Yahoo change (encore) de tête

publié le 17 juillet 2012 à 11h56

En panne de stratégie et de croissance depuis quatre ans, le groupe américain Yahoo a annoncé hier le débauchage d'une star de son concurrent Google, Marissa Mayer, qui occupera désormais le poste de directrice générale du site vétéran.

Marissa Mayer, 37 ans, qui prend ses fonctions aujourd'hui, est la quatrième patronne de Yahoo depuis que la marque a repoussé une offre de rachat de Microsoft en 2008. En 2009, Yahoo avait remplacé son cofondateur Jerry Yang par Carol Bartz, recrutée chez les logiciels professionnels Autodesk. En début d'année, il a confié son redressement à un ancien du groupe de paiements en ligne Paypal, Scott Thompson, rapidement poussé vers la sortie (en mai) par un investisseur activiste, le fonds Third Point de David Loeb, suite à la révélation de mensonges dans son CV.

Depuis, c'est le patron de l'activité médias du groupe, Ross Levinsohn, qui avait pris les rênes à titre intérimaire -- et semblait bien placé pour rester. La nomination surprise de Marissa Mayer, l'une des figures les plus connues du milieu high-tech américain, après 13 ans passés chez Google, a toutefois été applaudie par plusieurs figures de la Silicon Valley. Le président et cofondateur de Twitter, Jack Dorsey, s'est dit «super excité» pour le groupe et pour marissa Mayer. « Ils vont parfaitement ensemble. Félicitations Marissa!»

Même Eric Schmidt, président du conseil d'administration de Google, a tiré son chapeau après ce transfert: «Yahoo a fait un très bon choix et je suis personnellement très enthousiaste à l'idée de voir une autre femme prendre la direction d'une entreprise de haute technologie.» Marissa Mayer rejoint effectivement le cercle restreint des femmes patronnes aux Etats-Unis, et dans la high-tech en particulier, au côté de Meg Whitman (Hewlett-Packard), Ginni Rometty (IBM) et Ursula Burns (Xerox). Il y a trois mois, sa nomination au conseil d'administration du géant de la distribution Wal-Mart avait toutefois déjà signalé son influence.

Concernant les chantiers qui l'attendent, l'influent patron du fonds Andreessen Horowitz, Marc Andreessen, a jugé «très parlant de la part de Yahoo de choisir quelqu'un qui est spécialisé dans les produits. Cela peut permettre [au groupe] de redevenir novateur.» Mais Shar Van Boskirk, analyste chez Forrester Research, s'est pour sa part inquiétée de voir Yahoo prendre un énième virage peu lisible: «Ils s'étaient concentrés sur le commerce avec Scott Thompson, ces dernières semaines sur la production médias [...] et maintenant j'ai l'impression que cette nomination signifie qu'ils veulent se concentrer sur les produits, comme la messagerie, les outils de gestion des publicités, etc. Cela ne correspond pas à la vision qu'ils ont essayé de faire passer ces dernières années.»

L'expérience de Marissa Mayer porte principalement sur le développement de produits, or «le défi pour Yahoo, c'est qu'il a trop de produits, estime-t-elle encore. J'ai peur que son expertise soit [...] précisément ce qu'il faut que Yahoo! réduise.»

Marissa Mayer, vingtième employée -- et première femme -- de Google en 1999, a depuis été responsable du lancement d'une centaine de fonctionnalités et produits clé pour le moteur de recherche, Google News, Google Maps et la messagerie Gmail. On lui prête une grande influence dans la conception très dépouillée de la page d'accueil du moteur de recherche Google, qui constitue l'identité la plus visible du groupe pour les internautes. À Mountain View, elle a aussi fondé un programme visant à embaucher des centaines de jeunes diplômés en informatique prometteurs, dans l'idée de les former à des fonctions de direction.

L'an dernier, Marissa Mayer avait été distinguée par le magazine Fortune parmi les «40 moins de 40 ans» à surveiller dans le monde des affaires, aux côtés notamment de Mark Zuckerberg, le patron fondateur de Facebook, et de Larry Page. Depuis quatre ans, Fortune la classe aussi parmi les 50 femmes les plus puissantes du monde des affaires.

( AFP )

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