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XKCD, une Case en plus

Maths, sexe, linguistique… L’ex-consultant en robotique Randall Munroe s’est reconverti dans la BD en ligne. Un comic strip devenu culte.
par Astrid GIRARDEAU
publié le 22 novembre 2009 à 20h18
(mis à jour le 23 novembre 2009 à 16h26)

«Je dessine xkcd , une bande dessinée en ligne à propos de bonshommes allumettes qui font des maths, jouent avec des agrafeuses, s'amusent sur Internet, et pratiquent beaucoup le sexe. C'est autobiographique aux trois quarts environ.» Ainsi se confiait, au New Yorker , Randall Munroe, l'auteur de xkcd , l'un des comic strips les plus célèbres du Net, et référence pour la population dite geek. Tous les lundis, mercredis et vendredis, à minuit, il publie un dessin. Une réflexion ou une anecdote sur la vie. Sur l'amour comme sur le jeu Guitar Hero . Sur la mort comme sur le gourou du logiciel libre Richard Stallman.

Un jour de septembre 2005, alors âgé de 22 ans, et consultant en robotique pour la Nasa, Munroe tombe sur les dessins et gribouillis dont il recouvrait ses notes de cours de maths. Il décide de les scanner et de les mettre en ligne. Devant le succès du site il se résout à «se mettre plus sérieusement à dessiner» . En quelques mois, le culte est né. Aujourd'hui, xkcd.com reçoit jusqu'à 500 000 visiteurs par jour, et fait vivre trois personnes. Les revenus proviennent de la vente de produits dérivés (tee-shirts, posters, etc.). Depuis fin septembre, il existe également un livre xkcd: volume 0 .

Xkcd n'est pas un acronyme. Munroe s'amuse de ce choix qui ne représente rien d'autre que quatre caractères. Xkcd, c'est quelques cases, des personnages croqués très simplement, le plus souvent en noir et blanc. C'est un ton, parfois sarcastique, parfois tendre, souvent absurde et drôle. Et c'est une palette de thèmes : Facebook, les attaques de vélociraptors, le sexe, Wikipédia, les fractales, le sudoku ou les tortues Ninja. La plupart des références sont compréhensibles par tous. Ainsi la planche «Scrabble» . A l'image : une partie du célèbre jeu en vue subjective. Sur le plateau, deux lettres posées : «MI». Dans les mains du narrateur : «CLTORIS». En commentaire : «Ça m'arrive toujours quand je joue au Scrabble en famille.» Mais certaines sont très pointues, telle la blague autour de «sudo» , une commande informatique sous Linux.

Publiées sous la licence Creative Commons 2.5 (qui autorise la duplication et le remix d'une œuvre à des fins non commerciales), les planches de Munroe sont traduites bénévolement par des fans du monde entier. On trouve ainsi des versions (non officielles) en espagnol, russe, en allemand. Et en français aussi depuis décembre 2008. Conscient des difficultés de traduction (de l'humour en général, du langage geek en particulier), Philippe Gambette a eu l'idée de développer une interface collaborative. N'importe qui peut proposer une traduction, des modérateurs valident et, aujourd'hui, 98% des planches sont disponibles.

Xkcd vient tout juste de connaître l'ultime consécration. Sur le site américain Wired , le blogueur Matt Blum a publié «Les 10 lois geek qui devraient exister mais qui n'existent pas.» Et la loi de Munroe se classe n°1 : «Dans un débat geek, celui qui arrive à citer Xkcd pour étayer sa position gagne automatiquement.»

_ Code Talkers, , par Randall Munroe

_ Nowhere, , par Randall Munroe

_ Sandwich , par Randall Munroe

_ The difference , par Randall Munroe

_ Penises , par Randall Munroe

(Paru dans Libération le 21 novembre2009) Version longue

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