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#1 Re : L'actualité d'Ecrans.fr » Moati : Mitte et réalité » 11-05-2011 01:10:06

À l'époque, contrairement à ce que suggérait Moati, j'ai pourtant voté Mitterrand contre Guy Lux, contre la bêtise étouffante de la télé d'État incarnée en particulier par Guy Lux. On se rappelle les polarisations politiques, le programme commun de la Gauche, la naissance du conflit Chirac-Giscard, mais on ne parle plus jamais de la quasi guerre civile qui opposait dans les lycées et les universités la France de Guy Lux et la France de Guy Bedos, la France des lecteurs de Podium et la France des lecteurs d'Antirouille, la France de "la Danse des canards" et la France de "la Salsa". Or, petits amis qui n'étiez pas nés à l'époque, sachez que les tensions étaient si vives que je peux me souvenir de m'être réjoui dans ma vie de la mort de deux hommes : celle de Claude François et celle d'Osama Ben Laden. Cette joie profonde, animale, éhontée n'a pas pris une ride, et est encore là pour résister aux valeurs nostalgiques & consensuelles qui sous-tendent les gentils films de distraction qui évoquent cette période, comme Podium de Benoît Poelvorde.

#2 Re : L'actualité d'Ecrans.fr » Cyberdépendance : un enjeu en ligne de mire » 08-09-2010 15:56:52

Les libertés individuelles sont toujours à la mode pour qui veut être libre.

#3 Re : L'actualité d'Ecrans.fr » Cyberdépendance : un enjeu en ligne de mire » 08-09-2010 14:41:51

Que faire ? demande un internaute dont le message semble avoir disparu au moment où j'envoie cette réponse. Ben rien, justement. Appliquer l'excellent principe dit "du foutage de paix".

Cf. les articles 4 et 5 de la déclaration des droits de l'homme et du citoyen :

Article 4 - La liberté consiste à pouvoir faire tout ce qui ne nuit pas à autrui: ainsi, l’exercice des droits naturels de chaque homme n’a de bornes que celles qui assurent aux autres membres de la société la jouissance de ces mêmes droits. Ces bornes ne peuvent être déterminées que par la loi.

Article 5 - La loi n’a le droit de défendre que les actions nuisibles à la société. Tout ce qui n’est pas défendu par la loi ne peut être empêché, et nul ne peut être contraint à faire ce qu’elle n’ordonne pas.

#4 Re : L'actualité d'Ecrans.fr » Cyberdépendance : un enjeu en ligne de mire » 22-03-2010 00:41:03

C'est très sensé ce que vous dites là, mendiburu, très raisonnable, et je suis heureux de voir qu'il y a de la connivence culturelle entre nous : moi aussi j'ai connu Dungeons & Dragons, les magazines White Dwarf, Casus Belli, Runes… et la polémique planétaire anti-jeu de rôles lancée et tenue à bout de bras par Patricia Pulling, une merdeuf bien nuisible liée à l'extrême-droite chrétienne US.

Mais justement, ce que j'ai envie de vous reprocher ce soir c'est d'être sensé et raisonnable. Si ce débat était une action militaire vous seriez confortablement installé à l'arrière pendant que des enragés comme moi se risquent sur la ligne de front, là où ça fait mal, là où les mots fâchent.

Je suis sur une position au fond très voltairienne. Voltaire, pour lutter pour la liberté, contre la censure, disait (citation aproximative) : "je n'aime pas ce que vous dites, mais je me suis prêt à mourir pour que vous ayez le droit de le dire". De même, on peut ne pas aimer certaines formes de pornographie mais c'est un devoir de citoyen de défendre les émules de Larry Flint contre les censeurs bien intentionnés.

