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#1 Re : L'actualité d'Ecrans.fr » Pétition contre la numérisation des oeuvres indisponibles du XXe siècle » 24-02-2012 13:30:57

goom a écrit :
Lucie a écrit :
goom a écrit :

"Lorsqu’un livre est inscrit dans la base de données mentionnée à l’article L. 134‑2 depuis plus de six mois, le droit d’autoriser sa reproduction et sa représentation sous une forme numérique est exercé par une société de perception et de répartition des droits"

Moi je comprends que la société de perception et de répartition des droits autorise la reproduction sous forme numérique et autorise la représentation sous forme numérique. Ce n'est pas elle qui fait de la numérisation (ce n'est pas dans ses attributions dans la proposition de loi)

Non, c'est l'inverse : "le droit (...) est exercé par une société", il n'est pas "donné" par cette société. C'est la société qui l'exerce. Elle n'a rien à autoriser, elle "est autorisée à".

Je t'accorde que le langage juridique, c'est une plaie !

Toujours pas d'accord. La loi dans l'article en question permet à la SPRD à exercer le droit d'autoriser (...). Autrement dit moi, éditeur numérique (ce que je ne suis pas ;-) ) je veux éditer numériquement un livre dans la base de données en question, je me tourne alors avec cette SPRD en lui demandant de m'autoriser à reproduire et représenter sous forme numérique. Si elle m'accorde ce droit la loi dit même dans quelles conditions "Sauf dans le cas prévu au troisième alinéa de l’article L. 134‑5, la reproduction et la représentation du livre sous une forme numérique sont autorisées, moyennant une rémunération, à titre non exclusif et pour une durée limitée à cinq ans, renouvelable."

Ensuite c'est à moi, éditeur numérique (que je ne suis toujours pas), de me prendre en main pour réaliser l'e-book (numérisation comprise)

Preuve que c'est bien un droit d'autorisation, c'est écrit plus loin dans la loi " Art. L. 134‑4. – I. – L’auteur d’un livre indisponible ou l’éditeur disposant du droit de reproduction sous une forme imprimée de ce livre peut s’opposer à l’exercice du droit d’autorisation mentionné au premier alinéa du I de l’article L. 134‑3 "

Je croyais que j'avais répondu à ce post.

Oui, en effet, je me serais bien plantée. Ça veut dire que j'ai oublié un intermédiaire supplémentaire qui se sucrera au passage :-(

On est de plus en plus loin de la mise à disposition gratuite des produits culturels !

#2 Re : L'actualité d'Ecrans.fr » Pétition contre la numérisation des oeuvres indisponibles du XXe siècle » 24-02-2012 13:12:34

ASG a écrit :

OK avec toi, Lucie, sauf sur un point :

Lucie a écrit :

D'autre part, à propos de l'auteur qui "VEUT généralement que son texte continue à vivre"... ben, pas forcément. On peut vouloir que les lecteurs oublient l'existence des oeuvres de jeunesse, vraiment trop mauvaises, ou bien des bouquins alimentaires écrits à la va-vite. On peut avoir changé d'avis sur une thématique polémique (politique ou autre), soit qu'on ait carrément viré de bord, soit plus simplement qu'on ait découvert que le sujet était plus complexe qu'on le croyait, et ne pas vouloir que les vieux textes soient à nouveau disponibles.

Tu noteras que j'avais aussi écrit "généralement" car, effectivement, tout le monde est différent et certains auteurs auront certainement une vision différente de la chose.

Oui, c'est vrai, tu avais écrit "généralement" :-)

ASG a écrit :

Cela étant dit, je t'ai déjà vu écrire ce genre de réaction.

J'ai un peu tendance à insister sur ce point, parce que depuis quelques jours que ça discute à bâtons rompus sur le sujet, j'ai eu beaucoup d'interlocuteurs pour qui l'idée qu'on puisse ne pas souhaiter qu'un vieux texte soit réédité était inconcevable. Du coup, si on rajoute à cela le fait que je suis un peu gâteuse j'ai tendance à me répéter, désolée ^^

ASG a écrit :

Si je peux comprendre qu'un auteur puisse avoir des regrets (si je puis dire) et remettre en cause certains de ses choix artistiques (ça m'est d'ailleurs déjà arrivé), je suis néanmoins d'avis qu'une fois un texte publié, il glisse automatiquement hors du contrôle de l'auteur en devenant un élément culturel "fixe".

Alors attention, car ici je fais une distinction importante entre le fond et la forme. Pour moi l'auteur détiendra bien sûr toujours ses droits mais sur le fond du texte, par sur sa forme. C'est à dire qu'une fois paru, un livre (ou une nouvelle ou que sais-je) ne peut plus être modifié(e) sauf, bien sûr, si l'auteur décide de remanier et rééditer le texte. Si l'original est toujours en circulation, cependant (sur le marché de l'occasion, par exemple) il ne peut pas vraiment y faire grand-chose. On peut le regretter, mais je pense que c'est normal. Après tout, lors d'une réédition, un auteur peut parfaitement expliquer les raisons de cette réédition et le fait qu'il n'approuve plus la version originale (comme cela s'est déjà vu, d'ailleurs). Et cela peut en outre enrichir notre culture par la suite en comparant par exemple le texte original à la version "approuvée" pour en étudier les différences.

