L'information à plus d'un titre

Ecrans.fr · 15-10-2009 16:07:08

L'information à plus d'un titre

Utilisée par les spécialistes du marketing, la méthode de l'AB Testing fait des émules jusque dans les titrages du site d'informations américain Huffington Post.

Lire l'article

MarcBT · 15-10-2009 18:25:36

C'est une simple application de la recherche des "zones chaudes" d'un site, appliquée depuis déjà quelques années à de nombreux sites d'e-commerce. La presse sombrant financièrement parlant est maintenant obligé de se concevoir comme un produit et non plus comme un simple vecteur ce qui permettra ainsi d'ajuster les prix de vente des espaces pub.
Ca ne suffira probablement pas mais ça contribuera à changer les mentalités face au modèle économique obsolète de la presse.

PS : il y a une faute d'orthographe. C'est "a priori" et non "à priori. Expression latine.

Vivian · 15-10-2009 18:41:10

"Et si on l’avait titré « La sextape de Megan Fox en ligne », cet article aurait-il fait plus de clics ?"

Ma réponse : oui.

Manuuu · 15-10-2009 22:08:28

C'est corrigé, merci MarcBT !

gégé · 15-10-2009 23:40:09

Manuuu a écrit :

C'est corrigé, merci MarcBT !

Pas besoin, ce n'est pas parce que l'origine est latine qu'on doit oublier que le français est une langue vivante. La version "avélaxent" est tout aussi valable.
http://www.langue-fr.net/spip.php?article128

C'est le même genre d'enculage de mouches qu'autant/au temps pour moi sur lequel certains se sont déjà étripés ici et ailleurs.

Dernière modification par gégé (15-10-2009 23:40:55)

MMoi · 16-10-2009 02:06:41

N'est-ce pas un procede que Libe utilise deja ? J'ai souvent le meme article plusieurs fois dans mon lecteur RSS, avec un titre different a chaque iteration... sauf qu'avec le fil RSS c'est pas 5 minutes que les 2 titres restent en ligne, mais bien souvent la journee.

(exemple actuellement "la juste lui refuse le sperme congele [...]" et "la justice refuse la restitution [...]")

Dernière modification par MMoi (16-10-2009 02:07:28)

Aliosha · 16-10-2009 06:31:21

MMoi, dans le cas de Libé et de la plupart de la presse en ligne, il s'agit de « reformulation contextuelle ». Concrètement, quand un journaliste écrit un article et qu'il est publié après l'aval de son supérieur, il y a un petit temps où l'article garde son titre originel et où l'ensemble de la rédaction le parcourt (tout du moins les journalistes spécialistes du domaine).
C'est un peu comme lors du pressage dans la version écrite : l'article subit lecture et relecture pour enlever coquilles, reformuler certains passages et lui trouver un titre définitif avant le placement sur page et le passage sous presses.

Ce que je viens de décrire ici, c'est le processus normal de « naissance » d'un article : il doit être éprouvé, c'est un test de résistance et surtout, un test de sens, de crédibilité, de sérieux et de légitimité.
Il y a, bien sûr, une part d'accroche au lecteur : quel sera le titre choc, mais cette envie d'accrocher est plus liée à la motivation du sens, je crois. C'est cette part de choc, par exemple, qui fait dire à la une de Libé le 22 avril 2002 : « Non ». Ce titre ne dit rien, et pourtant... Il dit beaucoup de choses. La rédaction a construit ce titre, et quand bien même cela viendrait naturellement au rédacteur en chef, il y a cette volonté de participer à l'histoire et de réagir. Quoiqu'il en soit, c'est une ligne éditoriale « assumée » par la rédaction, en somme.

Là où cela devient dangereux, c'est quand cette légitimité de sens se déplace, et que le critères n'est plus « Le titre le plus exact » ; mais « Le titre qui donne envie au consommateur d'information ». Le journaliste n'est plus celui qui cherche le titre de son article en fonction de son contenu, mais celui qui imagine le titre qui sera à même de produire chez le lecteur le plus de crédibilité possible. La différence est subtile, parce que ça n'est plus la rédaction, la population-test. C'est le consommateur lui-même.

C'est quoi la différence ? C'est par exemple, la une de Libé du samedi 19 / dimanche 20 septembre 1981. A la place de « La peine de mort est abolie en France », il y a « Peine de mort : contre l'opinion, l'assemblée vote l'abolition. »
Parce que dans un tel système, vous n'empêcherez pas la population de dire son avis et sa préférence éditoriale pour un titre d'article qui va dans son sens plutôt que dans l'autre. Un tel système requestionne la place du journalisme : l'information n'est plus donnée mais choisie ; l'information n'est plus en fonction de la légitimité mais de la préférence.

Cela existe déjà. Le sport placé avant les morts. Les spécialités régionales devant les dictatures post-coloniales. Les petits voyous locaux devant les conflits internationaux. La jet-set devant la disette. J'en passe.
Là où cela devient encore plus grave, c'est l'hypothèse où le public, qui choisit désormais la priorité de l'information, choisirait également sa substance.

Et l'hypothèse où, si ce système est généralisé, il sera très difficile de revenir en arrière, comme pour les études de marché, comme pour l'audimat, comme pour les sondages. L'opinion a déjà pris le pas sur l'expertise dans l'économie, le monde de l'entreprise, la télévision, la politique, la culture (cinéma, musique, artistes).
Qu'elle prenne le pas sur l'information...
Je trouve cela dangereux.

Dernière modification par Aliosha (16-10-2009 06:40:09)

MMoi · 16-10-2009 08:23:57

Oui, il s'agit donc d'un systeme deja existant, mais qui se sophistique avec les technologie... du progres, en somme (mot qui n'a pas forcement qu'une connotation positive, ndmmoi).

Avant, le lecteur agissait sur l'information en choisissant son journal favori (voir un journal specialise), chiffre se repercutant sur les ventes et qui permettra la naissance de magazine specialises people par exemple.

Ensuite, les population tests de la tele fournissaient l'audimat qui regissait la programmation des chaines ainsi que les pubs puis l'efficacite des pubs en elles-meme.

Enfin, on en arrive avec internet a du marketing personnalise et tres sophistique, et de la meme facon l'information se plie en 4 pour repondre aux attentes du roi-consommateur.

Bref, on ne fait que faire evoluer un concept qui existait deja depuis bien longtemps, et un journaliste d'il y a 20 ans aurait surement trouve le monde de l'info actuel aussi "extraordinaire" de possibilite que "dangereux" dans ses usages.

ps: mais merci pour la precision, je ne savais pas que ca fonctionnait comme ca.

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