Non, la Toile n'est pas le paradis rêvé de l'artiste qui fabrique sa musique dans le petit home-studio qu'il a installé dans sa mansarde. Une fois qu'il a créé son MySpace, son profil Facebook ou Twitter, à partir de quoi il dirige ses "amis" sur les centaines de sites où il a uploadé ses oeuvres, il se passe quoi ? Ben, pas grand chose. On le complimente dans toutes les langues, il peut s'amorcer un semblant de dialogue parfaitement artificiel avec le public ainsi concerné, mais à moins d'un buzz aussi exceptionnel qu'imprévisible (qui est fonction de l'épaisseur d'un carnet d'adresses), ses créations connaîtront le sort des milliards d'équivalentes qui ont été uploadées sur la Toile depuis qu'elle existe, et des centaines de milliers qui y sont uploadées chaque jour.
La liberté d'expression n'entraîne pas forcément le développement d'une carrière artistique même s'il y a talent avéré. Celui qui publie sa musique sur le web pense au départ qu'elle va croiser des sensibilités, que cela va lui permettre d'élaborer des projets avec d'autres musiciens indépendamment des circuits (fermés) classiques et sans avoir de comptes à rendre à la Sacem, je ne pense pas que le but soit de grappiller quelques dizaines d'euros ou de dollars sur chaque morceau, il s'agit bel et bien de faire quelque chose d'un talent qui aura été reconnu par le public de passage, le temps d'être noyé dans l'immensité de tout ce qui est mis en ligne. Mais ce temps vient bien vite et l'illusion s'effiloche. Le MAOiste en chambre reste dans son isolement, tout comme le graphiste qui publie sur deviantart, l'auteur qui uploade ses polars et ses poèmes sur Issuu, le blogueur parmi les blogueurs qui désespère de voir un jour un maigre commentaire sur un de ses post.

Est-ce qu'ils savent seulement qui était George Orwell ?

@Egmom :

A condition qu'elles agissent... et qu'il y ait une alternance politique avant longtemps, intégrant des personnalités compétentes dans le domaine dont nous parlons. Ce n'est pas gagné.

Sur les motivations réelles de la loi Hadopi, je me demande s'il ne s'agirait pas de la "couverture moraliste" d'un dispositif autrement moins avouable...  visant, par exemple, à restreindre les libertés sur le web. Car il semble que la loi Hadopi n'est pas faite pour être appliquée. On évoque les premières coupures pour 2011... soit à la veille d'une campagne électorale où, au vu de la constante détérioration du climat social, à quoi s'ajoute une détestation grandissante de la classe politique, chaque voix risque de compter...
Ce n'est évidemment qu'une hypothèse.

Je suis tout à fait d'accord avec vous. Le vote blanc n'étant pas reconnu, on se rabat sur les moyens qu'on nous laisse pour dire non, stop, ras-le-bol. Restent les adeptes du vote nul, qui détournent les bulletins de vote pour y écrire ce qu'ils ont sur le coeur, qui collent un bout de PQ ou ce qu'ils veulent dans l'enveloppe... ceux-là vont voter par obligation parce qu'ils sont fonctionnaires municipaux, qu'on leur a promis un poste de ce genre ou parce qu'ils ont déposé une demande de permis de construire. Au-delà de ça, c'est la proverbiale rigidité de nos institutions qui est en cause, mais c'est un autre débat sur lequel on reviendra ailleurs... et en vain. Le carriérisme politicien est l'une des plaies de notre république en décomposition. Je crois qu'elle va continuer à suppurer encore longtemps.

Idem. C'est bien d'exposer ces solutions, mais nous aurions gagné à les voir proposées ici sous la forme d'un argumentaire propice au débat.

