Bon d'accord, vous vociférez dans le combiné, vous obtenez un rendez-vous avec un médiateur de justice, après maintes batailles que vous raconterez encore à vos arrière-petits-enfants vous obtenez quelques deniers, et ayant senti que rien ne se sera arrangé à moyen terme, vous avez fini par prendre un abonnement chez un autre fournisseur.

Mais entre temps ? Privé de connexion Internez ! Avouez que c'est quand même ballot. Et puis vos amis, vous le savez bien, hors de question de leur faire confiance. Ils seraient prêts aux coups les plus tordus pour voir votre déclaration d'impôts ou votre relevé banquaire. Quels salauds ces amis ! Et ne parlons pas de la connexion Wifi du fast-food du coin : c'est infesté de jeunes qui n'ont qu'une idée en tête, regarder par dessus votre épaule (heureusement, vous allez vous équiper) :

Franchement, je ne sais pas si c'est une comédie que vous nous jouez, mais vous avez le mérite de dénoncer l'attitude client-roi en la poussant dans ses derniers retranchements !

Hors de question. Pas de cerveau, pas de mal de tête.

Ou voyez-vous des arguments pro-Hadopi ?

Allez, avouez-le, vous êtes complètement interneto-dépendant

Faut pas abuser non plus, la privation d'Internez à domicile n'est pas une privation absolue d'Internez. Il reste toujours la connexion du copain, du voisin ou au pire, le cybercafé. Quitte à opposer des arguments au bidule, autant qu'ils soient pertinents. L'existence même d'une "propriété intellectuelle" ou le simple contrôle des moyens de communication par l'État ou les grandes entreprises me perturbe bien plus que le fait de ne plus disposer de la soma numérique (qu'on appelle parfois industrie du divertissement).

Est-ce que ça étonne encore quelqu'un ? Rappelons qu'Alex Türk a reçu en 2004 un prix Orwell pour l'ensemble de son œuvre aux Big Brother Awards, entre autre pour avoir affaibli les pouvoirs de la CNIL.

On n'arrête pas d'entendre ça partout, en particulier chez les députés de l'opposition. Il y en a qui n'ont pas le triomphalisme dans leur poche. Les évènements ne sont pourtant pas très glorieux. Le rejet de cette loi s'est fait à quelque voix parmi les deux pelés et trois tondus qui étaient présents, les types qui étaient là « par hasard » ont du peser sacrément lourd dans la balance. Finalement, autant jouer le scrutin aux dés.

Il ne s'agit pas de vol mais de contrefaçon.

La serpillère de la DGA a un discours tout à fait édifiant.

Elle nous présente son projet comme complètement inoffsensif, et d'une banalité affligeante. "Oh vous savez on fait juste un essai, rien de sérieux..." Elle nous sert une traditionnelle couche de terrorisme (pour la France qui a peur au 20h), avec une fonction spéciale pour chopper les vidéos d'Al Quaeda sur Emule (zero-day) ! Si Google avait présenté un tel projet pour améliorer son impact publicitaire, gageons qu'on aurait eu droit à une levée de bouclier minimale de la part de la presse. Mais, non, avec le service com' de la Grande muette, ça passe comme une lettre à la poste. Et puis, ça aurait quand même été plus honnête d'avouer que pour les projets militaires, la CNIL (prononcer "sénile"), ils se la collent où vous savez.

Et pourtant, les possibilités qu'offrent un tel outil font froid dans le dos. Parce que visiblement HERISSON n'est pas Echelon, c'est son complémentaire, c'est la couche qui digère les flots de données accumulées (on peut très bien supposé qu'il soit branché sur le robinet Frenchlon) et qui recrache des résultats dignes d'intéret. Aujourd'hui, c'est un fait, la plupart des gens exposent leur vie sur le net. Des fractions, certes, mais le tout mis bout à bout et soigneusement recoupé, et on peut savoir que machin a dit sur tel forum sous tel pseudo ne pas apprécier telle politique. Plus besoin de forcer les boîtes aux lettres, il suffit de s'abonner aux RSS des blogs. Le jour où le Comité de salut public refera surface (pour sauver la sainte croissance, cette fois), faudra pas s'étonner de voir les tête tomber. Aprsè tout, chaque technologie finit fatalement par tomber entre de mauvaises mains. Alors si on accepte qu'elles soient développées, faut pas s'étonner de leurs conséquences. L'argument naïf que "c'est pour notre bien" n'a jamais été crédible (à part moi, qui sait quel est mon bien ?), d'ailleurs nous avons bien plus à craindre des industriels du bien que des méchants, comme dirait Dupuy. Et puis bon, de toutes façons le gouvernement n'a déjà pas besoin de donner de justification pour emprisonner ceux qu'il a désignés comme étant ses opposants (cf l'histoire des épiciers-dérailleurs, toujours pas finie).

Le pire c'est probablement qu'ils y croient. Qu'ils vont pouvoir surveiller tout ce qui les menace.

Et puis aller ficher les étrangers, personnellement je trouve ça tout aussi malsain que sa propre population. Parce que selon cette logique, ces étrangers ça pourrait être nous, si l'état d'à côté a les même pratiques. En ces temps ou les états fusionnent leurs moyens (tentatives d'armée européenne, résurection de l'OTAN, etc), moyens d'ailleurs pas toujours très catholiques (torture banalisée de l'autre côté de l'Atlantique par exemple, autorisation d'intervention directe du FBI en France), on est quand même en droit de s'inquiéter sérieusement.

Heu attendez vous me faites peur... C'est un secret de polichinelle que les résultats affichés par Google peuvent être influencés par les "partenariats commerciaux".

C'est pourtant pas complètement faux, d'autant plus que la « valeur travail » est très certainement méprisable (travail pris au sens travail rémunéré, salariat). Par contre, je crois qu'il surestime très nettement la politisation des pirates.

Eh bien il était temps de se réveiller ! Voir aussi les arguments déployés durant l'occupation de la CNIL l'année dernière :
http://rebellyon.info/spip.php?action=a … r&arg=7048

Les propos de Kutner et Olson sont ahurissants :

« Si vous observez le taux de criminalité aux Etats-Unis ces vingt dernières années parmi les adolescents, il n’a fait que baisser. Et si vous regardez la courbe des jeux vidéo, elle ne fait que grimper. »

Et où se trouve la relation entre les deux ? Qu'est-ce qui prouve qu'il y a une relation de cause à effet ? D'ailleurs de quoi parle-t-on ? Qu'est-ce qu'une "courbe des jeux vidéos" ? Qu'est-ce qu'un taux de criminalité ? Quel est le rapport avec la violence (qui peut se manifester tout à fait autement que par des crimes) ou la sociabilité ?

Ou encore :

« les personnes avec qui [Cho Seung-Hui, meurtrier de 32 personnes] partageait sa chambre nous ont dit qu’il ne jouait jamais aux jeux vidéo [...] Cette idée que ces enfants qui ne jouent pas du tout présentent un plus grand risque »

Donc si mes enfants ne jouent jamais aux jeux vidéo, ça va aller mal pour eux ? Où est la démonstration mettant en évidence une relation causale entre ces deux phénomènes ? Et si mes enfants ne portent pas de vêtement de marque (chose qui pourrait être considéré comme étrange pour d'autres enfants), vont-ils aussi présenter des "risques" ?

Franchement si c'est pour rapporter de tels propos, ce n'était même pas la peine d'écrire un article...