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Libération

Y a comme un «Geek»

Le magazine des fous d’informatique, de SF et de jeux vidéo publie son troisième numéro.
par Alexandre Hervaud
publié le 28 septembre 2009 à 10h18
(mis à jour le 28 septembre 2009 à 14h28)

Dimanche dernier, l'émission 7 à voir , présentée par Samuel Etienne sur France 3, mettait les pieds dans l'écran plat et posait LA question qui fâche : «Ils sont comme nous, mais un peu différents […]. En quelques années, les geeks sont passés du statut de paria à celui d'icônes des années 2000 […]. Sont-ils en train de prendre le pouvoir ?» Mais oui, tu l'as dit, Buffy ! D'ailleurs, c'est presque déjà le cas puisque François Fillon himself s'autoproclamait «vrai geek» en juin dernier. Même s'il l'est sans doute autant que Brice Hortefeux est amateur de raï, cette confession intime avait le mérite de prouver une chose : être geek en 2009 (comprendre passionné d'informatique, de science-fiction, de jeux vidéo, de cinéma fantastique, etc.) ne relève plus de l'exception, mais de la banalité.

Or, si les complexes du geek ont fait long feu, il manquait encore une vraie publication généraliste s'intéressant à tous les aspects de la geek way of life . Depuis mai dernier, le magazine Geek tente, avec un talent certain, d'occuper ce créneau.

Certes, la presse française ne manque pas de publication destinée à ce lectorat ( Mad Movies, Amusement, Chronic'art , etc.), mais pour Christian Ung, cofondateur du magazine, ces titres versent plutôt dans «les niches» , et pas dans «le global» . Cet Américain de 31 ans, domicilié depuis plusieurs années à Bayonne, s'est donc offert la licence du magazine américain Geek Monthly , en activité depuis 2006, pour lancer ce bimensuel hexagonal dont le troisième numéro vient de sortir en kiosques. Au sommaire : Alexandre Astier, la chaîne NoLife , un reportage sur la cuisine moléculaire… «On pensait au départ récupérer 70 % des articles de la version américaine, et produire les 30 % restant en France. A l'arrivée, c'est plutôt l'inverse» , explique Ung, également directeur de la rédaction.

Directeur artistique pour une marque de vêtements le jour, Ung parle de Geek comme d'un «projet passionnel, et pas un truc de banquier qui aurait vu la vague venir» . A ce jour, on ne peut pas encore parler de gagne-pain pour lui, et la gestion de ce nouveau média n'occupe que ces soirées ( «de 18 heures à 2 heures» ), d'où la parution bimensuelle. Si le siège du magazine est basé au Pays basque, les collaborateurs pigistes de ce magazine tiré à 50000 exemplaires sont quant à eux éparpillés dans toute la France. «Comme ça, on n'est pas un magazine culturel parisien de plus, même si je me mords souvent les doigts de ne pas assister à certaines avant-premières où je suis invité.»

En attendant, si les chiffres de ventes sont encourageants, Geek est confronté à un petit souci de distribution. Pas toujours évident en effet de le trouver dans les kiosques, d'autant que certains libraires semblent avoir du mal à «positionner» leurs exemplaires. «On nous trouve souvent dans le rayon cinéma-télé, mais aussi musique et parfois culture masculine, voire santé» , soupire Christian Ung. C'est aussi ça, le problème du geek: difficile de le rentrer dans une case.

Geek n°3, en kiosques, 4 euros. www.geeklemag.com

Paru dans Libération du 26 septembre 2009

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