Ah mais je suis tout à fait d'accord sur le "fixe", et sur le marché de l'occasion (dès mon adolescence, j'ai constitué ma bibliothèque grâce aux bouquinistes, ou encore aux prêts d'amis, ou de bibliothèques). Mais cette loi introduit une quasi obligation de réédition, et ça n'est plus fixe du tout. Et cette réédition se fera sans regard éditorial, d'une part, et sans possibilité pour l'auteur de remanier son texte, de l'autre. Enfin, elle se fera sans contrat, sans même qu'on pose la question à l'auteur "êtes-vous d'accord pour...?"

ASG a écrit :

Maintenant cela ne signifie pas pour autant que cette nouvelle loi soit une bonne chose, je continue et continuerai à m'y opposer car elle bafoue la loi d'une manière générale. Mais je trouve raisonnable d'au moins attendre le décès de l'auteur pour rediffuser un texte auquel on le savait opposé (ne serait-ce que par courtoisie), c'est un minimum (pour les 70 ans, par contre, je suis d'accord que c'est un peu excessif !)

Ben finalement, on est complètement d'accord ;-)

#3 Re : L'actualité d'Ecrans.fr » Pétition contre la numérisation des oeuvres indisponibles du XXe siècle » 24-02-2012 09:27:45

IL semble qu'il y ait plusieurs malentendus :

Ce qu'on appelle "droit d'auteur" n'est pas la rémunération, mais le droit (au sens juridique) de l'auteur par rapport à son texte. Il comprend la rémunération pour la publication. L'auteur qui est payé au pourcentage n'est en fait pas payé pour avoir écrit son texte, mais il est payé pour avoir cédé à l'éditeur le droit de publier son texte. Et selon les contrats, c'est effectivement très variables.

D'autre part, la comparaison avec l'art me chiffonne sur un point : les livres publiés sont loin d'être tous de la fiction. La littérature ne concerne qu'un faible pourcentage (j'avais eu les chiffres à une époque, mais je ne les retrouve pas) des sept cents bouquins qui paraissent chaque semaine. Donc l'art, oui, mais pas seulement. La situation de l'édition est bien plus complexe. On pourrait la comparer, je pense, au cinéma, avec ses documentaires parfois sur commande, ses films à grand spectacle, et toute une gamme de courts, moyens et longs métrages entre deux.

Du coup, dans ces sept cents bouquins par semaine (vous imaginez la quantité pour une année ? Et pour un siècle ?), on trouve de tout, et tous les modes de rémunération : pourcentage du prix hors taxes, le plus fréquent pour un auteur unique, somme forfaitaire pour les divers auteurs d'une anthologie de nouvelles ou d'un recueil collectif d'essais, etc. Et, le droit d'auteur, lui, stipule ce que l'auteur a cédé et ce qu'il a conservé, en termes d'exclusivité. En clair, un auteur qui publie une nouvelle dans une anthologie est payé une somme fixe pour avoir accordé à l'éditeur l'autorisation de publier son texte et il a le droit de republier celui-ci ailleurs, dans un recueil personnel, en ligne ou dans une autre anthologie, à partir d'un certain délai après parution -- ou après signature du contrat, c'est selon.
Il y a aussi ce qu'on appelle les droits dérivés, en cas d'adaptation cinématographie, télévisuelle, BD, jeu de rôle ou jeu en ligne, etc. Ils peuvent faire l'objet d'un avenant au contrat ou avoir été prévus dès le départ. Tout comme la publication en numérique. Si l'éditeur prévoit de publier ses livres en numérique, cela doit être précisé sur le contrat.
Dans d'autres cas, on peut être rémunéré avec une somme fixe en s'engageant à ne pas republier le texte ailleurs, on cède ses droit à l'éditeur. On ne lui cède pas l'argent, non, il s'agit du droit à disposer de son texte. C'est souvent le cas pour les encyclopédies, les manuels techniques, etc. Si l'éditeur fait faillite, le Droit (majuscule, la Loi, etc.) dit que l'auteur reprend ses droits (le droit de faire ce qu'il veut avec son texte, pas ses sous)
En France, donc, le droit d'auteur est très différent du copyright, c'est presque l'opposé. Et les auteurs sont parfois plus sourcilleux avec les droits annexes qu'avec la rémunération.
Parce qu'un écrit, c'est vivant. L'un des auteurs de l'antho dont je vous ai mis le lien a eu, peu après qu'on ait fini le travail littéraire, une idée de roman dérivé de sa nouvelle. Vous imaginez si notre éditeur exigeait l'exclusivité ? Interdisait à cet auteur de publier ce roman ? Et si l'auteur d'un essai n'avait pas le droit de publier ailleurs un autre essai sur le même thème, quelques années plus tard, années durant lesquelles il aurait enrichi sa réflexion ?
Ce que je dis n'est pas vrai pour tous les auteurs. Pour certains, une fois un texte fini, il est comme gravé dans le marbre. Parce qu'on est tous différents et que la création littéraire est riche et variée.

