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Libération

Zoom : Les super-héros du quotidien

par Astrid GIRARDEAU
publié le 21 mars 2008 à 12h59
(mis à jour le 21 mars 2008 à 13h00)

Sergio Garcia vient de Mexico il travaille comme serveur à New York et envoie chaque semaine 350 dollars à sa famille au Mexique. Il est l'un des super-héros de Dulce Pinzon, une jeune photographe mexicaine qui travaille aux Etats-Unis. Son oeuvre est dominée par la question d'identité et la nostalgie, notamment à travers l'image de l'immigrant mexicain à New York.

Son dernier projet, «Superheroes» , est composé des photographies de vingt immigrants mexicains habillés dans le costume d'un super-héros américain ou mexicain populaire sur leur lieu de travail. Chaque photographie est accompagnée d'une légende indiquant le nom du travailleur, sa ville natale au Mexique, son travail à New York et la somme qu'il ou elle envoie chaque semaine au Mexique. Pour Dulce Dinzon, il s'agit de soulever, de manière satirique, à la fois la question de notre définition de l'héroïsme et de notre ignorance et indifférence pour la main-d'œuvre qui alimente notre économie de consommation.

Paulino Cardozo, de Guerrero, travaille au déchargement de camions de légumes. Il envoie 300 dollars par semaine - DR

Elle explique : «Après le 11 septembre, la notion de "héros" a commencé à surgir de plus en plus fréquemment dans la conscience publique. A cette époque de crise nationale et mondiale, la notion a servi pour reconnaitre ceux qui ont fait preuve d'un courage extraordinaire ou d'une détermination face aux risques, parfois même prêt à sacrifier leur vie pour tenter de sauver les autres.» Mais pour elle, il semble également normal de considérer comme héros ceux qui sacrifient leur vie pour le bien des autres, mais d'une manière moins spectaculaire.

Luis Hernadez, de Veracruz, travaille dans la démolition à New York. Il envoie 200 dollars par semaine - DR

«Le travailleur immigré mexicain à New York est un parfait exemple du héros qui passe inaperçu, poursuit-elle. Il est fréquent pour un travailleur mexicain à New York de faire des heures supplémentaires dans des conditions extrêmes à très bas salaires qui sont économisées au prix de lourds sacrifices et envoyées à leurs familles et communautés au Mexique, qui comptent sur eux pour survivre. L'économie mexicaine est tranquillement devenue dépendante de l'argent envoyé par les travailleurs aux Etats-Unis. Inversement, l'économie américaine est discrètement devenue tributaire de la main-d'œuvre des immigrants mexicains.» Avec Superheroes , l'artiste souhaite avant tout rendre hommage à ces hommes et femmes au sacrifice silencieux.

Maria Luisa Romero, de Puebla, travaille dans une laverie à Brooklyn. Elle envoie 150 dollars par semaine - DR

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