Vie privée : mauvais «Buzz» pour Google

par Alexandre Hervaud
publié le 11 février 2010 à 16h27
(mis à jour le 4 novembre 2010 à 13h07)

Le nouveau service «social» de Google lancé il y a deux jours , le bien nommé Google Buzz, a titillé la curiosité des principaux concernés dès son lancement. Rappelons que le service en question n'est destiné qu'aux internautes utilisant une adresse Gmail. L'opération de communication était plutôt réussie puisque sitôt l'annonce faite, les utilisateurs de Gmail ayant activé le service n'attendait qu'une chose : que le bouzin soit actif pour l'essayer au plus vite. Et puis zut, comment résister à une pub animée avec un beau papillon ?

Désormais accessible à tous ceux qui l'ont demandé ( sauf peut-être en Iran ), Buzz commence à se traîner une réputation exécrable en matière de vie privée. A faire passer Facebook pour un modèle du respect de la confidentialité. Explications : quand vous lancez Google Buzz pour la première fois, le service ne vous embête pas avec un formulaire quelconque rébarbatif permettant d'affiner vos paramètres. En gros, dès le premier essai, vous «suivez» automatiquement vos contacts Gmail (en priorité ceux avec qui vous passez toute la journée à tchater). Pourquoi pas, au moins on n'est pas trop perdu. Seulement voilà, en acceptant naïvement d'utiliser Buzz tel quel, votre adresse apparait dans la liste «contacts» de vos amis, permettant ainsi à leurs propres contacts (qui ne sont pas forcément les vôtres, vous suivez ?) de vous ajouter à leur tour.

Cette manière de se constituer un réseau peut rappeler le principe de Twitter, où le meilleur moyen pour amasser du follower (abonné) reste le nombre de replies (réponses) et retweets (republication) dont vous «honorent» vos contacts. Or une adresse mail n'est ni un compte Twitter, ni un profil Facebook, et la mise à disposition publique de son carnet d'adresses (pro, perso, qu'importe) est loin d'être une option souhaitée par la plupart des utilisateurs. Gizmodo imagine une situation (« l'ex petite copine ») qui illustre le genre de tracas qui pend au nez des Buzzés.

D'autres critiques mentionnent la géolocalisation permise par l'utilisation mobile du service. Le site du Guardian a recensé diverses observations portées à l'encontre du réseau (et en profite au passage pour se moquer un peu de Google Wave, dont la beta semble être désertée). Il cite notamment l'impression plus que négative du spécialiste Dave Winer, qui écrit : «l'utilisateur n'a même pas la possibilité de faire un choix, j'étais automatiquement inscrit, et la marche à suivre pour se désinscrire était cachée. La première étape, qui est fun (créer un nouveau post) est suivi par un torrent de nouveaux messages dans ce lieu privé semi-sacré qu'est ma boîte mail» . Plus sévère encore est le jugement de la Fondation Australienne pour la Vie Privée , qui souligne les failles du système. Robert Clarke, membre du bureau de cette fondation, a ainsi déclaré : «cette divulgation de données personnelles sans l'accord des utilisateurs est très probablement illégale» . On attend la réaction de Google sur cette question, sachant que la firme a d'ores et déjà indiqué que les internautes sont libres de bloquer tout contact indésirable.

Alors que des observateurs prédisent la fin du bon vieux courriel d'ici quelques années, on peut comprendre l'objectif d'une telle opération «pimp my mail». Google aurait par contre été inspiré de garder en tête les nombreuses bévues de Facebook en matière de vie privée ( surtout l'épisode Beacon , avec pubs intrusives et tutti quanti). Les mots prononcés il y a quelques mois par Eric Schmidt, le PDG de Google, ne rassurent pas : «si vous avez quelque chose que vous souhaitez cacher à tout le monde, peut-être que vous feriez mieux de ne pas le faire tout court» .

Pour régler vos options de Google Buzz, ou le désactiver, vous pouvez aller sur votre profile buzz (accessible à l'adresse http://www.google.com/profiles/votrenom#buzz, mais à la place de votrenom, écrivez plutôt votre identifiant, ça marche mieux), et réglez donc vos paramètres. Ou plus simple encore, cliquez sur le lien présenté dans cette capture, situé tout en bas de votre boîte de réception Gmail :

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