Notamment sur le fait que les "antidotes" que vous préconisez sont techniquement à la portée de quiconque est un brin curieux de l'outil dont il dispose, ce qui démontre, si besoin était, à quel point les auteurs de l'Hadopi maîtrisent leur sujet. Mais bon, il n'est qu'à relever certains noms parmi les personnalités citées (Muriel Marland-Militello, élue populiste familière des tournées électorales dans les maisons de retraite et des discours enflammés sur l'insécurité galopante, Jean-Pierre Leleux, maire quasi octogénaire de la Cité des Parfums, et Françoise Laborde qu'on ne présente plus...) pour s'en convaincre. C'est tant pis et c'est tant mieux. Nous avons l'habitude, dans ce pays, des législations absurdes, des lignes Maginot et de la mauvaise foi politicienne... Soit dit en passant, je ne suis pas sûr que vous réussirez à convaincre ceux qui ont déserté les bureaux de vote de rejoindre ceux-ci. L'abstention signe à la fois le rejet de la classe politique et de ses pratiques dans leur ensemble, et le ras-le-bol d'un éternel clivage idéologique éloigné des réalités ambiantes. En outre, il exprime un mépris d'institutions auxquelles on ne croit plus, d'une république qui n'est plus qu'un vain mot majuscule. L'abstention est une forme d'activisme.

C'est d'autant plus problématique la surveillance du streaming, que les moyens de contourner le flicage sont à la portée du premier curieux venu (blocage de la surveillance du trafic par le FAI via le moteur de recherche IxQuick, utilisation du proxy UltraSurf...). C'est connu comme le loup blanc.

Il y a comme une petite mauvaise odeur dans l'air du temps...

On sait ce que ça donne les collectifs, à chaque fois, dans ce pays : de l'éparpillement et du discours contradictoire. Pour en revenir à la teneur de l'article, je pense que certains fleurent l'énorme potentiel mercantile du web, que peu à peu il deviendra ce qu'est devenue la télé en trente ans, une grosse machine grand-public ronronnante et bon enfant, consensuelle et ultra-policée (c'est déjà en bonne voie), et qu'il restera à quelques aventuriers, corsaires et pirates une sorte d'intermet parallèle, de méta-internet ludique pour subversifs en chambre et no-lifers de seconde génération. Déjà, après vingt ans, artistiquement parlant on ne peut pas dire que l'internet ait donné lieu à un élan créatif inoubliable. On ne peut pas dire non plus que l'internet ait abouti à la création d'un lien social susceptible de faire évoluer la société dans un sens ou dans un autre. On "communique", sans doute, mais ça va aussi loin que la discussion d'apéro sur un coin de zinc. On fait du "journalisme citoyen" qui se passe du terrain et qui ressemble fichtrement à du remplissage bénévole de colonnes destinées à créer la polémique sans que cela ait la moindre prise sur le réel. On se fabrique son petit monde de bisounours sur MySpace ou Facebook et on se crée des paranos à base de hoaxes et de projets de flicage gouvernementaux qui iront se succédant à l'infini sans changer grand chose à la nature purement illusoire du web : ce n'est qu'un media de plus, il s'en créera d'autres, et surtout, ce média cesse de fonctionner à la première panne d'électricité.

Magdane et Lafesse espèrent vendre encore combien de microsillons ?

Comiques à la scène, pathétiques à la ville.

J'ai découvert grâce à YouTube foule de vieux chanteurs, chanteuses, musiciens, groupes  disparus depuis des lustres. Pour le mélomane et le quêteur d'archives en général, un surf sur YouTube s'apparente à une fouille archéologique. Celui qui met en ligne un sketch de Magdane ou Lafesse trente ans après leur création, et celui qui visionne ce sketch, que volent-ils à ces deux guignols ? En quoi devraient-ils se sentir coupables, le premier de leur rendre hommage, le second de les revoir ou de les découvrir ? Le pire pour eux ne serait-il pas d'être oubliés ?

