Zoom : 50 classiques de la «dataviz»

par Camille Gévaudan
publié le 26 juin 2012 à 16h53

La data visualization -- l'art d'organiser les données sous forme graphique -- se pratique de plus en plus souvent sur Internet: c'est là qu'on l'apprivoise facilement, grâce aux nombreux outils permettant de construire une infographie en quelques clics, là aussi qu'on exploite le mieux son potentiel interactif, et là encore qu'elle circule le plus vite, grâce aux réseaux de blogueurs passionnés de graphisme. Mais la semaine dernière, c'est un lieu bien physique qui a mis la «dataviz» à l'honneur. Sept jours durant, l'agence numérique La Fonderie a investi le pittoresque campus des Cordeliers , à Paris, pour y exposer en grand format une cinquantaine d'infographies parmi les plus marquantes de ces dernières années.

Toutes ou presque restent visibles sur le site de l'«Expoviz» ... L'occasion, pour les novices comme pour les amateurs, de réviser leurs classiques.

« The True Size of Africa », par Kai Krause, corrige notre tendance à sous-estimer la superficie du continent africain... qui peut en réalité «contenir les États-Unis, la Chine, l'Inde, le Japon et l'Europe en même temps !»

Ce que propose la dataviz, expliquent les organisateurs de l'événement, c'est finalement «une cartographie de l'information qui nous permet de nous repérer lorsque nous sommes perplexes, ou perdus dans les données.» On n'est donc pas étonnés de constater que «les cartes géographiques sont un des outils de représentation préférés des datavisualiseurs, qui déclinent à l'infini cette métaphore pour représenter autrement le monde» . Les lignes de train et de métro sont particulièrement prisées, comme en témoigne la sélection d'infographies qui peuplaient la thématique « Revisiter ».

« Sous la peau », qui illustre les différents systèmes du corps humain, les vins de France selon leur origine géographique et les routes américaines en lignes de métro .

La carte émotionnelle de l'Est parisien , quant à elle, est le fruit d'un projet que nous avions déjà évoqué sur Ecrans.fr : en 2008, l'artiste Christian Nold avait proposé aux citadins de plusieurs villes majeures à travers le monde de se balader équipés d'un GPS et d'un capteur fixé sur deux doigts. À chaque émotion ressentie -- stress, surprise... --, l'épiderme sécrète une micro sudation qui augmente la conductibilité de la peau, et le capteur enregistre le signal électrique.

Les zones en rouge sont les plus excitantes : découverte d'un alléchant marchand de crêpes, peur de se prendre un ballon perdu en passant près d'un groupe d'enfants jouant au foot...

Les infographies basées sur des données d'actualité sont souvent plus instructives que limpides. Le graphique Great Walls Now nous rappelle ainsi que mis bout à bout, tous les murs actuellement dressés pour restreindre les mouvements de population à travers le monde sont presque aussi longs que le diamètre de la Terre. De même, Germany's Big Six-O tente de dessiner 60 ans d'histoire économique, d'emploi et de chômage en Allemagne. Une mine d'informations, mais très dense...

Trésor pour les datajournalistes, les graphiques d'actualité peuvent «incarner les données d'une manière visuelle plus réaliste et plus proche de notre quotidien, ou de nos préoccupations, pour provoquer une réaction du spectateur, le mettre en état de choc et lui permettre ainsi de retenir instantanément un chiffre méconnu, ou une information étonnante.»

Des millions d'internautes ont ainsi été ébahis de découvrir les sommes astronomiques mises en scènes dans le Billion Dollar-a-Gram de David McCandless. On y apprécie mieux les rapports parfois délirants entre le coût de la guerre américaine en Irak, les revenus de l'industrie pharmaceutique... et ce qu'il suffirait de rassembler pour nourrir tous les enfants de la Terre ou sauver la forêt amazonienne.

McCandless, star de la dataviz sur Internet, a réitéré l'expérience en 2009 , puis en livres sterling , en euros et en français ... Poussant le jeu jusqu'au bout, il en a même tiré une version vidéo où les sommes d'argent tombent à l'écran comme des pièces de Tetris pour amplifier encore l'effet de surprise généré par la comparaison des superficies. «Il ne faut pas se priver de jouer avec les données , expliquait McCandless en conférence , vendredi dernier : c'est rigolo et ça rentre mieux.»

Le modèle a inspiré la société française WeDoData, qui fournit des infographies à plusieurs médias – dont Libération –, pour illustrer la répartition des dépenses dans le budget de la France en 2012.

Signalons encore quelques croustillantes «méta-dataviz», comme cette grande « Dataviz de la dataviz » qui fait le tour des outils, formats, étapes pour créer un graphique... ou la jolie représentation de Ben Willers, qui a voulu découper sa vie en données pour l'amour des chiffres, des formes et des couleurs.

Une section exclusive au site web de l'Expoviz présente aussi une série d'exemples d'infographies interactives , diverses dans leur forme comme dans les sujets traités, qui ne donnent d'une seule envie: s'y mettre aussi.

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