Wikio et Overblog, monnaie teaser

par Fabien Soyez
publié le 8 septembre 2010 à 16h23
(mis à jour le 9 septembre 2010 à 10h41)

Une petite révolution dans le secteur des médias participatifs français. Le 5 septembre, Overblog et Wikio ont officialisé leur fusion, et la naissance de Wikio Group, d'ici à octobre.

«L'objectif, c'est de créer un vrai groupe média international. On adopte le même modèle qu'un média classique, avec tous ses maillons : Overblog pour la création de contenu, Wikio pour leur hiérarchisation et leur promotion, et sa régie publicitaire E-Buzzing pour leur monétisation» , explique, dans un discours bien rôdé, Frédéric Montagnon, le co-fondateur d'Overblog joint par Ecrans.

En fusionnant, le portail d'information et la première plate-forme de blogs en France ont pour ambition de devenir le spécialiste des médias sociaux en France, mais aussi en Europe. «Facebook est le leader des réseaux sociaux, Allociné celui du cinéma, Google celui des moteurs de recherche. Il y a de la place pour Wikio Group dans le secteur des médias sociaux» , martèle Montagnon, over-optimiste.

Overblog se chargera donc d'apporter la matière première (1,5 million de pages personnelles), et Wikio de hiérarchiser les contenus participatifs. Cette tâche devrait être facilitée par la création d'un pôle de R&D.; «Une partie de notre ADN commun, c'est la technologie. Une quinzaine d'ingénieurs d'Overblog et de Wikio travailleront sur la façon d'organiser les contenus. Il faut pouvoir distinguer les blogs qualitatifs des blogs persos.» Autrement dit, déceler les blogs «recommandés» sur les réseaux sociaux et les faire remonter.

Un algorithme devrait ainsi permettre de repérer les blogs qui «font de l'audience qualitative» , en tenant compte du nombre de pages vues, du temps passé sur la page. Un autre algorithme, sémantique celui-là, rendra possible une sélection thématique. Un bonus non négligeable, évidemment, pour les annonceurs de tout poil. «Pour une marque, c'est important de savoir sur quel genre de blogs communiquer. Mais notre objectif, c'est aussi d'offrir la parole à tous ceux qui veulent la prendre sur Internet.»

A travers sa dernière mouture, Wikio semble s'orienter de plus en plus vers des exemples américains qui ont fait leurs preuves, de l'aveu même des responsables. « La nouvelle page d'accueil fait dire à certains que Wikio prend le chemin de Digg », écrit ainsi Pierre Chappaz, fondateur de Wikio, sur son blog . «Nous évoluons plutôt en gardant un œil sur Twitter. Pour devenir le reflet de la recommandation sociale des meilleurs contenus.»

Le moteur Wikio et la plate-forme Overblog continueront d'exister. «Ce rapprochement ne va pas changer grand-chose pour nos utilisateurs. Les deux marques vont continuer à exister. Nous n'allons pas modifier les outils de Wikio pour permettre un meilleur classement de nos blogs, ni imposer à nos blogueurs d'écrire sur les marques et les annonceurs pour monétiser leur page» , assure Frédéric Montagnon, qui deviendra le directeur marketing de la nouvelle entité.

Le nouvel ensemble vise plus de 10 millions d'euros de chiffre d'affaires en 2010 et le double l'année prochaine. Wikio deviendra actionnaire de toutes les sociétés. Quant à TF1, qui détenait jusqu'ici 40% d'Overblog, «le groupe de médias restera actionnaire de Wikio Group, sans pouvoir de blocage» . Une participation stratégique : sur les 17 millions de visiteurs uniques qui constituent son audience sur le Web, 10 millions proviennent d'Overblog. Avec ce mariage, Wikio Group emploiera 120 collaborateurs répartis en France et en Italie. Et devrait regrouper 26,5 millions de visiteurs uniques par mois. «La fusion permet d'assurer un retour sur investissement aux annonceurs, tout en rémunérant mieux les blogueurs» , s'enthousiasme Frédéric Montagnon.

Présenté peut-être un peu trop rapidement comme un futur « Google News participatif » par certains, le projet se concentre de façon plus pragmatique sur la rentabilisation du contenu issu des blogs. «On rémunère les blogueurs qui souhaitent monétiser leurs pages, à hauteur de 50% du chiffre d'affaires généré.» Cette troisième occurrence de l'horrible néologisme «monétisation» (et ses dérivés) en dit sans doute plus long sur les motivations réelles du projet que n'importe-quel discours.

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