@ Oomu : Je crois que le respect ne se commande pas, il se fonde a posteriori sur une attitude et sur des actes. Dans le cas d'une personnalité politique entre (en principe) en ligne de compte une notion de réserve (inhérente par ailleurs à la qualité de fonctionnaire qui est celle de tout responsable politique élu ou en charge d'un mandat), impliquant une prise de parole toujours distante et pondérée (savoir précisément de quoi on parle, savoir en parler avec mesure et agir en conséquence) et une maîtrise de soi sans faille.

En principe.

Mais les politiciens dont nous parlons ici ne sont ni de la génération ni de la trempe d'un Michel Jobert, d'une Simone Veil, d'un Jean Lecanuet ou d'un sénateur Caillavet.  Ils sont des populistes/clientélistes/autoritaristes/autocrates. Leur seul programme ? Etre élus. Leur seule ambition ? Garder le pouvoir. Leur mission ? Celle qui leur a été confiée par les lobbies véreux qui ont contribué à leur élection. Leur modus vivendi ? Caresser leur électorat ordinaire dans le sens du poil et montrer les dents à chaque remise en cause de leur légitimité. Toutes choses qui les conduit à avoir une attitude arrogante, agressive, paranoïaque voire. Donc ils s'attirent le mépris, la moquerie, l'ironie du spectateur critique, de l'électeur détrompé, du citoyen à qui on ne la fait plus. Qui ont compris que ces gens-là ne sont pas des républicains ni des démocrates, pas plus qu'ils ne sont au service de l'Etat ou d'une idéologie, mais qu'ils se servent de tout cela pour faire le job pour lequel ils sont payés (voir plus haut) et  accessoirement pour peaufiner leur petit narcissisme malade.

Agréable moment de lecture, et j'en remercie l'auteur. Cet article est d'autant plus instructif pour moi que, ne regardant pas la télé, j'avoue ne pas connaître la plupart des "personnalités" dont il est question (à part Duhamel et Hanin, auxquels je n'ai pas pu échapper, hélas!).

Cela dit, dommage que vous ayiez plaqué l'analyse en cours de route. Raté, OK, mais sait-on pourquoi ? L'aspect sociologique de ces flops manque à l'article. Ne se fiche-t-on plus si facilement du public télé ? Celui-ci serait-il devenu plus intelligent, plus critique depuis vingt mois ? Ou est-il tout bêtement passé à autre chose pour cause, aussi bêtement, d'usure du media télévision ? Auquel une flopée de chaînes TNT n'a rien apporté qu'un wagon de vieilleries ordinairement diffusées au coeur de l'été. Où Canal + semble ne plus être que l'ectoplasme de ce qu'elle fut. Où Arte ne propose plus, paraît-il, que des programmes véritablement culturels dans sa version allemande - le versant français s'enlisant dans l'autopromotion, le copinage, la pommade, bref ! les tares en vigueur sur toutes les autres chaînes franco-françaises. N'y a t-il pas en fait une lassitude plus globale du public à l'endroit de la télévision en général ? N'en aurait-on pas ras-le-bol de ce qu'on voit bouger dans le poste depuis des lustres aux seules fins de vendre des espaces publicitaires, la dernière du petit copain qui est presque toujours un fils-de, et de la propagande fagotée sous les oripeaux des bons sentiments citoyens ?

Fabriquer de la daube dans un hôtel particulier ou fabriquer de la daube dans un château, où est le problème ? Ne se tient-il pas plutôt dans la daube elle-même ? Navarro n'est plus Navarro, peut-être...  Mais en quoi un enquêteur de police octogénaire pouvait-il être crédible, alors que dans la vraie vie il n'y a pas de fonctionnaires de police octogénaires ?
Il me semble que ça tombe sous le sens...!

Au fait, et si on parlait de ce qui marche, et de pourquoi ça marche... encore ?

Il semble que la loi Hadopi soit très mal acceptée par l'électorat UMP soi-même. Voir le buzz qui est en train de se créer sur le blog de l'UMP, dont on nous dit qu'il est régulièrement consulté par les élus de ce parti...

http://blog-ump.typepad.fr/blog/2009/02 … l#comments