D'autre part, à propos de l'auteur qui "VEUT généralement que son texte continue à vivre"... ben, pas forcément. On peut vouloir que les lecteurs oublient l'existence des oeuvres de jeunesse, vraiment trop mauvaises, ou bien des bouquins alimentaires écrits à la va-vite. On peut avoir changé d'avis sur une thématique polémique (politique ou autre), soit qu'on ait carrément viré de bord, soit plus simplement qu'on ait découvert que le sujet était plus complexe qu'on le croyait, et ne pas vouloir que les vieux textes soient à nouveau disponibles. Tout cela fait partie du droit de l'auteur. Et le domaine public sert à ça : à ce que toutes les oeuvres écrites soient disponibles. En ce sens, le fait qu'on attende un délai après la mort de l'auteur me paraît une bonne chose. (Si l'auteur renie un bouquin, on peut attendre avant de se ruer dessus. Sept cents bouquins par semaine, c'est pas comme si on manquait de came !) Mais soixante-dix ans, non, c'est une aberration.
En ce qui concerne la numérisation des oeuvres indisponibles du XXe siècle, le fait de republier des livres sans avoir auparavant demander leur accord aux auteurs et sans leur proposer un contrat d'édition est une grave atteinte au droit d'auteur (au sens juridique, non pas au sens rémunération). C'est aussi une façon pour les éditeurs -- ancien éditeur papier, éditeur numérique pressenti par la SPRD ? Il y a un flou savamment entretenu, là -- de s'approprier les droits dérivés qu'ils n'ont jamais possédés ou dont ils se sont dépossédés en cessant d'exploiter l'ouvrage. Or, on tourne de plus en plus de films, de séries TV, on sort de plus en plus de BD, de jeux vidéos, tirés de romans. Et du coup, ces éditeurs qui n'ont aucun droit sur ces romans se voient littéralement crédités d'une sorte de copyright à la française qui peut leur permettre de toucher le gros lot, non pas une fois, mais des dizaines de milliers de fois (le npmbres d'oeuvres indisponibles du XXe siècle à numériser est estimé à 500 à 700 000 exemplaires).

Et puis merde ! Tout cela doit être financé avec 50 millions d'euros tirés du "grand emprunt". Vous trouvez normal de faire gagner de l'argent à des entreprises privées, de payer des gens parce qu'ils ne font plus leur boulot (les éditeurs qui ne commercialisent plus les bouquins) tout cela grâce à l'argent public ? Moi pas. Je suis peut-être une incurable naïve, mais j'ai des centaines d'idées de dépense bien plus appropriés, pour un pays comme la France.

#4 Re : L'actualité d'Ecrans.fr » Pétition contre la numérisation des oeuvres indisponibles du XXe siècle » 23-02-2012 20:12:37

La citation, c'est la phrase de l'homme qui n'a pas d'idée.

Lucie Chenu

edit : ou de la femme, hein, on va dire "de l'humain, voire du sapiens, ET inclus"

#5 Re : L'actualité d'Ecrans.fr » Pétition contre la numérisation des oeuvres indisponibles du XXe siècle » 22-02-2012 13:06:49

goom a écrit :

"Lorsqu’un livre est inscrit dans la base de données mentionnée à l’article L. 134‑2 depuis plus de six mois, le droit d’autoriser sa reproduction et sa représentation sous une forme numérique est exercé par une société de perception et de répartition des droits"

Moi je comprends que la société de perception et de répartition des droits autorise la reproduction sous forme numérique et autorise la représentation sous forme numérique. Ce n'est pas elle qui fait de la numérisation (ce n'est pas dans ses attributions dans la proposition de loi)

Non, c'est l'inverse : "le droit (...) est exercé par une société", il n'est pas "donné" par cette société. C'est la société qui l'exerce. Elle n'a rien à autoriser, elle "est autorisée à".

Je t'accorde que le langage juridique, c'est une plaie !

#6 Re : L'actualité d'Ecrans.fr » Pétition contre la numérisation des oeuvres indisponibles du XXe siècle » 22-02-2012 13:02:24

le "couplet contre la piraterie" dit "Pour rappel, le droit d’auteur est inaliénable et confère aux auteurs et à leurs ayants droit la libre disposition de leur œuvre et de ses exploitations. C’est, entre autres, pour cette raison que vous avez statué sur le droit de copie et sur ce qu’il est convenu d’appeler piratage en matière d’œuvres numériques."
On s'adresse aux députés, on essaye de leur ouvrir les yeux et de les mettre face à leurs contradictions...
Mais je te ferai pas signer le couteau sous la gorge un texte que tu n'approuves pas à 100% :-)

#7 Re : L'actualité d'Ecrans.fr » Pétition contre la numérisation des oeuvres indisponibles du XXe siècle » 22-02-2012 11:34:00

Sauf que ça ne sera pas la maison d'édition qui aura numérisé à partir du fichier qu'elle possède, mais une société privée mise en place (et financée ?) par l'état qui l'aura fait à partir de scans. Comment faire simple quand on peut faire compliqué et comment payer quelqu'un pour un boulot qu'il ne fait pas !

#8 Re : L'actualité d'Ecrans.fr » Pétition contre la numérisation des oeuvres indisponibles du XXe siècle » 22-02-2012 11:06:54

Si vous le permettez, je vais me citer moi-même, parce qu'il y a un point que je voudrais préciser :

Lucie a écrit :
Arkos a écrit :

Alors certes, l'auteur ne décide pas comment son œuvre est publié, mais cela signifie que l’œuvre est indisponible.

En fait, non. Cela signifie que l'ouvrage est indisponible, pas l'oeuvre. Mais de nombreux auteurs commencent à éditer eux-mêmes leurs bouquins épuisés, soit gratuitement sur leurs sites ou sur d'autres, soit en les vendant par le biais de plate-formes marchandes, soit en passant par l'une ou l'autre des maisons d'édition numérique qui se créent, actuellement et proposent des romans à moins de trois euros, en versant un gros pourcentage aux auteurs, et en retravaillant le livre si besoin est. Cette loi rendra la chose très difficile.

