La poussée d'Archimède, Gégé! La poussée d'Archimède!

Lettre à Isabelle Roberts et Raphaël Garrigos.

Madame, Monsieur,

« Les Pieds dans le Paf » est une (voire la seule) association de téléspectateurs existante en France. Son nom est déposé à l’INPI et il ne peut être utilisé sans notre autorisation. C’est une information que vous ne pouvez ignorer : vous êtes des experts de l’analyse des médias et vous nous avez déjà rencontré.

Or, vous reprenez le nom de notre association dans le titre de votre article consacré à l’arrivée en septembre du géant mondial dans la télé française… (« Google met les pieds dans le Paf », 28 juin 2012). Dans un autre article daté du 9 septembre 2007, c’était Christine Albanel qui mettait les pieds dans le Paf… On pourrait vous railler sur votre manque d’originalité ou d’inspiration (qui vous ont parfois conduit à solliciter vos followers pour trouver des titres d’articles) ou imaginer qu’une année riche en événements politiques et médiatiques entraine une fatigue intellectuelle et que les vacances seront bienvenues et méritées. Nous pourrions également, et cela serait fondé juridiquement, demander la publication d’un rectificatif.

Nous préférons échanger avec vous sur le fond, c’est à dire, le traitement ou l’absence de traitements des actions de notre association dans vos articles. En effet, cette utilisation de notre nom pourrait être anecdotique si parallèlement celles-ci y trouvaient une place, même critique, dans vos écrits. Les Pieds dans le Paf sont à l’initiative du collectif des « Indignés du Paf ». Durant la campagne présidentielle, des tables rondes « pour la réconciliation entre le public et les médias » ont été organisées de nombreuses villes en France. Un appel a été rédigé à l’issue de ces travaux (http://www.lesindignesdupaf.org/appel_indignes_du_paf/). Il a été soutenu et signé par 5 des 10 candidats, et plus de 3000 personnes dont plus d’une centaine de journalistes (tiens donc !). Vous avez été destinataire, par mail, de nos informations mais, apparemment, elles ne vous ont pas semblés suffisamment pertinentes ou dignes d’intérêt pour qu’elles soient portées à la connaissance de vos lecteurs. Nous interrogeons sur les raisons de ce choix.

Nous espérons qu’il ne s’agit pas de votre part d’une réaction corporatiste qui consisterait à penser que seuls les journalistes peuvent être critique vis à vis du fonctionnement des médias et donc que notre action n’a pas lieu d’être. Ou, alors, peut-être, considérez-vous que les usagers des médias ne doivent être de simples consommateurs, devant faire confiance aux journalistes, avec la seule liberté de consommer ou non ce qu’on leur propose ?

Or, vous saviez autant que nous que la défiance envers votre profession est grande et a donné lieu à des attaques de tous bords durant la campagne électorale. Au vu des enjeux démocratiques que cela représente, il est grand temps que cette situation cesse. Il est de l’intérêt de tous qu’un large débat public s’ouvre. C’est l’idée fondamentale de l’Appel des Indignés du Paf. Nombreux ceux qui partagent notre analyse puisque nous travaillons en concertation avec des professionnels, les organisations syndicales de journalistes, des associations, des partis politiques et nous avons une écoute attentive des pouvoirs publics.
Soyons clair, nous ne sommes pas dans une démarche hostile envers vous et loin de nous l’idée de nous opposer à votre liberté et vos prérogatives de journalistes. Nous souhaitions vous posez des questions que nous estimons légitimes de la part de militants engagés dans l’action publique et l’intérêt général.

Cordialement
Pour les Pieds dans le Paf
Et le collectif des Indignés du Paf.

Denis Rougé