Menu
Libération

Urgent : DSK à Matignon

Télé. Sur Jimmy, «Breaking News» anticipe l’actualité.
par Raphaël GARRIGOS et Isabelle ROBERTS
publié le 25 mai 2009 à 6h52
(mis à jour le 25 mai 2009 à 6h52)

«Et Jean Sarkozy est nommé porte-parole du gouvernement…» Là, après deux ans en Sarkozie qui ont montré que tout est possible en matière de nominations incestueuses (Laurent Solly à TF1, François Pérol à Natixis…), c'est à peine si on sursaute. Mais Breaking News, c'est du bidon. Ou plutôt, comme il est inscrit tout au long de l'émission afin de ne pas déclencher de vagues de suicides (ou de joie) chez les téléspectateurs, une «émission d'anticipation».

Après avoir simulé dans les précédents Breaking News l'arrestation de Ben Laden et une attaque bioterroriste, Bruce Toussaint et ses invités jouent à «l'union sacrée face à la crise». On est en mai 2009 sur un plateau de télé et au soir d'une manif monstre, François Fillon vient de présenter sa démission à Nicolas Sarkozy qui forme un gouvernement d'union nationale. Pendant que les bavards journalistes, habitués de ce genre de soirées, se succèdent (Christophe Barbier, Nicolas Domenach), de folles rumeurs courent Paris, nous apprend la (fausse) envoyée spéciale devant Matignon qui pourrait être désormais occupé par Ségolène Royal, François Bayrou, voire Alain Minc… Finalement, c'est Dominique Strauss-Kahn qui s'y colle.

En plateau, Manuel Valls (le vrai) fait mine d'approuver pendant qu'en duplex François Hollande tempête (pour de vrai ?) contre ce qu'il appelle «une combinaison», et appelle à des élections. Retour plateau: Roger Karoutchi, secrétaire d'Etat aux Relations avec le Parlement, s'empaille avec Marine Le Pen. Pour de faux ? L'exercice est troublant, car directement inspiré de l'actualité la plus récente. Et vraisemblable : l'ouverture vers la gauche que pratique sans cesse Sarkozy n'est pas si éloignée de cette union nationale de fiction. Troublante, l'émission l'est aussi dans ce qu'elle montre du personnel politique venu se prêter à l'exercice : ils jouent le faux aussi bien que le vrai.

Pour aller plus loin :

Dans la même rubrique