Et donc, ces ados qui s'isolent éventuellement trop dans leur passion (puisque vous me ramenez sur le territoire des ados au comportement excessif), il faut que des gens de nos âges parlent pour eux contre les adultes normalisateurs que sont les parents, psy, profs, prêtres, etc. qui sont la plupart du temps bourrés de bonnes intentions et porteurs de projets de vie social-conformes et destructeurs d'individualités. Il faut faire entendre une petite voix différente, il faut travailler à faire savoir qu'il existe d'autres possibilités que les trajets de vie promus par notre société, notre État nataliste soucieux de sa puissance et de son identité nationale, et la plupart des familles de notre beau pays qui ne sont jamais aussi toxiques que quand elles s'organisent en associations.

Sur la question du choix de ne pas avoir d'enfants, plus particulièrement, qui est un choix excellent pour quelqu'un qui veut disposer de temps autonome pour se construire une vie basée sur ses passions, eh bien il est toujours difficile de faire et de se tenir à ce choix-là, car on est presque toujours l'enfant de personnes qui justement en ont voulus, eux, des enfants. Et donc faire le choix de ne pas en avoir, défendre ce choix face à son entourage et en public, ça se fait presque toujours dans le conflit. Même quand (surtout quand ?) on est hétérosexuel.

Donc je vous accorde que s'isoler devant l'ordinateur parce qu'on est mal, il vaut peut-être mieux que ça ne dure pas et que cela se termine comme dans votre cas par la reprise de contact avec les autres, mais c'est peut-être quand même sur le moment LA bonne chose à faire face à l'adversité. Il faut accepter et dire haut et fort que les gens qui adoptent cette attitude ont très probablement raison. Y compris quand ils sont ados et que l'adversité c'est une famille qui ne leur veut que du bien mais dont ils doivent se désintoxiquer.

Dans ces cas-là, j'imagine que cela peut être un précieux bol d'air que d'être soutenu par un discours d'adulte opposé aux valeurs familiales. Or ce discours d'opposition aux valeurs familiales nous était facilement accessible au temps de notre folle jeunesse, mais il n'apparaît presque plus sur les écrans de ce début de siècle. D'où mon appel initial à un débat sur le thème : "Dépendance à la famille, et si on en parlait sur les écrans ?"

CQFD ;-) Bonne nuit.

#5 Re : L'actualité d'Ecrans.fr » Cyberdépendance : un enjeu en ligne de mire » 21-03-2010 21:52:41

mendiburu a écrit :

Quand tu donnes au jeu des dizaines d'heures/semaines et que tu en arrives à ne plus rien apprécier sauf ça, que ça remplace tout le reste, je trouve juste que ça ressemble à de la drogue que tu n'arrives plus à contrôler.

Cette chose qui ressemble a de la drogue un nom : je l'appelle "passion". Donc le débat oppose d'après moi la passion et le social. Dans ce débat, je défends ceux qui préfèrent leur passion au social, y compris quand ils le font sans modération.

mendiburu a écrit :

ou on légifère pour aider ceux qui ne sont pas capable de s'en sortir seul et du coup on fait chier ceux qui savent gèrer leur consommation...

Nietzsche appellerait cette deuxième option la victoire des faibles sur les forts. En ce qui concerne les drogues drogues (produits chimiques), c'est trop tard, les faibles ont gagné quasiment définitivement quand nous n'étions même pas nés. L'esprit qui a inspiré la loi de 1970 est précisément la volonté affichée par le pouvoir gaulliste de l'époque de lutter contre la désocialisation. Mais on peut encore espérer que l'État ne se mêle pas des passions là où aucun produit chimique n'est en jeu, et on peut encore espérer avec Nietzsche que les forts augmentent leur puissance et parviennent à adopter les stratégies qui leur permettront de résister aux injonctions sociales et familiales afin de vivre leur passion à fond.

Je pense que le terrain sur lequel il est utile de prendre position n'est pas celui des ados, mais celui des trentenaires. Et j'estime que "fonder une famille" est un choix tellement consommateur de liberté et de temps autonome qu'il est incompatible avec toute passion culturelle, dont la passion du jeu. De cela, on peut débattre. Sans agressivité, en effet.

