YouTube et les artistes français: Sacem à la folie

par Alexandre Hervaud
publié le 30 septembre 2010 à 17h28
(mis à jour le 30 septembre 2010 à 17h29)

Au printemps dernier, YouTube devait faire face à une fronde des plusieurs sociétés européennes représentant les ayants droit, parmi lesquelles la Sacem . Motif du courroux en ce qui concerne la société française : le non avancement des négociations avec la plateforme vidéo de Google, débutées en 2007, pour aboutir à un accord sur la rémunération des artistes.

Plus d'un an après, la Société des auteurs, compositeurs et éditeurs de musique s'affiche main dans la main avec YouTube en annonçant «la signature du premier accord avec une société d'auteurs en France pour la plateforme» , valable jusqu'à fin 2012. L'accord concerne le « répertoire musical mondial, et notamment les répertoires anglo-américains des éditeurs multinationaux, ainsi que des autres œuvres gérées par la SACEM » . YouTube poursuit ainsi sa politique d'accords puisqu'en l'espace d'un an, pas moins de huit sociétés d'auteurs (en comptant la Sacem) ont pu faire affaire avec le géant de la vidéo en ligne. Parmi elles, on trouve la société britannique PRS dont le bras de fer avec YouTube avait provoqué de gros débats, même entre artistes, outre-Manche.

Difficile d'en savoir beaucoup sur la nature de l'accord annoncé aujourd'hui. L'an dernier, Catherine Kerr-Vignale, membre du directoire de la Sacem et responsable des perceptions,  déclarait à Ecrans que les propositions de YouTube n'étaient pas adaptées, car fondés sur des bases forfaitaires et non proportionnelles (comprendre : la société d'auteur reçoit une somme fixe par clip, quel que soit son nombre de vues). «L'option d'un pourcentage sur les recettes publicitaires nous semble plus adaptée que celle d'un montant, même minime, perçu lors de chaque lecture» , expliquait alors Mme Kerr-Vignale.

Les exigences d'alors de la Sacem ont-elles été entendues par Youtbe? «Nous sommes liés à Google par une clause de confidentialité» , nous explique Caroline Champarnaud, Directrice du Département des Droits Phonographiques et Numériques. On n'en saura donc pas plus, si ce n'est que, caractère rétroactif oblige, les auteurs (mais également réalisateurs de clips, humoristes...) devraient donc toucher des droits sur les œuvres publiées sur YouTube depuis son lancement. Un modèle jugé «innovant mais complexe» par Bernard Miyet, Président du Directoire de la Sacem.

Pour illustrer cette belle amitié franco-américaine, quoi de mieux qu'inviter dans le communiqué de presse le chouchou des stars hip-hop US, David Guetta himself , actif sur YouTube depuis 2007. La tête de gondole de l'electro mainstream y va en effet de sa déclaration optimiste : «c'est une nouvelle et grande aventure pour nous tous les artistes, et qui participe à une plus grande reconnaissance de notre travail.» Désormais, une œuvre comme One week with David Guetta (que le descriptif présente comme «filmé et réalisé par David Guetta. Musique par David Guetta» ), du haut de ses 250000 vues, pourra donc financer la crème de la musique française :

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