-forme d'Apple avec son projet Total Music. Selon Business Week , il s'agirait d'une plate-forme gratuite de téléchargement de musique, financée par les opérateurs de mobile. Une sorte de licence globale donc, proposée par l'un des principaux détracteurs de cette alternative au piratage.

Le modèle économique est basé sur une offre «gratuite» et illimitée de musique, dont le coût serait supporté par les opérateurs et fabricants de portable. En échange d'un forfait payé aux maisons de disques, ceux-ci pourraient en effet offrir un forfait de musique illimité et gratuit à leurs clients. Ces derniers pourront ainsi bénéficier d'un accès libre et légal à un important catalogue. Il est probable que la redevance, estimée à cinq dollars par mois, leur sera imputée au final. «Vous savez que ça coûte quelque chose, mais vous n'avez jamais à écrire le chèque» résumait un patron, participant à la présentation de Morris. Et c'est l'argument choc pour contrer les 99 centimes que coûte un morceau sur Itunes.

L’argent perçu sera réparti entre les différents labels, selon le nombre d’écoutes de chacun. Doug Morris aurait déjà convaincu Sony-BMG et serait en pourparlers avec Warner Music. Un trio qui contrôle 75% des ventes de musique aux Etats-Unis. Le projet serait également supporté par Microsoft, qui compte bien en profiter pour booster ses ventes de Zune, son lecteur multimédia maison. Au niveau des constructeurs, la rentabilité est basée sur un renouvèlement moyen des mobiles ou lecteurs mp3 tous les dix-huit mois. Le coût à supporter par appareil serait ainsi de 90 dollars.

Concernant la portabilité des morceaux, on sait que, depuis août, Universal teste avec Wal-Mart, Google et Best Buy, un système de vente de musique sans DRM pour tout type de lecteur. Ce qui n'est pas sans rappeler Amazon MP3, le projet lancé récemment par Amazon. Mais on peut surtout craindre de retrouver un système équivalent à celui de neufmusic.fr, lancé cet été ( lire l'article ), blindé de DRM, avec obligation d'utiliser Windows Media Player, le logiciel de Microsoft. De même, on ignore la date de lancement, et même si le service sera disponible aux consommateurs qui ne sont pas clients des opérateurs ou marchands partenaires de Total Music.

Si selon Irving Azoff, d'Azoff Music Management Group, «Les artistes sont derrière lui» , on peut avoir des doutes. Et se souvenir du tollé qu'avait provoqué, il y a un an, l'annonce d'un autre projet d'Universal pour diffuser gratuitement une partie de son catalogue au Canada et aux États-Unis en échange de 90 secondes de publicité. «Universal pastiche la licence globale avec cynisme» , s'était alors insurgé le Spedicam, la société de gestion française des droits des artistes interprètes.

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