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#176 24-02-2012 13:12:34

Lucie
Membre
Inscription : 21-02-2012
Messages : 18

Re : Pétition contre la numérisation des oeuvres indisponibles du XXe siècle

ASG a écrit :

OK avec toi, Lucie, sauf sur un point :

Lucie a écrit :

D'autre part, à propos de l'auteur qui "VEUT généralement que son texte continue à vivre"... ben, pas forcément. On peut vouloir que les lecteurs oublient l'existence des oeuvres de jeunesse, vraiment trop mauvaises, ou bien des bouquins alimentaires écrits à la va-vite. On peut avoir changé d'avis sur une thématique polémique (politique ou autre), soit qu'on ait carrément viré de bord, soit plus simplement qu'on ait découvert que le sujet était plus complexe qu'on le croyait, et ne pas vouloir que les vieux textes soient à nouveau disponibles.

Tu noteras que j'avais aussi écrit "généralement" car, effectivement, tout le monde est différent et certains auteurs auront certainement une vision différente de la chose.

Oui, c'est vrai, tu avais écrit "généralement" :-)

ASG a écrit :

Cela étant dit, je t'ai déjà vu écrire ce genre de réaction.

J'ai un peu tendance à insister sur ce point, parce que depuis quelques jours que ça discute à bâtons rompus sur le sujet, j'ai eu beaucoup d'interlocuteurs pour qui l'idée qu'on puisse ne pas souhaiter qu'un vieux texte soit réédité était inconcevable. Du coup, si on rajoute à cela le fait que je suis un peu gâteuse j'ai tendance à me répéter, désolée ^^

ASG a écrit :

Si je peux comprendre qu'un auteur puisse avoir des regrets (si je puis dire) et remettre en cause certains de ses choix artistiques (ça m'est d'ailleurs déjà arrivé), je suis néanmoins d'avis qu'une fois un texte publié, il glisse automatiquement hors du contrôle de l'auteur en devenant un élément culturel "fixe".

Alors attention, car ici je fais une distinction importante entre le fond et la forme. Pour moi l'auteur détiendra bien sûr toujours ses droits mais sur le fond du texte, par sur sa forme. C'est à dire qu'une fois paru, un livre (ou une nouvelle ou que sais-je) ne peut plus être modifié(e) sauf, bien sûr, si l'auteur décide de remanier et rééditer le texte. Si l'original est toujours en circulation, cependant (sur le marché de l'occasion, par exemple) il ne peut pas vraiment y faire grand-chose. On peut le regretter, mais je pense que c'est normal. Après tout, lors d'une réédition, un auteur peut parfaitement expliquer les raisons de cette réédition et le fait qu'il n'approuve plus la version originale (comme cela s'est déjà vu, d'ailleurs). Et cela peut en outre enrichir notre culture par la suite en comparant par exemple le texte original à la version "approuvée" pour en étudier les différences.

Ah mais je suis tout à fait d'accord sur le "fixe", et sur le marché de l'occasion (dès mon adolescence, j'ai constitué ma bibliothèque grâce aux bouquinistes, ou encore aux prêts d'amis, ou de bibliothèques). Mais cette loi introduit une quasi obligation de réédition, et ça n'est plus fixe du tout. Et cette réédition se fera sans regard éditorial, d'une part, et sans possibilité pour l'auteur de remanier son texte, de l'autre. Enfin, elle se fera sans contrat, sans même qu'on pose la question à l'auteur "êtes-vous d'accord pour...?"

ASG a écrit :

Maintenant cela ne signifie pas pour autant que cette nouvelle loi soit une bonne chose, je continue et continuerai à m'y opposer car elle bafoue la loi d'une manière générale. Mais je trouve raisonnable d'au moins attendre le décès de l'auteur pour rediffuser un texte auquel on le savait opposé (ne serait-ce que par courtoisie), c'est un minimum (pour les 70 ans, par contre, je suis d'accord que c'est un peu excessif !)

Ben finalement, on est complètement d'accord ;-)

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#177 24-02-2012 13:30:57

Lucie
Membre
Inscription : 21-02-2012
Messages : 18

Re : Pétition contre la numérisation des oeuvres indisponibles du XXe siècle

goom a écrit :
Lucie a écrit :
goom a écrit :

"Lorsqu’un livre est inscrit dans la base de données mentionnée à l’article L. 134‑2 depuis plus de six mois, le droit d’autoriser sa reproduction et sa représentation sous une forme numérique est exercé par une société de perception et de répartition des droits"

Moi je comprends que la société de perception et de répartition des droits autorise la reproduction sous forme numérique et autorise la représentation sous forme numérique. Ce n'est pas elle qui fait de la numérisation (ce n'est pas dans ses attributions dans la proposition de loi)

Non, c'est l'inverse : "le droit (...) est exercé par une société", il n'est pas "donné" par cette société. C'est la société qui l'exerce. Elle n'a rien à autoriser, elle "est autorisée à".