Sans pouvoir le prouver, je suis persuadée que cette loi a pour but d'empêcher l'émergence de ces nouvelles maisons d'édition indépendantes.

Quand on y réfléchit, à l'origine de ce texte on trouve la BnF et le SNE. le président du SNE (qui, au passage, gère le Salon du Livre de Paris où, c'est la nouveauté de l'année, les auteurs sont les seuls professionnels du livre à ne plus pouvoir être accrédités s'ils n'ont pas une actualité et une dédicace ou s'ils n'ont pas cotisé à l'association des écrivains qui va bien), qui siège au conseil d'administration de la BnF, qui préside l'ADELC (association de libraires), et j'en passe, se trouve être le PDG des éditions Gallimard, l'un des plus importants groupes d'édition en France, si ce n'est en Europe. Or, ces gros groupes n'ont pas encore réellement développé le numérique. C'est pas leur truc. Et au XXe siècle, comme au début du XXIe, ils ne faisaient pas signer de clauses concernant le numérique.
Ces temps-ci, comme par hasard, les grosses boites type Gallimard ou Hachette envoient des avenants à leurs auteurs et les pressent de céder leurs droits numériques pour un pourcentage minable, compte tenu du fait que l'éditeur n'a plus de frais d'impression, de stockage, ni de distribution, ou alors minimes. Certains groupes (pas forcément Gallimard, cela dit) n'hésitent pas à recourir à des chantages du type "si vous ne signez pas cet avenant, on ne publie pas votre prochain bouquin".

Pensez-vous vraiment que ces boites voient d'un bon oeil la création de maisons d'édition numérique indépendantes qui publient à bas prix, en offrant un pourcentage décent à l'auteur, des ouvrages qui figurent à leur catalogue papier, grand format ou poche ?

Moi pas.

Il est bien entendu que tout cela n'est que supputation de ma part, des idées qui trottent dans ma tête de parano, et rien d'autre. En aucun cas je ne voudrais diffamer qui que ce soit ;-)

Mais franchement, vous voyez une autre raison de légiférer si vite sur ce sujet, alors qu'il y a tant de choses si graves actuellement dans le monde, et alors que nous entrons en période doublement électorale, présidentielles + législatives, et que l'Assemblée pourrait bien basculer à gauche, comme le Sénat ?

#9 Re : L'actualité d'Ecrans.fr » Pétition contre la numérisation des oeuvres indisponibles du XXe siècle » 22-02-2012 09:48:29

Arkos a écrit :

Je voudrais citer 2 trucs du projet de loi :

« 5° Du caractère équitable des règles de répartition des sommes perçues entre les ayants droit, qu’ils soient ou non parties au contrat d’édition. Le montant des sommes perçues par le ou les auteurs du livre ne peut être inférieur au montant des sommes perçues par l’éditeur ;

« 8°  Des moyens que la société propose de mettre en œuvre pour veiller à la défense des intérêts légitimes des ayants droit non parties au contrat d’édition.

Clairement, l'auteur est quand même avantagé par rapport à l'éditeur. Il doit toucher au minimum la même chose, et la deuxième phrase lui donne priorité (ayant droit non parties au contrat d'édition, c'est bien l'auteur, voir la personne à qui il l'a légué, non ?). Les profits n'iront donc pas uniquement à la société de perception et représentation.

Non, les profits n'iront pas uniquement à la société de perception, nous n'avons jamais dit ça. Mais l'auteur n'est pas avantagé par rapport à l'éditeur, il touchera la même chose que l'éditeur qui a cessé de commercialisé son bouquin ! Je ne comprends pas pourquoi une entreprise, parce qu'elle cesse de faire son boulot, devrait être rémunérée.

De plus, l'auteur touchera-t-il vraiment la même chose que l'éditeur ? Rien n'est moins clair. Dans Actualitté (http://www.actualitte.com/actualite/lecture-numerique/acteurs-numeriques/numerisation-des-oeuvres-indisponibles-une-loi-monstrueuse-32199.htm désolée, je n'ai pas trouvé comment faire des hyperliens élégants) il est écrit : "Autre chose, bien notable. Lorsque la société de perception va intervenir, combien va-t-elle verser à... l'éditeur ? En effet, le schéma est simple : le livre indisponible est numérisé et sera par la suite commercialisé. À ce titre, l'éditeur va percevoir un pourcentage sur le prix de vente, au titre de commerçant. Logique et normal. Soit, mais le pourcentage alloué normalement à l'auteur, où va-t-il ? Directement à la SPRD, la société de perception et de gestion des droits.
Ce montant sera ensuite réparti entre l'auteur et l'éditeur, qui devient tout à la fois membre et client de la SPRD. A ce titre, les socialistes avaient défendu que l'on fasse en sorte de bloquer à un maximum de 50 % la répartition qui s'en suivra. Une chose, peut-être la seule, qu'Hervé Gaymard et le ministre de la Culture avaient combattue intelligemment. Car enfin, que se passera-t-il ? Eh bien l'éditeur percevra deux fois, d'un côté comme marchand, de l'autre comme client de la SPRD. Et l'auteur ? Aux oubliettes, c'est tout au fond à gauche..."

