Il est certainement plus facile de contrôler les moyens de diffusion que les contenus, plus facile aussi de monétiser cela.

À mon humble avis, une des clés du problème réside dans ce que souligne Lowery, la prise de conscience individuelle des amateurs de contenus culturels : est-ce que le créateur va pouvoir jouir des fruits de sa création ? Et qu’est-ce donc qu’un créateur ? Il y a malheureusement une véritable ignorance des processus de créations, ignorance qui fait le jeu des diffuseurs.

Claude, Simone et Antoine, non ? D’où le nom.

C’est bien aimable… j’étais passé outre faute d’intitulé et de description, merci beaucoup.

Il me semble qu’il y a ici un véritable amalgame de la complexité de l’industrie culturelle de la bande dessinée. On ne peut décemment ranger des éditeurs aussi différents les uns des autres que peuvent l’être Soleil de Ego Comme X, Casterman de Cornélius, ou de la même manière des auteurs aussi dissemblables qu’Arleston et Blutch, que Bilal et Vivès, etc. Certes tous participent à l’élaboration d’un moyen d’expression artistique communément appelée “Bande Dessinée” ou “BD” mais utiliser ce terme de telle façon laisse à penser qu’il n’y a aucune différence et que tous les acteurs de la BD font bloc, ce qui est loin d’être le cas.

Je m’inscris en faux par rapport à la remarque concernant l’inexistence d’une “vraie web-bande dessinée“ française, me vient à l’esprit le feuilleton internet lancé par Thomas Cadène, “Les Autres Gens”, mais l’on peut trouver tout aussi aisément des tas de planches originales sur les divers blogs tenus par les amateurs et les professionnels, il y a à boire et à manger. De plus le paradigme de la BD européenne n’est pas tenu d’évoluer de la même manière que celui du marché nord-américain ; au vu des nombreuses dérives historiques, concernant l’édition classique, visant à multiplier les profits aux dépens des artistes et des lecteurs il serait même avisé de ne pas suivre cet exemple et de le garder à l’esprit comme mise-en-garde.

Sur les différentes façons de rémunérer un auteur, évidemment il est plus agréable à chacun (lecteur et auteur) qu’une œuvre soit diffusée et la gratuité est un argument de diffusion plutôt efficace. Cela dit il faut bien que chacun subvienne à ses besoins et le long temps nécessaire à la création est rarement rémunéré à sa juste valeur, du moins financièrement parlant, un auteur qui développerait son œuvre sans sources de revenus ne ferait pas long feu, il devrait abandonner, soit son œuvre, soit sa vie. Il me semble qu’un forfait payé par les lecteurs serait la solution la plus arrangeante pour tous, un certain nombre de lecteurs se partageant le financement du revenu nécessaire à l’auteur pour vivre, ce dernier pourrait se consacrer entièrement à la création plutôt qu’à démarcher de potentiels clients et des commandes annexes à son travail personnel.

Juste un point sur la publicité comme moyen, même complémentaire, de rémunération ; cela ne me semble pas une solution souhaitable, et cela non pas dans l’optique fantaisiste de la préservation d’une certaine forme de “pureté” artistique mais plutôt comme étant la garantie d’une indépendance intellectuelle d’un auteur envers ses lecteurs. N’oublions pas que la publicité ne cherche, au final, qu’à vendre, quitte à s’associer à des entreprises lui faisant bénéficier d’une meilleure image ; est-ce cela qu’on attend d’un auteur ? De permettre à telle ou telle marque d’améliorer sa réputation ? Quid du discours d’un auteur ?

En cela nous sommes d’accord, les tenants industriels ont la mainmise sur la diffusion des contenus culturels et ne cherchent pas le mieux disant culturel pour tous mais tout simplement leur profit, que l’on parle de musique, de cinéma, de jeux vidéos ou bien comme ici de bande dessinée. Reste à faire la dissociation entre mode d’expression (cinéma, littérature, bande dessinée, musique, etc.) et support de diffusion (salles de cinéma, DVD, livre, livre numérique, CD, K7, Mp3, etc.) et de bien discerner les mérites et les limites de chacun.