Je t'accorde que le langage juridique, c'est une plaie !

Toujours pas d'accord. La loi dans l'article en question permet à la SPRD à exercer le droit d'autoriser (...). Autrement dit moi, éditeur numérique (ce que je ne suis pas ;-) ) je veux éditer numériquement un livre dans la base de données en question, je me tourne alors avec cette SPRD en lui demandant de m'autoriser à reproduire et représenter sous forme numérique. Si elle m'accorde ce droit la loi dit même dans quelles conditions "Sauf dans le cas prévu au troisième alinéa de l’article L. 134‑5, la reproduction et la représentation du livre sous une forme numérique sont autorisées, moyennant une rémunération, à titre non exclusif et pour une durée limitée à cinq ans, renouvelable."

Ensuite c'est à moi, éditeur numérique (que je ne suis toujours pas), de me prendre en main pour réaliser l'e-book (numérisation comprise)

Preuve que c'est bien un droit d'autorisation, c'est écrit plus loin dans la loi " Art. L. 134‑4. – I. – L’auteur d’un livre indisponible ou l’éditeur disposant du droit de reproduction sous une forme imprimée de ce livre peut s’opposer à l’exercice du droit d’autorisation mentionné au premier alinéa du I de l’article L. 134‑3 "

Je croyais que j'avais répondu à ce post.

Oui, en effet, je me serais bien plantée. Ça veut dire que j'ai oublié un intermédiaire supplémentaire qui se sucrera au passage :-(

On est de plus en plus loin de la mise à disposition gratuite des produits culturels !

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#178 24-02-2012 15:20:01

yannminh
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Messages : 2

Re : Pétition contre la numérisation des oeuvres indisponibles du XXe siècle

La NooGuerre

En ce moment, la nooguerre pour le contrôle des nooterritoires fait rage dans la cybersphère...
Mais comme d'habitude en France, les décisions se prennent dans le secret des alcôves, des repas dans les restaurants chics... ce qui fait que ceux qui voudraient lutter n'ont aucune visibilité ... on ne sait pas qui fait quoi, qui sont les noogénéraux, ou sont les noobases militarisées, et les noobastions de résistance...
Du coup, jour après jour, faute de coordination, des pans entiers du noopatrimoine sont conquis sans résistance.. .

Je travail en ce moment dans le secteur de la muséographie virtuelle... et voici ce que j'ai constaté suite à pas mal de réunions et rencontres dans différents QG français et américains, pour ceux que ça intéresse, et sous réserve de ma subjectivité

Pour l'instant, dans le cadre de la numérisation du patrimoine culturel, et de sa mise en ligne, dans le cadre de bibliothèques virtuelles ou de musées virtuels, la plupart des institutions françaises ayant une vocation de conservation patrimoniale sont relativement désemparées et impuissantes à trouver ou proposer des alternatives viables face à la puissance de feu des noodestroyers américains, qui sont en train de prendre le contrôle de pans entiers de la cybersphère.

Les institutions muséales, ou de conservation du patrimoine culturelle, souhaiteraient pouvoir "s'augmenter" entre autre sur le web... mais les outils informatiques et législatifs ne suivent pas, pourtant nombreuses sont les réticences à céder les droits d'exploitations de notre patrimoine culturel dématérialisable à une entreprise américaine...
Il y a donc en ce moment une relative frénésie à trouver, mettre en place, les outils, alternatifs ou non, à la dématérialisation du patrimoine culturel français... quitte peut-être à faire parfois n'importe quoi... que ce soit dans le cadre de procédures législatives, que de développement informatique, de scans etc..

Les enjeux autour du contrôle patrimonial cyberspatial sont tels, que je pense que dans l'esprit des noostratèges les auteurs de fiction sont considérés comme un dégât collatéral anecdotique..

Yann Capitaine de NooCroiseur…

Dernière modification par yannminh (24-02-2012 15:49:32)

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#179 25-02-2012 12:59:35

Jean Millemann
Nouveau membre
Inscription : 25-02-2012
Messages : 1

Re : Pétition contre la numérisation des oeuvres indisponibles du XXe siècle

Salut les gens,

Juste histoire de cesser de se prendre la tête avec des données théoriques, voici mon exemple (oui, je sais, j'ai été long à réagir, mais bon, je n'ai pas que ça à faire dans ma vie de tous les jours).