Et encore une fois, le scandale n'est pas que l'on réédite en numérique des oeuvres épuisées, c'est qu'on le fasse sans demander leur avis aux auteurs, sans contrat d'édition, par l'intermédiaire d'une Sacem-like qui aura de lourds frais de fonctionnement et devra se tailler la part du lion, et donc pour un prix de vente élevé.

Arkos a écrit :

Alors certes, l'auteur ne décide pas comment son œuvre est publié, mais cela signifie que l’œuvre est indisponible.

En fait, non. Cela signifie que l'ouvrage est indisponible, pas l'oeuvre. Mais de nombreux auteurs commencent à éditer eux-mêmes leurs bouquins épuisés, soit gratuitement sur leurs sites ou sur d'autres, soit en les vendant par le biais de plate-formes marchandes, soit en passant par l'une ou l'autre des maisons d'édition numérique qui se créent, actuellement et proposent des romans à moins de trois euros, en versant un gros pourcentage aux auteurs, et en retravaillant le livre si besoin est. Cette loi rendra la chose très difficile.

Sans oublier un point : si j'ai publié une bouse au XXe siècle, je peux vouloir qu'elle ne resurgisse pas. Si j'ai publié une thèse ou un manuel technique, il y a de grandes chances pour qu'ils soient totalement obsolètes. C'est aussi à ça que sert le domaine public : à faire resurgir les bouses que leurs auteurs ont reniées ;-)

Arkos a écrit :

La retombée dans le domaine public d'une œuvre avait quand même pour but de faciliter le droit à la culture de tous. Ce n'est plus vraiment le cas avec les 70ans maintenant, mais cette proposition agit quand même dans ce sens.

Mais non !!! Justement non !!! Il n'est absolument pas question de gratuité, au contraire ! Juste de spoliation : du droit des auteurs à vivre de leur travail. Il n'est nulle part question du droit des lecteurs à accéder gratuitement à la culture.

Cela dit, je suis d'accord avec toi que le délai de 70 ans est une honte. Déjà, 50 ans, c'était trois fois trop.

Arkos a écrit :

Il faut voir après si le peuple qui veut se cultiver peut être considéré comme plus ou moins important que l'auteur qui cherche à gagner de l'argent

Les deux sont importants et l'un ne va pas sans l'autre. Pour commencer, il n'y a pas le peuple de lecteurs d'un côté, et l'élite des auteurs de l'autre. Les auteurs font partie du peuple au même titre que les boulangers, et ils comptent parmi les plus gros lecteurs.

Comment dire... S'il est une chose qui est plus importante que la culture, c'est bien de pouvoir manger à sa faim, non ? Et personne ne s'insurge de devoir payer pour acheter à manger. Alors au nom de quoi les auteurs devraient-ils fournir gratuitement le fruit de leur travail ? (Encore une fois, beaucoup le font, sous licence libre ou autrement, et cette loi les mettra dans une position difficile pour le faire.) Parce que les mots sont immatériels, que le boulanger doit payer sa farine, etc. ? Mais les auteurs aussi ont des "frais de fonctionnement". Ils achètent des bouquins pour se documenter sur tel ou tel point qu'ils abordent dans leurs ouvrages, ils achètent un ordinateur (avant, c'était une machine à écrire, et encore plus tôt une plume d'oie) et payent l'électricité pour le faire fonctionner. Ils se rendent, parfois à leurs frais, à des salons, des rencontres avec des lecteurs, et plein d'autres choses.

Il faudrait que j'essaye de retrouver les chiffres concernant ce que gagnent les auteurs, actuellement, en France. Il y a une disparité aussi énorme qu'entre l'actionnaire principal d'une grosse boite de cosmétiques et l'intérimaire qui y fait des remplacements ! Alors le coup des méchants auteurs qui veulent des sous, excuse-moi, mais ça me fait doucement rigoler.

Et encore une fois, cette loi n'a absolument pas pour but de proposer les livres à la lecture gratuitement. Il y a une énorme confusion avec un autre projet qui est de numériser et proposer en bibliothèque les oeuvres dites "orphelines", qui sont celles dont on a perdu la trace des auteurs et des ayants droit. Là, dans ce projet qui passe cet après-midi à l'Assemblée législative, il n'est nullement question des oeuvres orphelines. Il est question de TOUTES les oeuvres publiées au XXe siècle et actuellement indisponibles, soit de 1901 à 2000 inclus, que leur auteur soit mort ou vivant.

De plus, il est un point qu'il faut prendre en considération : une fois cette loi votée et son décret d'application promulgué, il sera très facile à un gouvernement d'en modifier la date d'application et de décréter (oui, ça se fait par décret), qu'elle concerne les oeuvres indisponibles de 1901 à 2010. Et ainsi de suite. On se retrouvera dans une situation de pillage généralisé, et, crois-moi, pas à but non lucratif !

Les termes sont clairs : Société de Perception et de Répartition des Droits.

Et par "droits", il faut bien entendre "somme d'argent qui peut être exigée ; taxe", aucun doute là-dessus.

Arkos a écrit :

Par ailleurs, il est clairement dit que l'auteur peut A TOUT MOMENT retirer son œuvre de la société de perception, même s'il est déjà en train d'être publié/numérisé/vendu.