#6 Re : L'actualité d'Ecrans.fr » Cyberdépendance : un enjeu en ligne de mire » 21-03-2010 21:07:35

Réaction immédiate et assez peu courtoise, mais qui ne me surprend guère. Mon père était syndicaliste dans l'industrie et a dû lui aussi faire face à des emmerdeurs.

Les siens étaient tout juste payés au SMIC et supportaient mal que le syndicat aille à l'affrontement et à la grève pour revendiquer l'augmentation des salaires : ils s'estimaient suffisamment rémunérés pour ce qu'ils faisaient et ne voulaient surtout pas prendre le risque de déplaire à leur gentil patron.

Mon emmerdeuse à moi est une superwoman, mère de deux enfants exerçant un job a plein temps, et elle m'en veut d'aller au front pour revendiquer du temps pour les trentenaires : elle estime qu'elle en a assez, du temps, pour vivre sa vie de maman-travailleuse-gameuse, et elle ne veut surtout pas prendre le risque de déplaire à…

Mais à qui au juste ne veut-elle pas déplaire ? Qui donc lui fait aimer sa vie addictée au job et à la maternité au point de se sentir remise en cause par une prise de position qui ne l'attaquait pas personnellement ? Sa mère, son mari, son patron, ses enfants-rois, son docteur, son psy, son modafinil ? Là, c'est vrai, je ne comprends pas ce qui se passe et je n'ai pas la réponse. Sur ma porte d'entrée, il n'y a pas écrit Sigmund Freud.

#7 Re : L'actualité d'Ecrans.fr » Cyberdépendance : un enjeu en ligne de mire » 21-03-2010 19:18:41

"Dépendance aux écrans, et si on en parlait en famille ?" C'est une bonne idée d'avoir organisé un tel débat. Mais l'idée de génie aurait été de débattre de la chose suivante : "Dépendance à la famille, et si on en parlait sur les écrans ?" Les lieux virtuels où on peut remettre en question l'emprise de la famille sur la vie des individus ne sont en effet pas légion, ni à la télé ni sur le Net. Et pourtant, il y aurait bien des choses à débattre. Tiens, celle-ci, par exemple : est-il bien normal que tout le temps autonome accordé aux ados par la société soit confisqué aux individus qui atteignent la trentaine, parce qu'à cet âge-là il "faut" fonder une famille (donc passer beaucoup de son temps à s'occuper d'enfants), et qu'il "faut" aussi plaire à son entreprise, ne serait-ce que pour gagner l'argent qui permettra de nourrir cette famille (donc passer beaucoup de son temps à remplir les objectifs imposés par les actionnaires) ?

La pratique du jeu vidéo — comme la lecture, comme le cinéma, comme la pratique musicale, comme la pratique théâtrale, etc. — est une passion qui demande du temps, et — horreur ! — ce temps n'est ni social ni productif. (Variante : il écarte de la voie du salut.) Donc, bien sûr, les "adultes responsables" s'en mêlent : parents, psycho-machins, socio-trucs, médecins, prêtres et autres chiens de garde de notre époque post-moderne.

Well, fuck them.

Qu'ils crèvent !

Et pour bien les baiser, pour bien les laisser crever sur place, le joueur passionné (ou le lecteur passionné, ou le musicien passionné, etc.) doit envisager sérieusement, le plus tôt possible, avant que ce ne soit trop tard et qu'on lui ait passé la corde au cou, de ne pas travailler pour l'appareil de production et d'échapper à l'obligation de reproduction.

Il existe d'autres possibilités : on PEUT gagner sa vie en dehors de l'entreprise, on PEUT vivre une vie pleine, libre et insoumise sans avoir d'enfants. Ce n'est qu'une question d'organisation et de connaissance de son propre désir. Le jeu vidéo, outil de fuite, peut facilement devenir un outil d'insoumission. Joueurs, ne lâchez rien à l'adversaire. Organisez-vous pour continuer à disposer de ce temps d'écran que la société et vos familles vous refusent.

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