1er exemple : En 1994, les éditions Ima Montis ont publié "Fumeterre", un bouquin que j'avais écrit, plein de fureur et de bruit. Le livre s'est vendu tant bien que mal, a rencontré un bon succès critique. Le contrat ne stipulait rien en ce qui concerne les éditions numériques, et pour cause, en 94 on ne savait pas que ça allait arriver. Puis les éditions en question ont déposé leur bilan. J'ai donc récupéré les droits sur ce bouquin, ce qui me semble plutôt cohérent. "Fumeterre" est donc totalement concerné par la loi en question. Il va, quand le décret d'application sera paru, et si d'ici là le bouquin n'est pas réédité, être scanné et vendu sans que j'en sois tenu au courant ; mais admettons, je ne suis pas personnellement responsable de ce que l'on fait de mes productions, dans une logiqu capitaliste.
J'ai envisagé (et j'envisage toujours) de retravailler ce texte, et éventuellement d'en céder les droits pour publication, que ce soit électroniquement ou sur papier. Ce qui me freine, c'est que, à présent, ce bouquin, je ne l'écrirai plus de la même façon. Ma manière d'écrire a changé, mes idées sur le but final d'un écrit porté à la connaissance publique aussi.
Je ne souhaite donc pas que "Fumeterre" soit republié en l'état, comme il le sera s'il devait être scanné et tout le reste. De ce fait, je dois donc, une fois que le décret d'application aura été publié, très régulièrement :
- vérifier que la société (privée dans le fond si ce n'est la forme, si j'ai tout bien compris, mais financée par mes impôts) soit créée ;
- vérifier que, ceci étant fait, mon bouquin soit scanné et revendu en numérique ;
- me fendre d'un courrier recommandé en accusé de réception qui dirait plusieurs choses, à savoir que :
1) je suis l'auteur de "Fumeterre" (il faudra probablement que je joigne photocopie du contrat d'édition, photocopie ou scan de la couverture (hideuse) d'alors, sans oublier également photocopie de la jaquette, photocopie d'une pièce d'identité et justificatif de domicile) ;
2) cette publication porte atteinte à mon honneur ou autre balivernes du même genre et demander qu'elle ne soit pas éditée, tout en me gardant le droit de la publier ailleurs et à ma convenance pour une durée qui sera celle de ma vie ;
3) si cela n'est pas possible, demander à ce que le pourcentage des droits dus aux auteurs me soit reversés, et donc fournir un RIB ;
4) essayer de négocier, comme pour chaque contrat d'édition, le montant de mes droits.
Bref, pour avoir fait permis que soit publié un livre que j'ai écrit, cela va me bouffer pas mal de temps. Mais bon,on me rétorquera que c'est une contrainte due à notre mode de fonctionnement en société. Sauf que, de faire tout ça pour un bouquin que je ne souhaite pas voir publié, ça me gave vraiment beaucoup.

Mais l'histoire ne s'arrête pas là. "Fumeterre" a été republié en 1996 par Cylibris, une société qui publiait en impression numérique à la demande (l'une des premières à le faire) sous le titre "Bienvenue sur Fumeterre". Et comme il se doit, ce texte avait été profondément remanié, des passages entiers supprimés, d'autres réécrits, et d'autres enfin totalement inédits. Dans le contrat, rien sur une publication en numérique, cela va de soi. Depuis 1996, les éditions Cylibris ont changé de politique éditoriale, ; désormais, elles publient de la littérature gay (à ce stade, on croirait du Kurt Vonnegut). Pour elles, et je le conçois fort bien, "Bienvenue sur Fumeterre" n'est plus vraiment d'actualité, d'ailleurs, depuis le temps, et vu le silence de Cylibris, je suppose qu'il ne se vend plus du tout de "Bienvenue sur Fumeterre".
Question : vais-je devoir, pour "Bienvenue sur Fumeterre", effectuer les mêmes démarches que pour "Fumeterre" ? Parfois, je me sens un peu las...

2ème exemple : j'ai rédigé, avec Denis Taesch, un livre de commande intitulé "100 ans au service des métiers, la Chambre de Métiers d'Alsace". Ce bouquin nous a demandé à tous deux pas mal de travail (pas loin d'un an, au bas mot). Il a été repris et augmenté il y a deux ans, sous le titre "110 ans au service du métier" (on ne rigole pas, merci, mon honneur est en jeu). Pour les deux bouquins, le contrat est un contrat au forfait, dans la mesure où la destination du livre était de servir à la promotion des métiers d'artisanat et du rôle qu'y a tenu la Chambre de Métiers d'Alsace. Le premier bouquin, "100 ans au service du métier..." est indisponible, cela va de soi. Et donc entre dans le ressort du projet de loi.