Non, si on considère les termes employés -- qui ont varié entre la première lecture à l'Assemblée et la dernière au Sénat -- voilà ce qui est dit :

« Art. L. 134‑4. – I. – L’auteur d’un livre indisponible ou l’éditeur disposant du droit de reproduction sous une forme imprimée de ce livre peut s’opposer à l’exercice du droit d’autorisation mentionné au premier alinéa du I de l’article L. 134‑3 par une société de perception et de répartition des droits agréée. Cette opposition est notifiée par écrit à l’organisme mentionné au premier alinéa de l’article L. 134‑2 au plus tard six mois après l’inscription du livre concerné dans la base de données mentionnée au même alinéa.

« Mention de cette opposition est faite dans la base de données mentionnée au même article L. 134‑2.

« Après l’expiration du délai mentionné au premier alinéa du présent I, l’auteur d’un livre indisponible peut s’opposer à l’exercice du droit de reproduction ou de représentation de ce livre s’il juge que la reproduction ou la représentation de ce livre est susceptible de nuire à son honneur ou à sa réputation. Ce droit est exercé sans indemnisation.

Donc, l'auteur peut s'opposer dans le délai de six mois à compter d'un fait, l'inscription à la base de données, dont il n'aura pas été prévenu. Il doit le faire par une démarche compliquée, comme toutes les démarches administratives de notre beau pays.
Ou alors, il peut le faire à tout moment "s’il juge que la reproduction ou la représentation de ce livre est susceptible de nuire à son honneur ou à sa réputation." Et comment prouvera-t-il que ce livre est susceptible de nuire à son honneur ou à sa réputation ? Ce point est extrêmement ambigu. Pourra-t-il demander le retrait du livre au motif qu'il préfère le publier ailleurs, gratuitement en téléchargement sur son site, ou bien commercialement par le biais d'une maison d'édition numérique ???

De plus, rien n'est dit au sujet des ayants droit. Auront-ils ou non le droit de demander le retrait des oeuvres de cette BDD ? Alors, je sais, les ayants droit, c'est le maaal, ils sont la cause de tous les maux, etc., etc. Sauf que ça, c'est de la légende urbaine. Pour quelques enfoirés qui se sont appropriés l'héritage du premier époux de leur femme (Moulinsart), on a des milliers de gens qui ne demandent qu'à faire vivre l'oeuvre de leurs parents. Et, franchement, je suis mère de famille et si je dois mourir demain d'un accident de la route ou d'autre chose, eh bien je serais contente que mes gamins puissent faire ce qu'ils veulent de ma "production" et toucher quelques fifrelins baveux en guise de droits d'auteur. (Sauf que c'est un exemple, si je gagnais de l'argent avec ma prose, ça se saurait ^^)

Mais pas soixante-dix ans, non. Là-dessus, on est bien d'accord. Si 70 ans après ma mort, mes gosses ont toujours besoin de mes DA pour vivre, alors c'est foutu pour eux ;-)

#10 Re : L'actualité d'Ecrans.fr » Pétition contre la numérisation des oeuvres indisponibles du XXe siècle » 21-02-2012 19:11:41

kio a écrit :
Lucie a écrit :

Sans compter que dans "bouquins", il n'y a pas que les romans. Il y a aussi les traités de philo ou les manuels techniques. j'ai en tête un auteur qui écrit régulièrement sur un sujet et publie de nouveaux ouvrages tous les cinq ans, environs, enrichis des nouvelles connaissances de la science et des modifications de la législation. Que se passera-t-il, là ? Si l'ancien ouvrage est toujours disponible, son éditeur va lui dire "désolé, coco, mais là, ton ancien bouquin nous fait de l'ombre, on va pas publier le prochain". Perte financière pour l'auteur, mais aussi perte pour les lecteurs qui devront se contenter de la version obsolète.!

Je doute BEAUCOUP qu'un éditeur trouve intérêt à publier un bouquin avec des données obsolètes et se contenter de ça. Et qu'un public accepte de l'acheter, d'ailleurs…

Mais justement, ça n'est pas un éditeur qui gérera ce fond en fonction de l'intérêt qu'il peut présenter. Ça sera une société payée avec les impôts de tout le monde, mais qui fera des bénéfices privés, comme la Sacem.

Et puis, en numérique, il n'y a pas les frais d'impression. Le projet de loi prévoit en tout cas que TOUT soit numérisé et disponible.

#11 Re : L'actualité d'Ecrans.fr » Pétition contre la numérisation des oeuvres indisponibles du XXe siècle » 21-02-2012 18:29:16

goom a écrit :

Une question, pourquoi cette pétition arrive si tard ?

A la lecture de la proposition de loi, c'est quand même un bel entubage qui se profile.

A part ça, ça fera une belle QPC !

Parce qu'on est nuls ?

Parce qu'on a plein de boulot, et qu'on n'est pas juriste, et que ça a été difficile de s'y mettre ?

n'empêche que mieux vaut tard que jamais, et que je crois sincèrement qu'avec un nombre conséquent de signatures on peut faire réfléchir les gens, les députés, et peut-être même la faire casser par le conseil constitutionnel

#12 Re : L'actualité d'Ecrans.fr » Pétition contre la numérisation des oeuvres indisponibles du XXe siècle » 21-02-2012 18:26:13

tass_ a écrit :
Lucie a écrit :

. Là, je vois plutôt un système ultra-libéral ou capitaliste, comme on veut, avec une société tout ce qu'il y a de plus privée qui va s'en mettre plein les fouilles et laissant quelques miettes aux auteurs... Et en leur interdisant, de facto, de publier leur ouvrage ailleurs, que ce soit pour gagner de l'argent ou au contraire gratuitement, en licence libre ou pas !

