Web : les petites séries de France 4

par Tania Kahn
publié le 20 novembre 2012 à 12h31

France 4 investit l'univers déjà foisonnant de la web-création et lance Studio 4.0, une plateforme internet dédiée à la web-fiction , poursuivant sa politique de remise à niveau digitale, déjà engagée avec Pluzz, le service de replay du groupe, et FranceTV Info, sa plateforme d'information. Lancé mi-octobre, le Studio 4.0 compte entre 25000 et 40000 vues par jour. On y trouve pêle-mêle séries et courts métrages, de trente secondes à trente minutes, dans des genres aussi variés que la science-fiction, le fantastique, l'animation ou la comédie. Dans sa ligne de mire, les 15-35 ans, un public jeune, connecté et adapté à ces nouveaux formats. Aucune règle ne préside à la ligne éditoriale de la plateforme, si ce n'est la créativité, bien loin du formatage convenu de la télévision.

Ainsi, la web-série les Opérateurs met en scène Slim, un personnage confronté aux étranges et inquiétantes pratiques des salariés de son entreprise. Forte de près de 400000 vues depuis sa mise en ligne, elle change d'écran et débarque sur France 4 ( lire ci-contre ). Autre production, Out With Dad traite, sur le mode de la comédie sentimentale, des hésitations d'une jeune fille sur le chemin de l'homosexualité. Et Desenterrados , comme son nom l'indique, s'applique à déterrer les morts. Cette web-série fantastique est servie avec justesse par un éclairage très sombre et des effets sonores grinçants.

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Out With Dad

Près de 100 vidéos sont déjà accessibles et 450 le seront d'ici un an. Ce sont des coproductions signées France Télévisions, mais aussi des acquisitions européennes et internationales, en provenance d'Espagne, de Suède, du Canada et des Etats-Unis… L'accès aux contenus est gratuit et, pour l'instant, aucun spot publicitaire (pré-roll) ne vient gêner la lecture des web-séries. Le site ne gagne donc pas d'argent : «La rentabilité viendra plus tard» , estime Boris Razon, directeur des nouvelles écritures et du transmédia chez France Télévisions, une unité de huit personnes qui pilote ce projet. «L'enjeu est d'abord celui de la création, il faut inventer des contenus originaux, sur un ton différent.»

La web-série fonctionne sur un consensus de sobriété permanente. «Toute l'équipe est mobilisée en ce sens, on y fait tous attention» , raconte Boris Razon. La plupart des web-séries sont donc tournées en décor unique, ce qui permet d'éviter les scènes d'extérieurs «trop coûteuses» .

Desenterrados

Au final, le coût de production oscille entre 25 000 et 100 000 euros, de quatre à dix fois moins cher qu'un format télé. «On est un média expérimental, différent de la télévision, il n'y a pas encore de standard» , analyse Boris Razon.

Cette plateforme est aussi l'occasion de promouvoir une nouvelle génération d'auteurs et de réalisateurs, qui auraient sans doute plus de difficultés à s'insérer dans le circuit très classique et fermé de la télévision. De jeunes gens qui s'autoproduisent sur le Net, avec des moyens limités, mais plus de liberté. «Internet est un formidable réservoir de créativité, c'est un espace de laboratoire, on teste in vivo nos projets auprès du public», s'enthousiasme Boris Razon. Ainsi, le Web libère les talents et la télévision s'en empare. Ce soir, c'est le cas.

Paru dans Libération du 19 novembre 2012

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