Et je ne parle pas ici des mes contributions en tant qu'anthologiste, directeur de collection ou participant à diverses anthologies.

En fait, ce qui me choque le plus, dans cette loi, c'est que JAMAIS je ne serai prévenu. JAMAIS la société chargée de distribuer les textes, la société chargée de les scanner, ou celle chargée de redistribuer les profits, n'est tenue de me contacter. Je ne suis pas sur liste rouge, on me trouve facilement sur n'importe quel annuaire, mais bon, ce sera à moi de surveiller, de prouver que je suis l'auteur des ces textes, parce que, faute de tout cela, ces textes seront source de profit pour certains sans que je sois associé à ces mêmes profits. Je serai privé de la paternité factuelle (et non en terme de renommée, mais mon renom je m'en tamponne le coquillard avec le pinceau de l'humilité) de mes textes. D'autres gagneront de l'argent pour un boulot que j'aurais effectué, et bien souvent bien plus qu'un boulot, mais un engagement ayant eu et ayant toujours des répercussions sur ma vie de citoyen. Alor il ne faut pas s'étonner que je me sente comme une petite envie, du coup et avant d'acheter des palettes entières de préparation H, de râler et de faire obstacle dans la mesure de mes moyens.

La voilà, la réalité des choses. Alors je ne parle pas pour Roland, pour Lucie, pour Ayerdahl, ni même au nom du Droit du Serf, mais juste en mon nom propre. Mais je présume bien humblement que tous, auteurs concernés et luttant contre cette loi infâmante et scélérate, nous avons des raisons similaires. Quant à ceux qui me trouveraient puéril ou stupide, ma foi, je ne peux leur en vouloir. Après tout, combien de personnes lisent régulièrement au sein de la population française ?


Additif : bon, je viens de me renseigner, Cylibris semble ne plus exister en tant qu'éditeur. Des fois, je me sens vraiment, vraiment, vraiment très las...

Dernière modification par Jean Millemann (25-02-2012 13:18:12)

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#180 25-02-2012 13:58:54

dr_surpriso
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Re : Pétition contre la numérisation des oeuvres indisponibles du XXe siècle

Ces deux dernières pages:

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#181 25-02-2012 21:49:08

crapotobasta
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Re : Pétition contre la numérisation des oeuvres indisponibles du XXe siècle

Ces deux dernières pages sont deux.


Ne vous privez pas de ces ressources intellectuelles au prétexte qu'elles sont intellectuelles, qu'elles sont écrites avec de grands mots.

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#182 26-02-2012 21:26:37

LaMirabelle
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Re : Pétition contre la numérisation des oeuvres indisponibles du XXe siècle

percherie a écrit :

Je ne vois pas en quoi ça les déranges puisque personne ne peut acheter leurs livres qui n'existe plus.

Solution à creuser : retrait automatique du format numérisé après une réédition d'au moins 10.000 exemplaires neuf. Ce serait un gage de bonne fois que le livre sera de nouveau disponible pour le grand public.

L'auteur peut vendre son lvre lui-même sous format numérique!


Mon blog bilingue d'illustration et de photo : http://www.leblogdelamirabelle.net
Mon site de formation et traduction : http://www.officemagenta.net
Mes peintures numériques sur t-shirts: http://lamirabelle.wordans.fr

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#183 07-08-2012 08:17:56

Jukurpa
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Re : Pétition contre la numérisation des oeuvres indisponibles du XXe siècle

Je remonte ce sujet pour annoncer la mort de Roland C Wagner qui était intervenu ici (sous le pseudo RCW) et qui fut un grand personnage de la littérature SF française.

Monde de merde... sad


Ton OS est open source, ton esprit par contre...

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#184 07-08-2012 14:44:45

David Croquettes
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Re : Pétition contre la numérisation des oeuvres indisponibles du XXe siècle

Jukurpa a écrit :

Je remonte ce sujet pour annoncer la mort de Roland C Wagner qui était intervenu ici (sous le pseudo RCW) et qui fut un grand personnage de la littérature SF française.

Monde de merde... sad

Merci de l'info. Malgré tout.


Notez bien que je n’ai pas de téléphone portable et que je me fous aussi bien de l’iPhone que du Galaxy ou même de tout Android de merde.

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