C'est pas ce que font déjà toutes les maisons d'édition ? Ou j'ai raté un wagon.

Ben oui, t'as loupé un wagon : le contrat. Quand on publie un bouquin, on signe un contrat d'édition qui stipules les droits et les devoirs des deux parties.

"Autrefois", les droits d'auteurs étaient faibles (entre 4 et 15 %), parce que l'éditeur avait des frais d'impression, de stockage, de diffusion et de distribution. Avec le numérique, ces frais sont drastiquement réduits. De nouvelles maisons d'édition numérique voient le jour, qui proposent des e-books à des tarifs très faibles, moins cher qu'un poche (on trouve fréquemment du 2,99 euros, va savoir pourquoi), et qui proposent un contrat à l'auteur avec un partage équitable (j'ai presque envie de dire "étique"), qui peut aller de 30 à 50 %. Le contrat stipule aussi tout un tas de choses comme la durée d'exclusivité, etc.

Le projet de loi dit que les livres indisponibles du XXe siècle seront numérisés et vendus par une "société de perception et de répartition des droits" qui se chargera de donner de l'argent à l'éditeur (qui a laissé le livre devenir indisponible), à l'auteur (youpie !) et à elle-même.

Tout ça, sans contrat.

Et alors, là, qu'est-ce qu'ils devraient dire les auteurs ? "Oh merci madame la Société de perception bla-bla de bien vouloir nous accorder l'honneur de vous engraisser grâce à notre travail !"

Ben non. Les auteurs ils veulent avoir le choix, de republier leurs bouquins là, ou ailleurs, voire de les proposer gratuitement sur le net.

Un autre point : les livres seront numérisés et vendus. Sans retravail. Or, un livre, c'est vivant. Quand on réédite un bouquin, l'auteur remet le nez dedans. Parfois il ne trouvera rien à changer, parfois il réécrira une partie, mais en tout cas, il l'enrichira de toute l'expérience accumulée...

Sans compter que dans "bouquins", il n'y a pas que les romans. Il y a aussi les traités de philo ou les manuels techniques. j'ai en tête un auteur qui écrit régulièrement sur un sujet et publie de nouveaux ouvrages tous les cinq ans, environs, enrichis des nouvelles connaissances de la science et des modifications de la législation. Que se passera-t-il, là ? Si l'ancien ouvrage est toujours disponible, son éditeur va lui dire "désolé, coco, mais là, ton ancien bouquin nous fait de l'ombre, on va pas publier le prochain". Perte financière pour l'auteur, mais aussi perte pour les lecteurs qui devront se contenter de la version obsolète.

Je ne suis pas convaincue que tous les bouquins soient bons à être gravés dans le marbre pour l'éternité, et de toute manière, pour cela, il y a le domaine public. Moi, à titre personnel, je serais pour qu'on diminue le délai avant l'entrée dans le domaine public. Mais ce projet de loi s'en fiche, du domaine public. A la limite, au contraire, plus le délai sera long, plus la société bidule et les éditeurs associés s'en mettront plein les fouilles !

#13 Re : L'actualité d'Ecrans.fr » Pétition contre la numérisation des oeuvres indisponibles du XXe siècle » 21-02-2012 17:56:28

tass_ a écrit :
David Croquettes a écrit :
RCW a écrit :

Peut-être, c'est un milieu que je ne connais pas du tout, mais quand je vois la dernière sortie de Barbelivien, je me dis que vous avez peut-être en partie raison.

Ça n’est pas le sujet. Des mauvais il y en a partout et ça n’est pas pour ça qu’il faut en punir les autres en les privant de leurs légitimes revenus. C’est stupide.

Quels légitimes revenus ? Personne ne vous prive de l'argent gagné grâce à la vente de vos livres... Le fait que des gens lisent gratuitement vos oeuvres sous un autre format(numérique) n'entre pas en compte dans vos "légitimes" revenus.

En tant que musicien, si je décide de faire payer un concert (ce que je ne fais même pas), je verrais d'un mauvais oeil qu'on resquille.

Par contre je vois pas de quel droit j'irai empêcher les gens d'écouter ma musique gratuitement.

Eh ! il y a un énorme malentendu, là !! Il n'est nulle part prévu dans ce projet de loi que les livres numérisés seront disponibles gratuitement ! Au contraire, ils seront payants, et le bénéfice ira d'abord dans la poche de la société de perception (qui par définition aura un système très lourd de fonctionnement), ensuite dans la poche des éditeurs, deux fois, et en dernier dans celle des auteurs.
C'est un projet porté par les gros éditeurs, il ne faut pas se tromper. Et ça n'a rien à voir avec la numérisation des livres dans le domaine public, ni même avec celle des oeuvre orphelines.
Ça vaut peut-être le coup de se reporter au texte de loi : http://www.senat.fr/petite-loi-ameli/2011-2012/327.html

#14 Re : L'actualité d'Ecrans.fr » Pétition contre la numérisation des oeuvres indisponibles du XXe siècle » 21-02-2012 17:51:29

RCW a écrit :

Ou qu'un État décide de mettre en place un système tout à fait soviétique pour gérer des œuvres prétendument indisponibles.

