WikiLeaks : et mon réseau, c'est du poulet ?

par Emilie MASSEMIN
publié le 24 mai 2012 à 10h13

WikiLeaks a cédé à la mode du réseau social. Alors que l'action Facebook continue à se casser la figure et que Microsoft tente de rentrer dans la course avec son moteur de recherche social So.cl , l'association créée autour du site fondé par Julian Assange s'est dotée d'une plateforme nommée FoWL, pour «Friends of WikiLeaks» (mais dont l'acronyme signifie également... «poulet» en anglais). Ce nouveau réseau social repose sur une idée forte : regrouper des activistes du monde entier pour «apporter un soutien, qu'il soit matériel, médiatique, ou une autre forme de solidarité, à quelque individu, organisation ou agence qui se trouve en péril suite à la publication d'informations dans le dessein d'une société plus juste» , peut-on lire sur le site . Et, en premier lieu, donner un coup de pouce à WikiLeaks.

Attention aux confusions: WikiLeaks et FoWL sont deux entités «distinctes» . Dans le texte de présentation du site, l'association se veut très claire, sans doute pour rassurer ceux que les déboires judiciaires de Julian Assange et Bradley Manning , le militaire suspecté d'avoir envoyé à WikiLeaks des documents relatifs à la guerre en Afghanistan en 2010, inquièteraient. «FoWL ne fait pas partie des opérations quotidiennes de WikiLeaks, n'est pas impliqué dans le processus de transmission des documents, et n'a jamais à traiter d'informations sensibles.» L'objectif est aussi d'élargir le champ d'action du réseau : «FoWL est conçu pour déborder de WikiLeaks, peut-on lire sur la timeline Twitter du compte officiel de WikiLeaks. Il s'agit d'une solution générale pour construire un réseau de soutien solide dans un monde hostile.»

Vidéo de présentation (très officielle) de FoWL

Concrètement, comment ça marche ? L'internaute se connecte et confie certaines données à la plate-forme, parmi lesquelles son adresse mail -- qui servira uniquement à FoWL et restera invisible pour les amis sauf décision contraire, un mot de passe, une zone géographique, différents canaux via lesquels il souhaite être contacté par ses amis, et six marqueurs de langue. Automatiquement, le nouveau membre est connecté par six amis habitant dans la même zone géographique que lui, et six autres amis dispersés dans le monde entier mais qui parlent au moins une langue en commun avec lui.

Impossible de se constituer un réseau fermé des amis qu'on côtoie dans la vraie vie. D'abord, pour des raisons de sécurité. «Facebook est un outil de surveillance de masse. Vous y invitez vos amis, et ce faisant vous les trahissez, peut-on lire sur la timeline de WikiLeaks, parmi les douze bonnes raisons de préférer FoWL au réseau de Mark Zuckerberg. FoWL ne connaît pas vos amis, il vous présente de nouveaux amis.» Ce dispositif est également censé favoriser l'ouverture et les rencontres entre activistes qui ne se connaissent pas, puisque FoWL se targue de présenter à l'internaute «des gens qu'[il veut] connaître mais ne [connaît] pas encore» .

Pour les flippés de l'anonymat que cette distribution des «amis» ne convainc qu'à moitié, FoWL a prévu tout un arsenal d'outils de cryptage. «FoWL utilise les meilleures méthodes militaires de chiffrement et les meilleurs standards industriels en la matière» , précise le compte Twitter de WikiLeaks. Entre autres, le logiciel de chiffrement Open PGP, un format de chiffrement élaboré par l'Internet Engineering Task Force (IETF), un groupe informel, international et ouvert à tous, qui œuvre à l'élaboration des standards internet, et le chiffrement sur courbes elliptiques, un système complexe d'échange de clés publiques et secrètes qui permet de protéger les communications sur des canaux non sécurisés. «FoWL utilise même le chiffrement homomorphique pour certaines opérations, afin que le réseau ne sache même pas quels amis il vous a attribué» , est-il précisé. En effet, cette technique particulièrement complexe, et utilisée notamment pour sécuriser le cloud de Microsoft, fait en sorte que les données ne soient jamais affichées en clair pour les administrateurs, ni lors de leur traitement ni lors de leur transmission.

Il faudra cependant patienter encore quelques temps pour explorer toutes les possibilités de cette nouvelle plate-forme. «Nous avons besoin que le réseau atteigne une certaine taille avant de pouvoir vous inviter à communiquer avec vos amis potentiels» , prévient le site. Vous pouvez quand même, d'ores et déjà, vous inscrire ici .

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