Si au moins c'était un système soviétique, on pourrait se dire qu'il va y avoir partage, des livres et des ressources financières... Là, je vois plutôt un système ultra-libéral ou capitaliste, comme on veut, avec une société tout ce qu'il y a de plus privée qui va s'en mettre plein les fouilles et laissant quelques miettes aux auteurs... Et en leur interdisant, de facto, de publier leur ouvrage ailleurs, que ce soit pour gagner de l'argent ou au contraire gratuitement, en licence libre ou pas !

#15 Re : L'actualité d'Ecrans.fr » Pétition contre la numérisation des oeuvres indisponibles du XXe siècle » 21-02-2012 17:23:59

tass_ a écrit :
Lucie a écrit :

Il y a des pays où les écrivains sont payés pour écrire, l'URSS en son temps, la Chine... Curieusement, les lecteurs n'y trouvaient pas leur compte.

Et il y a des musiciens qui organisent des concerts gratuits ( http://fr.wikipedia.org/wiki/Teknival ) payé par leurs soins, bizarrement pas mal de gens y trovuent leur compte.

Oui, et c'est très bien. Ce que je voulais souligner, c'est le fait que l'écrit est, par essence, subversif. Et qu'en URSS, (en réalité, je connais moins bien le cas de la Chine) les écrivains salariés écrivaient ce qu'on leur disait d'écrire, point barre.

Ce que, personnellement, je trouve très dangereux. Le fait qu'un Etat dicte aux écrivains ce qu'ils doivent écrire.

#16 Re : L'actualité d'Ecrans.fr » Pétition contre la numérisation des oeuvres indisponibles du XXe siècle » 21-02-2012 17:19:45

Au cas où quelqu'un s'intéresse réellement à cette proposition de loi et à la pétition des auteurs, il y a un article qui explique vraiment bien les dessous de tout ça : http://www.actualitte.com/actualite/lec … -32199.htm

#17 Re : L'actualité d'Ecrans.fr » Pétition contre la numérisation des oeuvres indisponibles du XXe siècle » 21-02-2012 17:14:58

Arnaudus a écrit :
David Croquettes a écrit :

Vous semblez découvrir que vous vivez dans une société marchande et tout ce que vous trouvez pour y résister c’est de prendre les créateurs comme boucs émissaires. Obscurantisme. Comment voulez-vous que leurs revenus échappent au lois du commerce, tout comme les vôtres ? Pour vous soulager, en plus d’un vieux fond de haine ou de jalousie atavique à l’intention des créateurs, vous ne trouvez qu’à souhaiter leur exclusion de toute rémunération. Que croyez-vous qu’il arriverait si le droit d’auteur disparaissait ? Ne pensez-vous pas que l’industrie engrangerait des sommes considérables sans avoir à payer ceux qui sont à l’origine des marchandises commercialisées ?

Non, je ne pense pas. Vraiment pas. Ni Bach ni Beethoven n'étaient protégés par des droits d'auteurs, et ils ont créé plus que n'importe quel artiste contemporain. Ils ont même réussi à vivre de leur art (même s'ils étaient beaucoup moins riches que Mickael Jackson).

Perso, je suis chercheur. Je crée de l'immatériel : des réflexions, des hypothèses, des équations, et des logiciels. Mes collègues créent aussi des données scientifiques, qui ne sont pas soumises au droit d'auteur. Eh bien, aussi surprenant que ça puisse vous paraitre, je ne monnaye pas ma production ; je suis payé pour la produire. Une fois produite, elle est disponible à tout le monde (vous y compris, si ça vous intéresse) (avec l'exception de l'arnaque de l'édition scientifique, mais c'est un autre problème).

Alors non, je ne suis pas un artiste. Mais oui, je vis grâce à la production de choses immatérielles. Je touche la même chose tous les mois, je gagne ma vie plutôt honnêtement, et j'arrive à payer mes factures -- certes, je ne serais jamais riche comme Johnny Halliday. Le boulot est passionnant, mais mes prédécesseurs se sont démerdés pour être rétribués normalement, sur leur travail, et pas selon un modèle archaïque, dépassé, et pervers. Vous venez ici défendre l'enfer dans lequel vous êtes enfermé, et que vous trouvez normal parce que c'est la seule chose que vous connaissez. Mais ne vous plaignez pas si la société a du mal à vous soutenir ; en tant que consommateur, j'ai un peu pitié de votre sort, mais je n'accepte plus de subir cette succession de lois débiles et liberticides pour sauver un secteur économique à l'agonie qui est en train de crever dans sa graisse. Adoptez un nouveau modèle économique ou transformez votre activité en hobby, mais arrêtez d'essayer d'empêcher le monde entier de diffuser votre boulot et d'essayer de grapiller quelques centimes à chaque échange, c'est contreproductif, et le résultat c'est que les gens le font dans votre dos. À mon avis, vous n'arriverez jamais, jamais, à vivre d'une taxe ou d'une ponction sur l'échange de copies numériques qui n'ont aucun coût -- et vous n'arriverez jamais à empêcher de telles copies. Le reste n'est que gesticulations stériles, et gémissements désespérés à l'idée que vous ne comprenez plus le monde dans lequel vous vivez.

Il y a des pays où les écrivains sont payés pour écrire, l'URSS en son temps, la Chine... Curieusement, les lecteurs n'y trouvaient pas leur compte.

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